Il est des histoires d’amour qu’on ne voit qu’au cinéma tant l’affect éprouvé par la vie de tous les jours laisse penser l’impossible quand bien même l’idéal en ferait rêver. Il a fallu justement le cauchemardesque covid-19 pour que les sentiments s’expriment sans fard et chichi entre Youssou Ndour et les Sénégalais, d’ici et d’ailleurs.
CORONAVIRUS – Pendant une semaine, sans arrêt et sans répit, le roi du mbalax, sur sa chaîne de télévision TFM et ses pages virtuelles, a conversé avec les siens, à bâtons rompus, chantant et discutant, au grand bonheur de ses fans, particulièrement des expatriés soumis aux rigueurs et lourdeurs du confinement imposé par leurs pays d’accueil en ce terrible temps du mortel covid-19.
Certains pour ne pas dire peu ont ramé à contre-courant, exprimant leur mécontentement, sans surprendre, l’unanimité étant impossible en ce monde, même autour de son Créateur. Ainsi va la vie, ainsi va Youssou Ndour dans le cœur de la grande majorité des Sénégalais.
Si ce n’est là l’expression d’un amour profond révélé à tous ou quasiment en cette crise jamais connue dans le monde, ce n’est rien connaître au cœur des hommes.
Explosés tous les jours par des records de followers accros, les réseaux sociaux ont plié sous les notes du roi et de son groupe le Super Etoile, mercredi 22 avril, le dernier soir de Fiitey pour la dernière prestation on line de l’émission donnée par le lead en son domicile.
« Mon téléphone n’a jamais autant sonné et autant reçu de sms que ces dernières 24 heures », confie-t-il à Maderpost. « Du jamais vu. »
Emu, bouleversé par le torrent d’affection exprimé par des compatriotes de tous bords, de toutes confessions.
Si tous ont « remercié » le roi du mbalax pour les avoir accompagnés en « ces moments difficiles de couvre-feu au Sénégal » et de « confinement à l’étranger » avec un « programme aussi inédit qu’inattendu », autant ont été « surpris » par la « simplicité » du roi du mbalax. « Il est très humain », « intéressant », « agréable » écrivent beaucoup.
Tombés sous le charme, tous ou presque, prennent rendez-vous tous les soirs aussi bien » devant la télé » que sur les « portables » pour « échanger » avec leur idole. La course aux textos. « C’est inespéré d’échanger avec lui, on peut même demander une dédicace ». Certains iront jusqu’à appeler en direct malgré les supplique de la star. « N’appelez pas, je ne peux pas décrocher, envoyez plutôt des sms ». Ils n’en feront rien, l’occasion est trop belle. Les barrières sociales du covid-19 ont fait une barrière, si tant elle existait entre le chanteur et les Sénégalais.
« On avait l’habitude de voir un professionnel monter sur scène, chanter ses morceaux et céder ensuite la place à Mbaye Dièye Faye pour qu’il assure la fin du spectacle, le temps de quitter le spectacle et prendre sa voiture. Les Sénégalais découvrent un autre Youssou Ndour. Ils voient un homme simple qui leur parle de choses de la vie, qui leur raconte l’histoire de ses chansons, qui les conseille. Qui parle de développement personnel avec notamment ses clés de succès la vision, la passion et l’action, de politique, de santé et surtout du covid-19. Avec Fiitey, Youssou Ndour a parlé à chaque Sénégalais, d’ici comme de la diaspora. Il s’est davantage rapproché d’eux et ce n’est pas pour leur déplaire au contraire. Ils ont aimé ça et ont davantage aimé Youssou Ndour », analyse Daouda Mine, journaliste au Groupe Futurs Médias.
Des hommes politiques, de la majorité présidentielle comme de l’opposition ont « salué » l’émission Fiitey. Selon eux, Youssou Ndour a joué sa participation et ce depuis le début de la pandémie.
« Il est le premier Sénégalais à avoir emboîté le pas au Khalif général des mourides en offrant des produits sanitaires au ministère de la Santé et de l’Action sociale. Il a mis son groupe à la disposition de la lutte contre le covid-19, il a apporté sa touche personnelle et cela a eu un important psychologique important sur les masses populaires. Il fallait y penser, il l’a fait, on doit l’en remercier d’autant que la qualité était au rendez-vous tous les soirs », dira le ministre de la Santé à quelques minutes du tournage pour les besoins de l’émission dont il est le dernier invité.
Lancé le jeudi 16 avril, bouclé mercredi 22 avril avril, « Fiitey » a montré, d’un côté, un Youssou Ndour « comme on l’a jamais vu », tantôt « inquiet pour les siens », tantôt « optimiste et paternaliste », toujours « intégrateur et fédérateur », et de l’autre côté des Sénégalais « heureux d’avoir Youssou Ndour », « reconnaissants pour l’accompagnement en ces temps difficiles », « fiers et plus attachés que jamais à leur Youssou Ndour ».
On ne jouera pas aux apprentis sorciers, mais il y a matière à psychologie.
Maderpost
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