La bataille fait rage dans les couloirs des palais de Nouakchott, Yaoundé et Lusaka pour le contrôle de la présidence de la Banque africaine de développement (BAD) dont l’élection devra se tenir mi- mai 2025 à Abidjan (capitale ivoirienne) pour succéder au colosse nigérian Adesina Akinwumi en poste depuis 2015. Le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani est sur le point de sacrifier la candidature de l’ancien ministre des Finances, Ousmane KANE, tenant bien les cartes en main au profit de l’inattendu Sidi Ould TAH, actuel patron de la banque BADEA basée à Khartoum (Soudan) qui profite de l’influence et du réseautage discret d’Alassane OUATTARA qui a soufflé sa candidature à l’homme fort de Nouakchott. Coulisses d’un tournant spectaculaire sur fond de lobbying feutré à plusieurs inconnues que vit le palais de Nouakchott.
BAD – C’est un jeu risqué auquel le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani se livre dans le choix définitif de la candidature du pays au poste de futur patron de la Banque africaine de développement. Le nigérian Adesina Akinwumi devra céder son fauteuil mi- mai 2025, après deux mandats de cinq ans.
Confidentiel Afrique après plusieurs recoupements auprès d’officines autorisées du palais de Nouakchott peut confirmer nos confrères de Africa Intelligence dans sa parution online de ce jeudi 12 décembre 2024 sur le choix que compte porter le Président GHAZOUANI sur la candidature du patron de la BADEA (Banque Arabe pour le Développement Économique en Afrique) basée au Soudan, Monsieur Sidi Ould TAH, au détriment de celle de l’ex-ministre mauritanien de l’Économie et des Finances Ousmane KANE, au pedigree blindé. Selon des informations exclusives obtenues par Confidentiel Afrique, le président GHAZOUANI n’a pas voulu procéder à un arbitrage entre les deux candidatures. Selon certaines indiscrétions parvenues à Confidentiel Afrique depuis Nouakchott, ce choix serait plus guidé par l’émotion que la raison. Ousmane KANE comptait parmi les favoris, non seulement à cause de son exceptionnel parcours professionnel mais aussi par le soutien de plusieurs pays et non des moindres à se présenter. Selon des informations de Confidentiel Afrique, il avait été approché par plusieurs personnalités du continent africain, afin de se porter candidat à la présidence de la BAD. Sa candidature bénéficie souffle- t-on d’un large soutien au sein de plusieurs pays membres africains et non africains, des organisations de la société civile et des milieux d’affaires. Des personnalités influentes du secteur financier et des gouvernements africains ont exprimé leur confiance en son leadership et sa capacité à naviguer dans les complexités économiques de notre époque. Des pays comme le Japon, l’Allemagne sont très favorables à sa candidature. Toutefois, le message avait été porté au Président GHAZOUANI mais, visiblement, ce dernier est resté insensible voire sourd aux arguments de soutien à sa candidature. Pourquoi ce changement de cheval qui donne des bulles déprimantes aux câbles diplomatiques? Que cherche- t-on?
Qui activent les réseaux de Sidi ould Tah ?
Les réseaux de Sidi Ould TAH sont activés en première ligne par son cousin Hmeyda, intendant au palais de Nouakchott et proche du président GHAZOUANI, glisse une source autorisée à Confidentiel Afrique. Il a manœuvré en coulisses, sans répit, pour imposer la candidature de Sidi Ould TAH.
Ousmane KANE, ancien ministre de l’Économie et des Finances de Mauritanie
Sidi Ould TAH, actuel Directeur Général de la BADEA
Il fait partie du premier cercle des ultra-souteneurs de sa candidature qui chuchote dans les oreilles de Mohamed Cheikh El GHAZOUANI. Le pays prend le risque de ne pas avoir le très convoité et stratégique poste de président de la BAD. Mais aussi de perdre celui de Directeur Général de la BADEA, car Sidi devra démissionner de son poste, alors qu’il a obtenu un nouveau mandat de 5 ans en mai dernier, après avoir modifié, à sa guise la gouvernance de la mandature de l’institution, en accord avec le Conseil d’administration. Ce changement intervenu dans le mode de gouvernance ouvre une sorte de mandarinat élastique voire illimité. Que peut donc bien faire courir le haut fonctionnaire mauritanien Sidi Ould TAH pour succéder à Adesina Akinwumi ? Le bon sens voudrait que ces deux strapontins soient dirigés respectivement par ces économistes de renom, en ayant comme dividende diplomatique 2 cadres Mauritaniens à la tête de 2 institutions stratégiques. Au centre du jeu à double face hautement préjudiciable, le Président ivoirien Alassane OUATTARA, qui s’est érigé en parrain « inamovible » pour pousser la candidature de Sidi Ould TAH.
Selon nos informations, ce dernier aura multiplié les allers-retours ces derniers mois dans la capitale ivoirienne pour lubrifier la discrète machine diplomatique. Dans les milieux avisés, on ne comprend pas les raisons de soutenir un patron d’une institution de l’envergure de la BADEA, qui s’est fait réélire, pour un troisième mandant de 5 ans à la tête de la BADEA, au mois de mai dernier. Pour briguer la Présidence de la BAD, il devra démissionner de son poste de Directeur Général de la BADEA, pour faire campagne. A quels dessins GHAZOUANI s’est décidé de lâcher le cheval Ousmane KANE qu’il tenait entre ses mains au profit de celui qui fait son entrée avec un retard à l’allumage ? Comment expliquer que le pays ne favorise pas plutôt le fait d’avoir deux mauritaniens à la tête de 2 Institutions de développement (BAD et BADEA) ? Pourquoi empêcher ou refuser de voir accéder à un poste aussi prestigieux que celui de Président de la BAD un ancien argentier de l’État mauritanien dont le parcours force respect et admiration ? Seul l’homme fort de Nouakchott le sait.
Dans tous les cas, la candidature de Sidi Ould TAH, sortie des tiroirs du palais de Nouakchott après avoir transité sur la lagune Ébrié favorise celle du Sénégalais, le brillant et ancien ministre de l’Économie et du Plan, Amadou HOTT qui semble- au gré des rapports de force- la plus crédible dans le bloc des francophones. Ce banquier émérite jouit du soutien manifeste du gouvernement sénégalais. Contrairement aux autres candidatures annoncées, lézardées du reste, mais qui manquent d’une ligne de clarté inoxydable de la part de leurs gouvernements respectifs. Ce qui ouvre un large boulevard à Amadou HOTT dans la conquête de la présidence de la Banque africaine de développement où il est bien introduit.
Amadou HOTT, ancien ministre de l’Économie et du Plan du Sénégal
Avec Ouattara tirant les ficelles, un Président GHAZOUANI qui hésite à franchir le rubicon à imposer Sidi Ould TAH, les suspicions d’une probable thèse du complot en sourdine, si elles s’avéraient vraies, risquent d’être un précédent fatal dans la gestion des dossiers « délicats » de la République. Aussi une grosse humiliation pour Ousmane KANE, l’ex- argentier, qui traîne un fort leadership dans le monde de la finance internationale.
Maderpost / ConfidentielAfrique