Ces derniers jours, la « démission » devenue virale sur la toile de l’ancien ministre sénégalais de l’Economie, du Plan et de la Coopération internationale, Amadou Hott, de son poste d’Envoyé spécial auprès du président du groupe de la Banque africaine de développement (BAD), chargé de l’Alliance pour les infrastructures vertes en Afrique (AGIA), en vue de briguer la candidature de la présidence de l’institution en 2025 n’a pas révélé tous ses secrets, selon Confidentiel Afrique visité dimanche 22 septembre 2024 par Maderpost.
FINANCE – Le site d’infor »mation de notre brillant confrère Isamel Aidara d’évoquer une course aux allures d’un « empressement » au pas de charge qui cache beaucoup de non- dits.
Confidentiel Afrique revient ainsi sur la « sortie agitée et ratée du super protégé » du président de la Banque africaine de développement Adesina Akinwumi et ancien ministre du régime Macky Sall.
Confidentiel Afrique de souligner que le brusque départ de l’AGIA motivé par une candidature au poste stratégique de la présidence de la BAD (Banque africaine de développement) de l’ancien ministre sénégalais Amadou Hott, alors que rien ne semblait être une urgence, cache des non-dits.
Seul le Nigérian Adesina Akinwumi, le colosse et exubérant patron de la Tour financière d’Abidjan détient les dessous de cartes.
Côté Sénégal, dit le site, Diomaye Faye n’a pas donné son quitus à Amadou Hott. Selon des informations de Confidentiel Afrique, l’empressement de l’ex-ministre de l’Économie de Macky Sall « agace, indispose le palais Roume et soulève plusieurs questionnements ».
Evoquant des sources autorisées le site d’investigation indique que la candidature d’Amadou Hott n’a pas été discutée au sommet de l’État, e Président Diomaye Faye lors du tête-à-tête dans la capitale sénégalaise avec Adekunwi Adesina, le patron lde l’institution multilatérale de financement de la candidature à la présidence de la BAD de l’ancien ministre sénégalais.
L’empressement de Amadou Hott de démissionner est donc un « coup d’opération médiatique tout court ».
En vérité, selon des confidences glissées à Confidentiel Afrique, Amadou Hott n’a pas démissionné puisque n’étant pas un agent ou fonctionnaire recruté par la BAD pour le poste d’envoyé spécial qu’il occupe depuis un certain moment au sein de l’AGIA sur recommandation du président Adesina et son statut n’est pas celui d’un agent officiel de l’institution.
Les réseaux nigérians d’Amadou Hott en embuscade
Derrière cette « agitation » de l’ancien ministre sénégalais de l’Économie, des bras longs actionnés par des barons du milieu banquier et financier nigérian. On peut citer les deux milliardaires Aliko Dangote etTony Elumelu d’UBA Group, ces deux ex-employeurs.
Avant d’être ministre du président Macky Sall, il occupait, au sein de la BAD, le poste de vice-président en charge de l’énergie et du climat vert.
C’est le lobbying nigérian sponsorisé par Adesina Akinwumi qui avait mis en branle pour caser un proche collaborateur de Aliko Dangote après le départ de Hott du gouvernement du régime Macky Sall.
En déclarant qu’il quittait ses fonctions d’Envoyé Spécial à AGIA, afin d’éviter tout conflit d’intérêts potentiel, dans la mesure où il se porterait candidat à la présidence de l’institution, Amadou Hott enfonce une porte largement ouverte. Une façon, sans doute, d’attirer les regards sur lui et d’anticiper sa campagne, se permettant même de mettre à son compte «la mobilisation des ressources pour l’Alliance, en passe d’atteindre le bouclage financier avec 280 millions de dollars américains.
Sa course à la présidence de la BAD risque d’être un gros ratage, puisqu’étant dépourvu de soutien manifeste des autorités sénégalaises au pouvoir bientôt cinq mois et pas encore enchantées par sa candidature.
