80 candidats à la candidature de la présidentielle de février 2024. “Dis-moi, Papa, pourquoi tout le monde veut devenir candidat pour succéder à Macky Sall ?” Cette question tendrement enfantine, posée par un fils à son père, a donné naissance à un récit qui revêt l’allure d’une fable politique, presque vaudevillesque. L’éminent et réputé expert en communication politique, Dr Cheikh Omar DIALLO pose son regard sur ce ” bazar électoral hallucinant” que publie Confidentiel Afrique en exclusivité et qui aussi cristallise passions, intrigues et fétiches envoûtés.
TRIBUNE – Bienvenue à Baobabville, cette terre où chaque citoyen nourrissait le rêve insatiable de guider la nation, après les illustres Senghor, Diouf, Wade et Macky. Une ambition débordante, un désir grandiloquent de prendre en main le destin de 18 millions d’âmes.
Foire d’empoignes à mille inconnues
L’année 2024 se profilait à l’horizon, une année cruciale alors que la nation tout entière se préparait pour l’élection présidentielle du 25 février. Cependant, Baobabville se distinguait par une curiosité démocratique : une explosion de prétendants à la présidence, pas moins de 80 pour être précis, parmi lesquels 6 anciens Premiers ministres et 20 ministres.
Dans un pays où plus de 320 partis politiques foisonnaient pour seulement 7 millions d’électeurs, l’expression « candidatures fantaisistes » semblait être sur toutes les lèvres. L’ambition était dévorante, mais les prétendants étaient-ils vraiment conscients de la gravité de la responsabilité qui les attendait ? Comment organiser un scrutin au milieu de cette multitude de candidats ?
Toutefois, Baobabville n’était pas un pays ordinaire, il était habité par des sages visionnaires. Ces stratèges avaient anticipé cette frénésie des candidatures et mis en place un système de parrainage astucieux pour distinguer les candidats de valeur. Chaque aspirant devait collecter un nombre significatif de parrainages issus du peuple, soit en gros 45 000 signatures citoyennes ou 13 signatures de parlementaires ou encore 120 parrainages de maires. Une règle simple était établie : chaque électeur ne pouvait parrainer qu’un seul candidat, une seule fois. Ainsi, seuls les candidats bénéficiant d’un soutien populaire solide et enraciné dans la communauté auraient la chance de briguer la présidence.
La compétition pour obtenir ces parrainages, qui débute le 27 septembre 2023, sera d’une intensité rare. Les candidats vont labourer les villes et villages, pour tenter de conquérir les voix de ceux qui détienent le pouvoir de les parrainer. En plus d’une exigence financière : chaque candidat retenu doit déposer une caution de 30 millions de francs CFA, une démarche visant à garantir la responsabilité financière des prétendants.
Profils divers, offres programmatiques sérieuses
Finalement, Baobabville a réussi à surmonter le défi des 80 candidats à la candidature. Le conseil des sages a minutieusement sélectionné huit candidats pour l’élection présidentielle à venir. Les électeurs se préparent à voter en toute conscience, au premier et au second tour, dans le but de choisir un leader capable de guider le pays vers un avenir meilleur.
Cette histoire nous rappelle avec force l’importance de la démocratie, la responsabilité politique et la nécessité de choisir de vrais leaders qui serviront avec dignité, solennité et responsabilité la communauté. Baobabville a montré la voie en établissant des barrières intelligentes pour garantir que seuls les candidats les plus sérieux puissent se présenter à la présidentielle de 2024.
P.S. En 2016, nous avons présenté au Président Macky Sall une étude approfondie sur le système de parrainage, en vue de l’élection présidentielle de 2019. Aujourd’hui, huit ans plus tard, à cinq mois de l’élection présidentielle de 2024, notre position initiale est renforcée, et Baobabville, qui évoque le vaudeville, en est la preuve vivante.
Dr. Cheikh Omar Diallo
Docteur en Sciences Juridiques et Politiques
Expert en Communication Politique
Maderpost