« Ami, je la connais. C’est une grande militante depuis qu’elle a été élève. C’est une personnalité qui a un vécu sur l’espace public de façon permanente depuis le lycée ». Penda Mbow, qui parle ainsi de la tête de liste de la coalition présidentielle, Benno Bokk Yakaar (BBY), lors des Législatives de 2022, Aminata Touré, qui a pris ses distances pour cause, selon elle, de non-respect de la promesse du Président Macky Sall de lui confier la présidence de l’Assemblée nationale, se dit « très sincèrement déçue » de ce qui est arrivé à la parlementaire qui a été finalement déchue de son mandat de député.
POLITIQUE – « Je crois que ce qui lui arrive relève d’une très grande déception, pour elle et pour beaucoup de femmes. Logiquement, elle devait être à la tête de l’Assemblée nationale après avoir mené une bonne campagne électorale (Législatives 2022) », se démarque la représentante du Président Macky Sall auprès de l’Oif (Organisation internationale de la francophonie), Penda Mbow.
L’invitée du Jdd, ce dimanche 7 mai, de poursuivre : « J’avoue Amadou Mame Diop, je l’ai connu le jour où il a été désigné à la tête de l’Assemblée nationale. “Dieu sait que des hommes et femmes politiques, j’en connais beaucoup. Je suis là depuis Senghor. C’est la première fois que je le vois et que j’entends même parler de lui. Or, l’Assemblée nationale est une Institution tellement importante qu’il faut une personnalité d’envergure et qui a connu une évolution politique. »
Pour l’ancienne ministre de la Culture et de la Communication, l’ex-Première ministre avait ses atouts. « Je crois et ça, c’est mon explication, peut-être que beaucoup ne sont pas prêts à voir une femme à la tête du Sénégal, se désole-t-elle. Parce qu’être président de l’Assemblée nationale, cela veut dire aussi pouvoir remplacer le président de la République en cas de démission ou d’incapacité. Peut-être que c’est ça aussi qui a effrayé beaucoup de personnes. C’est l’un des gros problèmes de ce pays. Quand je fais le bilan de ma vie, je me dis que si j’étais dans un autre pays, peut-être que j’aurais joué un rôle beaucoup plus important ».
Dans son discours à la nation prononcé le 3 avril dernier, le Président Macky Sall s’est dit ouvert au dialogue. Il a réitéré son appel, à l’occasion de la célébration de la korité 2023, le 22 avril dernier.
Même si elle est d’accord sur le principe, Penda Mbow, devant le Jdd ce dimanche 7 mai, a émis des doutes sur sa tenue. Selon elle, les circonstances actuelles ne permettent pas la tenue d’un dialogue fécond.
« Je dis depuis des années que le Président Macky Sall doit prendre des initiatives pour appeler au dialogue et à l’apaisement. Je l’ai dit et répété. Par conséquent, je ne peux pas être contre l’appel au dialogue du Président, a-t-elle expliqué. Mais, c’est le contexte qui est extrêmement difficile. »
Elle croit que « si on veut aller vers le dialogue, il faudra que chaque parti lâche du lest. » Car, justifie-t-elle : « On ne peut pas aller au dialogue en gardant ses positions justement difficiles pour l’autre. Il faut renoncer à un certain nombre de choses pour aller vers le dialogue. Je crois que le contexte actuel ne pourra pas permettre un dialogue approfondi et un dialogue qui va aller vers des conclusions importantes pour l’avenir du pays. »
Selon elle, « ce qu’on peut faire à ce moment précis, c’est peut-être régler les conditions liées à la prochaine présidentielle : comment y aller ? revenir sur le parrainage ? C’est-à-dire régler les questions pratiques. » Mais, « le vrai dialogue qui va apporter le vrai changement et insister sur les réformes en profondeur de cette société, de la gestion de l’État, des Institutions, ne pourra avoir lieu qu’après la présidentielle 2024 quand les esprits seront plus calmes, moins crispés », suggère-t-elle.
Pour Penda Mbow, ce sera à la société civile d’imposer « véritablement une réforme ».
Les Sénégalais sont à l’écoute du Président Macky Sall, attendu pour se prononcer sur sa participation ou non à la présidentielle du 25 février 2024. Son camp a fini de sonner la mobilisation autour de sa candidature. Le mouvement des forces vives du Sénégal dit F24, lancé récemment, entend se dresser en face.
Invitée du Jdd, ce dimanche 7 mai, l’historienne Penda Mbow estime que « Macky Sall est en train de jouer véritablement sa place dans les manuels d’histoire. » C’est-à-dire, dit-elle, « ce que l’histoire retiendra de lui. Au fur et à mesure que l’image de l’individu s’estompe, il y a une ou deux grandes idées qu’on retient. »
C’est ainsi que souligne-t-elle, « de Senghor, on a retenu essentiellement après ce qu’il a fait sur la négritude, les événements de 1962 et son retrait volontaire du pouvoir en 1980. D’Abdou Diouf, ce qui a été retenu, après les réformes, c’est son fameux coup de fil à Abdoulaye Wade, qui a sauvé le Sénégal d’une déstabilisation. »
Puis, renchérit l’enseignante d’histoire médiévale à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) et présidente du Mouvement citoyen, « qu’est-ce qu’on a retenu d’Abdoulaye Wade, le grand démocrate, qui a joué un rôle primordial dans l’évolution de la démocratie au Sénégal de 1974 jusqu’à sa prise du pouvoir en 2000 ? Hélas, ce qu’on retient de lui, c’est le M23 (combat contre le 3e mandat) et son projet de dévolution monarchique du pouvoir. »
« De Macky Sall, elle dira qu’il est en train de l’écrire entre aujourd’hui, je peux dire, jusqu’en 2024. L’histoire retiendra de lui dépendra de ce qu’il fera entre 2023 et 2024. A partir de ce moment, les livres d’histoire vont se focaliser sur cela en bien ou en mal. »
A la question de savoir est-ce que Macky Sall est conscient de ce qui se joue ? « Quand un homme est au pouvoir et est entouré d’hommes qui ont des intérêts plus ou moins connectés à ce pouvoir peut-être qu’il ne mesure pas toujours l’importance que joue l’histoire dans sa destinée. En est-il conscient ? N’en est-il pas conscient ? Je n’en sais strictement rien. Mais, tout dépendra de la gestion de cette période qui est une période cruciale pour le devenir du Sénégal », a répondu la représentante personnelle du Président Macky Sall auprès de l’Organisation internationale pour la Francophonie (Oif).
Maderpost / Emedia