Englué il y a quelques jours dans un revers judiciaire subi devant la juridiction commerciale de Dakar (Sénégal), suite à un contentieux qui l’oppose à la banque publique d’investissement sénégalaise BNDE et la pilule amère restée sous la gorge du rachat avorté de la filiale sénégalaise de la major BNP Paribas, l’homme d’affaires et banquier burkinabè Simon Tiemtoré abat ses dernières cartes pour l’opération d’acquisition ORAGROUP, institution bancaire présente dans 12 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. En dépit de la bouffée d’oxygène de la Banque ouest-africaine de Développement (BOAD) via un prêt estimé à 25 milliards FCFA (soit l’équivalent de 41,2 millions $), Vista Bank tiendra difficilement sur ses béquilles à faire passer sous son pavillon Oragroup, happé par un portefeuille financier consolidé fragile sur fond de comptes maquillés dans certaines de ses filiales. Confidentiel Afrique revient en exclusivité sur les dessous d’une opération d’acquisition, à la sauvette, mais qui risque de foirer.
Que peut bien cacher le bol d’air financier de la Boad d’un montant de 25 milliards FCFA (41 millions d’euros) en faveur de Vista holding, annoncé en grandes pompes lors de la 134e session ordinaire du conseil d’Administration de la BOAD tenue le 27 mars dernier à Lomé ? Selon des informations de Confidentiel Afrique, la Boad est entrée dans le jeu « in extremis », suite à un intense lobbying, pour « mousser » l’opération de sauvetage « maquillée en pointillés ». Dans les milieux financiers, on prête une proximité entre le Président de la Boad, Serge Ekue, lequel cherche à rempiler à la tête de l’institution communautaire et l’homme d’affaires burkinabè Simon Tiemtoré. En difficulté, Vista holding se cherche une santé financière pour se relancer sur le marché financier, où sa réputation est égratignée, pour raisons de « fumeux » montages financiers, passés sur des marchés il ya quelques années. Selon des sources autorisées parvenues à Confidentiel Afrique, avant cette petite bouffée d’oxygène de la Boad, Vista empruntait encore sur le marché pour réaliser l’opération. Des sources crédibles soufflent que l’action d’Oragroup ne fait que chuter quotidiennement. Des bulles de déprime qui cachent un malin plaisir la dilution de ses placements. De 4100 Fcfa l’action, elle oscille il ya quelques jours à 2600 francs ou en dessous. Dans les milieux financiers de la région, on évoque avec insistance la non robustesse du portefeuille de Vista Holding, qui pousse ses dirigeants à se lancer vers une « surévaluation périlleuse » de son portefeuille. Nos sources soufflent que Vista se dirigerait vers une faillite de ses affaires. Cette bataille à grosses cordes, à laquelle se livre l’homme d’affaires burkinabè Simon Tiemtoré semble bien être la Der, pour sauver les meubles. Alors que les risques d’une faillite se précisaient, Vista Holding s’est empressé à engager cette opération d’acquisition de ORAGROUP. Au forceps.
Portefeuille pourri et opération de sauvetage au forceps
Si au départ l’opération d’acquisition qui avait avorté avec la CGRAE Côte d’Ivoire frôlait la bagatelle de 100 milliards FCFA et quelques millions, celle que veut réaliser Vista Holding serait bien en deçà. Au fil des investigations de Confidentiel Afrique, on découvre les plans financiers aussi « fumeux » mis en orbite par les dirigeants Camerounais qui veulent se débarrasser du groupe bancaire, parce qu’ils n’ont aucune capacité financière pour injecter des fonds. Mieux, le portefeuille du groupe bancaire s’est dégradé sur fond de comptes dit-on « maquillés » avec des filiales presque à l’agonie et aux résultats ne reflètant pas la réalité. D’un côté, le vendeur- cédant Oragroup cache un portefeuille « pourri » à moitié, tandis que l’acheteur Vista Holding mal en point est criblé de cafards dans ses placards. Cette opération d’acquisition aux allures d’une opération de sauvetage in extremis explique ces derniers mois les longues et laborieuses tractations entre les deux parties. Des informations de Confidentiel Afrique soutiennent que d’anciens membres du groupe Orabank ont migré vers Vista pour y travailler. Avant d’entamer cette opération de rachat.
Le processus de la vente du groupe Orabank par Vista Bank était déjà dans les circuits au niveau du régulateur BCEAO, surtout après la transaction avortée de la bande à Charles Kié. Le dossier Orabank Tchad reste la grosse épine dans les pieds du nouveau repreneur du groupe. La « sulfureuse » affaire de détournement de 120 milliards FCFA de connivence avec la Société des Hydrocarbures du Tchad, qui avait éclaboussé l’ancien DG Orabank Tchad, Mamadou BASS, mis aux arrêts, puis relaxé, est toujours pesante dans la consolidation du portefeuille du groupe bancaire. Malgré son licenciement, Mamadou BASS est resté dans les bonnes grâces de son mentor Ferdinand NGON. Veut-on camoufler
le long chapelet des « dossiers pourris » et contentieux au niveau de la filiale du Tchad? Même si le jeune entrepreneur financier d’origine burkinabè a racheté les filiales subsahariennes (Burkina et Guinée) de BNP Paribas via son fonds d’investissement Lilium, aura-t-il les ressources nécessaires additionnelles pour réaliser l’acquisition du groupe bancaire Orabank? Car, son fonds d’investissement Lilium demeure un long fleuve agité, qui réserve des surprises spectaculaires sur le marché régional subsaharien.
Maderpost / Confidentiel Afrique