Dans les couloirs de l’institution financière à Abidjan, beaucoup estiment que Adesina Akinwumi, dont le mandat expire en mai 2025, veut brouiller les pistes et fait de l’enfumage au premier degré en enrôlant son poulain Amadou Hott. Peine perdue.
Quel successeur pour Adesina ?
La présidence 2025-2035 de la BAD sera très disputée. Mais d’ores et déjà, tout semble indiquer que c’est une bataille perdue d’avance pour Amadou Hott.
Pourquoi s’agite-t-il autant en jetant l’éponge en qualité de simple envoyé spécial d’Adesina ? Ceci d’autant plus que sa candidature au poste stratégique et très convoité de président de la BAD ne jouit pas, pour l’instant, d’aucun quitus des autorités sénégalaises.
En outre, Hott n’a pas l’appui des non régionaux et, surtout, ne bénéficie d’aucune connexion au niveau du bloc de la SADC (communauté regroupant en son sein seize pays de l’Afrique australe et de l’océan indien) qui engrange un pouvoir de vote qui dépasse les 35%
Le président sortant Adesina était dans la dynamique de vouloir récompenser un proche de Aliko Dangote.
En guise de rappel, le Nigérian n’était pas le meilleur profil, en 2015, après le départ du Rwandais Donald Kaberuka qui a effectué deux mandats de 5 ans à la tête de la BAD (2005- 2015).
Le colosse et le joueur au gospel, Adesina était d’ailleurs, parmi tous les postulants au poste de Président de la BAD en 2015, le seul à n’avoir pas occupé le poste stratégique de ministre des Finances dans son pays.
Les autres candidats étaient le Tchadien Kordje Bedoumra, la cap verdienne Cristina Duarte, ministre des Finances, et le malien Birama Boubacar Sidibé, alors vice-président de la BID qui avait le meilleur profil en 2015.
A l’heure actuelle, les paris sont ouverts. Certes, il y a une tacite règle de rotation géographique qui veut que ce soit l’Afrique centrale qui soit privilégiée.
Toutefois, selon nos informations, aucune imposition du tour des aires géographiques n’est mise de rigueur pour l’élection à venir.
Parmi les candidatures les plus en vue, la grande surprise pourrait venir du côté de Nouakchott, avec Ousmane Kane, ancien gouverneur de la banque centrale mauritanienne et ancien ministre des Finances, qui jouit présentement d’un excellent profil.
Une fausse note risque, cependant, de limiter ses ambitions. Car, aucune machine diplomatique n’a été mise à contribution du côté des autorités de Nouakchott pour soutenir et pousser sa candidature.
Selon des informations de Confidentiel Afrique, le président Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani a été saisi et des manœuvres en coulisses s’activent pour déployer la machine.
Autre candidature évoquée, celle du béninois Romuald Wadagni, actuel ministre des Finances. Il traîne cependant un handicap : le rapprochement exubérant de son président Patrice Talon avec Emmanuel Macron édulcore ses chances dans l’espace CEDEAO.
Il faudra également compter sur de redoutables outsiders tels que l’économiste Zambien, Samuel Munzele, ou encore le Tchadien Abass Tolli Mahamat, ex-patron de la BEAC (Banque des Etats de l’Afrique centrale).
Mais les chances de ce dernier nommé sont minimes. Le palais de NDjaména voit lui un potentiel adversaire et ce poste stratégique à la tête de la BAD pourrait être à la fois une machine redoutable et un escalier à de futures ambitions présidentielles…
Seul bémol à cette frénésie pré-campagne, l’absence de lobbying pour le moment chez pratiquement tous les candidats.
Il y a aussi une sorte de chape de plomb sur les véritables enjeux de la prochaine bataille de la présidence de l’institution et un semblant de manque d’engouement politico-diplomatique des États, sinon une certaine indifférence.
Maderpost / Confidentiel Afrique Ismael Aïdara