L’ancien latéral des Lions, Ferdinand Coly et le président du Conseil départemental de Mbour, par ailleurs directeur de la société des Infrastructures de Réparation Navale (Sirn), Saliou Samb, ont soldé leur différend, hier, au tribunal correctionnel de Mbour.
PROCES – Poursuivi par son ex-associé en affaires pour abus de biens sociaux et pour banqueroute frauduleuse, le président du Conseil départemental n’a pas reconnu les faits devant le juge Dieye.
Les débats d’audience ont permis d’éclairer le public sur le déroulé des faits.
En effet, le 30 mars 2011, Saliou Samb directeur de Sangomar fishing, a créé une autre société du nom de Blue Trade Company. Dans cette affaire d’exploitation et d’exportation des produits halieutiques, il embarque deux joueurs internationaux : Mamadou Niang et Ferdinand Coly.
Ce dernier perdra son immeuble d’une valeur de 1 milliard 200 dans cette affaire. Il avait donné en garantie son bien immobilier pour un prêt de 400 millions de francs CFA. L’immeuble a été, finalement, saisi et mis en vente par Ecobank, la banque partenaire.
Pour sa part, Mamadou Niang avait acheté des parts à hauteur de 500.000 euros. A la barre, Saliou Samb a soutenu que l’argent lui appartenait vu qu’il avait vendu des parts à Mamadou Niang.
Saliou Samb a clamé son innocence, jurant qu’il s’agissait d’un business qui a mal tourné, comme on en voit souvent. Concernant Ferdinand Coly, il explique que le joueur n’a pas acheté de parts. Il révèle que c’est lui-même qui avait offert des parts au joueur avec les légendaires dreadlocks, car ce dernier n’avait plus rien pour acheter quoi que ce soit.
À la lueur des débats, une vente de 50 tonnes de poissons en Côte d’Ivoire aurait fait couler le business. Les produits ont été saisis pour cause de décomposition. En effet, l’un des frigos était tombé en panne, ce qui leur avait fait perdre plus de 126 millions.
Obstruction à la mission de l’expert-comptable
Dans ce business les parts devaient être ainsi partagés : Saliou Samb 34%, Ferdinand Coly 30%, et Mamadou Niang 31%.
Quand il y a eu faillite, le juge avait désigné un expert-comptable pour faire une enquête. Ce dernier avait pour mission de fouiller la gestion de Saliou Samb. Lors des débats d’audience, il a été relevé que Saliou Samb s’était catégoriquement opposé à la mission de l’expert-comptable qui s’en est même plaint auprès du juge.
Les différentes visites effectuées à Blue Trade ont été un véritable fiasco. Car, il refusait de mettre à la disposition de l’expert les documents nécessaires.
“Le juge n’a pas dit que je devais remettre les documents de Sangomar. Je n’ai pas fait d’obstruction, j’ai juste remis les documents de Blue Trade”, s’est justifié le prévenu devant le Tribunal correctionnel.
“L’expert avait reçu tous les documents dont il avait besoin et il n’avait rien trouvé de ce qu’il était venu chercher”, a insisté Saliou Samb, acculé par les questions du Juge et des avocats de la partie civile.
Cogestion qui a mal fini
“On me reproche à moi toutes les fautes alors que c’est une cogestion qui mal fini, a-t-il ajouté. J’ai d’autres activités. Quand je n’étais pas là, il (Ferdinand Coly) était là-bas pour gérer. On était toujours ensemble. J’avais beaucoup d’affection pour Ferdinand”. Le prévenu, qui a fini par fondre en larmes dans la salle d’audience, a assuré, néanmoins qu’il est actuellement en train de rembourser les fournisseurs.
À la question du juge de savoir pourquoi il avait déclaré lors de l’instruction qu’il se sentait moralement responsable de ce qui s’est passé, le prévenu a nié avoir tenu de tels propos.
Les avocats de la partie civile accablent le prévenu
Lors de sa plaidoirie Me El Hadji Diouf, avocat de Ferdinand Coly, a qualifié l’acte de Saliou Samb de “criminel”. ” Mon client a mis son immeuble en gage à la banque parce qu’il avait confiance en vous”, a-t-il déclaré d’emblée.
“Mbour est trahi par son fils, a-t-il martelé. Né dans le poisson, travaillant dans le poisson, il a escroqué de grands footballeurs. Son acte est criminel. Il pleure pour endormir le tribunal. Il n’a pas essayé de rembourser Ferdinand, il le veut pauvre et dans la galère. Au lieu de payer Ferdinand qui se trouve au Sénégal, il rembourse des étrangers. Il voulait la mort de Ferdinand. Si Ferdinand n’avait pas un cœur en roc, il allait mourir d’une crise cardiaque à cause du choc subi”
Son confrère Me Antoine Mbengue de renchérir, en demandant à M. Samb : “comment autant d’argent a pu disparaître en si peu de temps”.
Face à ce qu’ils considèrent comme “la plus grande et la plus grave escroquerie de la Petite Côte”, les avocats de l’ex joueur de Lens ont réclamé la rondelette somme de 2 milliards de FCFA en guise de dommages et intérêts.
Le Parquet, de son côté plutôt réservé, a demandé dans cette affaire l’application de la Loi.
La défense plaide la relaxe
Les avocats de la défense, quant à eux, ont plaidé la relaxe pure et simple. “La réalité dans ce dossier est qu’on a voulu peindre un monstre (Saliou Samb) alors que c’est tout le contraire. Les dommages réclamés sont ridicules et insensés. Dans le dossier on n’a pas de preuves”, a affirmé, Me Ndione, l’un des avocats de Saliou Samb.
“On a terni son image devant votre juridiction, a pour sa part souligné Me Kane, autre avocat du prévenu. On a fait un déballage. Mais il n’y a pas de qualification juridique pour situer la responsabilité des uns et des autres. Ferdinand et ses avocats parlent comme s’ils ne sont pas associés dans cette société. Coly parle comme un esseulé, qui n’est pas membre de Blue Trade. Dans cette affaire j’ai cherché en vain les preuves qui prouvent que Saliou Samb a porté préjudice à M. Coly”.
Les juges ont mis l’affaire en délibéré jusqu’au 3 avril 2023.
Maderpost / Seneweb