Un peu partout dans le monde, les chaines de télévision gouvernementales ont adopté des perspectives plus ou moins variées pour couvrir la présidentielle américaine ou proposer à leurs téléspectateurs des débats en fonction des intérêts et des orientations de leur pays, RTS n’a pas dérogé à la dynamique, assurant une soirée électorale le 5 novembre et montrant aussi que le Sénégal n‘est pas indifférent à ce qui se passe chez l’oncle Sam dont les exportations vers Dakar ont cumulé à 281 millions de dollars et le commerce bilatéral entre lui et le Sénégal ont été chiffrés à 382 millions de dollars en 2020.
MEDIA – Comme de nombreuses chaines de télévision gouvernementales qui ont câblé leur fréquence sur Washington pour savoir qui du républicain Donald Trump ou de la démocrate Kamala Harris remporterait la présidentielle américain, RTS s’est branchée, indiquant l’intérêt du Sénégal qui accueille, du reste jusqu’au 8 novembre 2024, la secrétaire d’État adjointe aux affaires africaines, Molly Phee, pour, d’une part, participer à « l’un des plus grands festivals artistiques d’Afrique la Biennale de Dakar » selon les Américains, et d’autre part, « présenter des entreprises américaines au Sénégal ».
Reste à voir quelle suite donnera Trump à cette visite américaine à Dakar après son retour aux affaires, surtout que Mme Phee a proposé au cours d’une rencontre, mardi 5 novembre, au directeur général de l’APIX, Bakary Séga Bathily, la mise en place d’une commission mixte entre les deux pays.
L’intérêt grandissant des Américains pour le Sénégal – commercial, géopolitique, géostratégique – s’entend d’autant que les Russes ont mis leur pied à terre au Sahel, notamment l’AES, dont le Mali avec qui Dakar développe un volume important de ses exportations du fait qu’elle est le port de Bamako, .
Relations entre les Etats-Unis et le Sénégal
RTS ne pouvait manquait l’occasion parce qu’aussi, les deux pays entretiennent des relations diplomatiques depuis 1960 et mettent en relief un « engagement bilatéral solide ».
Pour Washington le Sénégal est un « partenaire régional en matière économique et de sécurité sur lequel les Etats-Unis peuvent compter ». Et le partenariat entre les deux pays repose sur leurs « idéaux communs de démocratie, de tolérance religieuse et sociale, de bonne gouvernance et de prospérité économique ». Des termes vieux comme le début de la relation diplomatique collant bien avec le slogan des nouvelles autorités sénégalaises.
Par ailleurs, l’aide étrangère des États-Unis « au peuple sénégalais en 2020 à l’appui de nos objectifs communs se montait à plus de 155 millions de dollars ».
Qu’en sera-t-il avec Trump, quand on sait qu’en 2020, les exportations américaines vers le Sénégal se chiffraient à 281 millions de dollars et le commerce bilatéral entre les États-Unis et le Sénégal à 382 millions de dollars.
A rappeler toute de même que c’est sous le même Donald Trump que le Sénégal a signé un deuxième compact avec la Millennium Challenge Corporation (MCC) en 2018, entré en vigueur le 9 septembre avec un programme quinquennal de 550 millions de dollars et une contribution supplémentaire de 50 millions de dollars du gouvernement sénégalais.
Ceci pour soutenir et renforcer les investissements américains dans le secteur électrique du Sénégal au moyen de la modernisation du réseau de transport à haute tension et d’une assistance technique aux intervenants chargés de la gestion du secteur électrique du Sénégal.
On peut évoquer les aspects sur la paix et la sécurité, la démocratie et la gouvernance, les liens entre les peuples, etc.
Russie (RT)
La chaine russe RT a fait le grand écart en offrant d’une par une couverture favorable à l’élection de Donald Trump en 2016, voire enthousiaste, indiquant par l’exercice l’intérêt certain de Poutine pour Trump. Un secret de polichinelle. On n’est certes plus à l’époque de la guerre froide, mais le nouvel ordre économique, financier, voire militaire pour lequel militent la Russie et les BRICS (+) ont dicté la ligne éditoriale qui a naturellement insisté sur sa critique des institutions américaines et le rejet du système politique traditionnel aux Etats-Unis.
La chaine russe a souligné le caractère anti-système de Trump et a souvent mis en avant ses critiques envers l’OTAN et l’Union européenne, qui sont des points de désaccord entre Moscou et Washington. Rien de nouveau sous cet angle, au grand plaisir de Poutine à qui des Américains reprochent une ingérence dans leurs affaires domestiques.
Et d’autre part, Moscou qui ne veut pas voir des fans de l’oncle Sam grossir en Russie a mis en évidence des aspects controverses de son mandat, afin d’alimenter la méfiance envers les Etats-Unis. RT ne pouvait s’en empêcher.
Chine (CCTC)
La chaine d’Etat chinoise a, contrairement à son homologue russe, adopté une approche plus mesurée, insistant sur l’imprévisibilité de Trump et les changements potentiels de la politique étrangère. C’est toute la méfiance chinoise qui s’est exprimée à propos de la présidentielle américaine. Cependant l’élection de Trump a été vue comme une occasion de repositionner les relations sino-américaines, notamment sur le plan commercial qui constitue un gros problème entre Pékin et Washington mais également avec l’Union européenne qui tremble à l’idée du développement supersonique de Pékin.
Tout comme RT, CCTV a mis en relief les divisions de la société américaine que la campagne de Trump semblait exacerber. Comme Moscou, pour Pékin il était important que la chaine gouvernementale ait un angle utile pour le gouvernement chinois qui met en avant la stabilité du parti unique en Chine sans oublier le sujet tabou : Taiwan.
Iran (Press Tv)
A Téhéran, Press TV a couvert l’élection de Trump avec une critique prononcée, en insistant sur le racisme et les divisions sociales aux Etats-Unis. Les échos venant de Téhéran indiquent que les médias iraniens ont utilisé l’élection pour souligner les failles du système américain et les tensions croissantes à l’intérieur du pays. Par ailleurs, Press Tv perçoit Trump comme une figure « potentiellement dangereuse pour les relations internationales », en particulier avec des « positions agressives envers l’Iran, comme l’abandon de l’accord nucléaire ».
France (France 24)
Plus mesurée, la chaine française qui n’est pas contrôlée directement par le gouvernement a proposé une ligne éditoriale suivant parfois les positions diplomatiques de la France. Elle a couvert l’élection de Trump de manière plus neutre et invitant, a l’instar de RTS, des experts pour analyser l’impact de son élection sur l’Europe et le reste du monde, non sans manquer de brosser une certaine inquiétude sur les conséquences de ses positions isolationnistes et de son scepticisme envers les alliances traditionnelles comme l’OTAN.
Maderpost