Invité du Jury du dimanche sur Iradio (90.3), Mael Thiam, l’administrateur de l’Alliance pour la république (APR), 1er vice-président du HCCT est resté dans le flou sur la question du troisième mandat agité par son camp fin 2019, opacifié par le Président Macky Sall lui même vainqueur de la présidentielle dans la même année lui conférant le droit à un … mandat 5 ans.
POLITIQUE – Le Président Macky Sall serait-il en train de tester la patience des Sénégalais, voire leur seuil de tolérance sur cette question jugée pour le moment prématurée par bon nombre d’observateurs ?
Formellement et le plus naturellement du monde, Mael Thiam donne le ton sur les ambitions de son parti qui ne seraient pas de lâcher le pouvoir en 2024 au profit d’une autre formation politique. Ce qui est compréhensible. La finalité d’un parti ou mouvement politique étant d’aller à la conquête du pouvoir politique et à sa conservation une fois conquis. De ce point de vue, on ne peut être que d’accord avec l’administrateur de l’APR quand il affirme : «Nos ambitions sont très loin de s’arrêter en 2024. Nous sommes un parti politique qui a l’ambition de garder très longtemps le pouvoir. Le moment venu, de la même manière que nous avions bâti un projet avec à la tête le président de la République Macky Sall, en 2012, un autre projet sera bâti derrière un leader en 2024».
Mais un problème se pose quand le même Mael Thiam ajoute, certainement avec malice pour qui connaît le redoutable orateur et spécialiste de la communication : «Le président Macky Sall a répondu à cette question du troisième mandat en disant qu’il ne dit ni oui ni non en ce qui concerne sa candidature en 2024. La déclaration de candidature est personnelle. Seul celui qui veut se déclarer candidat peut le dire ou pas. Attendons le moment venu.” Un double langage, pourrait-on dire, qui laisserait la question entière, la figeant dans le temps, à l’appréciation du Président Macky Sall qui en déterminerait l’opportunité ou non d’y mettre un terme, d’en finir.
A Maderpost, on penserait inversement, disant qu’il ne s’agirait pas pour le Président d’en déterminer l’opportunité ou non, d’en débattre ou d’y mettre un terme et d’en finir, mais plutôt à l’opinion nationale et donc aux Sénégalais de le faire.
Quoi qu’il en soit, à moins que le Président Macky Sall ou les Sénégalais décident d’y mettre un terme tout de suite, la question reste suspendue aux prochaines élections législatives et locales qui constitueront une sorte de boussole et un thermomètre politique et social. Il n’y aura pas meilleur baromètre que les résultats transparents et véridiques de ces joutes électorales qui donneront la température sociale du Sénégal jusqu’en 2024. Nous serons dans un Sénégal accommodant, tranquille, patient ou alors un pays en feu, dans la perspective et la prospective post 2024. Rendez-vous ou non de la tentative d’un troisième mandat du Président Macky Sall ou de la première élection présidentielle de l’histoire du pays à laquelle ne participera pas un président sortant.
Vers quelle issue va-ton pour Macky Sall dont le parti a agité, quelques mois seulement après sa réélection en février 2019, l’idée et la “normalité” d’un troisième mandat qui serait conforme à l’esprit et à la lettre de l’article 27 de la Constitution revisitée et validée par les Sénégalais à l’occasion du référendum du 20 mars 2016.
Ledit article 27 soutenant ceci : “Article premier de la loi constitutionnelle n° 2016-10 du 05 avril 2016 portant révision de la Constitution (JORS, numéro spécial 6926 du 07 avril 2016, p. 505), article modifiant et remplaçant l’article 27.
«La durée du mandat du Président de la République est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs».
Les spécialistes du droit et en particulier les constitutionnalistes sénégalais qui ne se sont jamais entendus sur cette question posée en 2012 et, depuis quelque peu, par le camp présidentiel, auront du grain à moudre et la presse, avide de choux gras, s’en donnera à cœur joie.
Les questions de Maderpost sont de savoir si le Président Macky Sall et son conseiller juridique se sont joués des Sénégalais en leur vendant un troisième mandat qu’ils ont acheté en disant OUI au référendum en mars 2016 ?
Et est-ce de la même manière que le droit “a été dit” par le Conseil constitutionnel pour maintenir son mandat à 7 ans pour lequel il a été élu par les Sénégalais, par rapport sa promesse de réduire de son mandat de 7 à 5 ans en cas de victoire en 2012, Macky Sall a fait en sorte que ce même droit lui accorde un troisième mandat de suite dont un second et dernier issu de la présidentielle de 2024, conforme à la lettre et à l’esprit du nouvel article de la Constitution disant «La durée du mandat du Président de la République est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs» ?
Au regard de la défenestration de certains cadres de son parti qui ont eu le tort de parler de son second et dernier mandat après 2019, de ceux qui théorisent ou évitent la question du troisième mandat, de l’opacité qu’apporte le Président Macky Sall sur la question et la sortie ce dimanche de l’administrateur de son parti, on ne peut que constater que la question reste suspendue … pour tout le monde et c’est peut-être mieux ainsi.
Les Sénégalais à qui on n’impose rien et Macky Sall qui a tout le temps pour voir venir, ont encore du temps pour se tester avant de décider de la suite à donner.
Maderpost / Charles FAYE