CHRONIQUE – Plus que quelques heures et il en sera fini des empoignades et foirails de certitudes. Du moins c’est ainsi que je le voudrais, comme bien d’autres Sénégalais défenseurs de la démocratie et de son expression libre. Sans entrave. Sans tentative de confiscation des votes. Sans détournement d’objectif du choix des 6 683 043 électeurs régulièrement inscrits. Une présidentielle sans anicroches, le dimanche 24 février. Au Sénégal et ailleurs !
Près d’un Sénégalais sur deux – nous sommes un peu plus de 15 millions d’habitants – est concerné directement par le vote. Et oui, le corps électoral constitue près de la moitié de la population. Enormissime ! Quand on sait que 6 181 682 sénégalais âgés de 0 à 14 ans en 2018, ne sont pas en âge de voter.
Je me permets de douter ! Non pas de la bonne foi convoquée par les organisateurs à qui il est quand même reproché un paquet d’incohérences et refus systématisé à la demande consensuelle. Encore moins des appels intempestifs, inélégants et irrespectueux d’un certain Me Wade qui a fini de servir son peuple pour les intérêts de son fils, confiné au Qatar pour défaut de document de circulation internationale délivré par son gouvernement lui permettant de voyager.
Non ! C’est l’exclusion même du deuxième tour par toute l’administration Macky Sall jusqu’à ce dernier qui me tombe sur la tête. Elle me rappelle une certaine présidentielle, celle du 25 février 2007. A l’issue de laquelle Abdoulaye Wade, secondé alors par celui qu’il avait adoubé après la descente aux enfers par ses soins de son fils adoptif envoyé à Canossa, remportait haut la main et dès le premier tour avec une majorité absolue (55,86% des voix) la joute sur laquelle tout le monde le voyait se ramasser.
Tant le vieux avait réussi le coup de maître de cristalliser un malaise social national, alimenté à coups inflationnistes de coupures d’électricités monstres, d’augmentations tous azimuts des prix des denrées de première nécessité, du gaz et du carburant, la flambée des loyers, etc.
L’opposition avait beau crier au plus grand trucage de l’histoire des élections du Sénégal, la société civile KO avait beau chercher des explications. La messe était dite. Les Djinns avaient voté. Beaucoup d’entre eux avaient des noms bien de la Guinée Conakry, disait-on.
2007 tel un uppercut.
Comment une telle surprise avait-elle pu mettre à terre les Sénégalais qui vivront un an plus tard, à l’instar du monde, la crise alimentaire, puis celle financière et économique ? Mystère et boule de gomme !
En effet, en réussissant la prouesse de doubler quasiment le corps électoral en sept ans, le faisant passer de 2,7 millions d’électeurs en 2000 à 4,9 millions en 2007, le père Wade voyait son score du premier tour de la présidentielle de 2000, soit 518 740 voix, quadrupler en 2007, passant à 1 910 368.
Personne dans l’histoire politique du Sénégal n’avait pu faire mieux. Bien entendu, il serait réducteur d’expliquer la victoire hypnotique de père Wade sur cet aspect seulement. La participation record, 70% en 2007 contre 62% en 2000, explique aussi cela. On ne peut et ne doit s’étonner d’un tel pourcentage de vote quand on est plus nombreux à voter.
Sauf que les statistiques de 2012 renvoient à 2 735 136 de suffrages exprimés, soit 51,58% du corps électoral au premier tout, améliorées au second tour, passant à 2 915 893 votants, soit 55% du corps électoral. De 70% de participation en 2007, on était tombé à 55%. Quinze points de différence. 5 ans après.
Certes, ce n’est pas le même scénario qui est de mise du point de vue comptable en 2019. Quand même bien même on noterait une augmentation significative du corps électoral passé de 5 302 349 inscrits en 2012 à 6 683 043 en 2019.
Mais, les déclarations de fraude soutenues par quelques membres de l’opposition quand même tempérées par le candidat Ousmane Sonko qui soutient qu’il « est difficile de truquer des élections au Sénégal » et par Me Mame Adma Guèye de la Société civile qui a affiché sa « confiance » au ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye ; les 10 000 observateurs de l’église, ceux de la société civile et les 5000 venant de la CEDEAO et d’ailleurs, laissent perplexes au point de faire douter.
Vivement que je me trompe et me retrouve devant le 24 février devant une présidentielle libre, transparente, crédible, apaisée.
Charles FAYE/iGFM
]]>