Après la flamme démocratique et populaire portée par les défunts Nelson Mandela de l’Afrique du Sud et Morgan Tsvangirai du Zimbabwe, puis ces dernières années William Ruto du Kenya, le tribun et charismatique Julius Malema, le porte-étendard des couches populaires « marginalisées » et « opprimées » issues des ghettos de Soweto, Ousmane Sonko (49 ans) en devient l’hériter absolu.
Persécuté et bâillonné sans répit par le pouvoir de Macky SALL, le jeune leader sénégalais (49 ans), le plus populaire de l’échiquier politique national vit les dernières épreuves de son combat politique depuis qu’il s’est révélé à la face du monde en 2015.
On le présente comme l’Alpha et l’Oméga d’un cycle nouveau de la relève politique amorcée au Sénégal, pays sahélien riche pour son histoire démocratique. Il est le quatrième opposant le plus populaire de l’histoire politique de l’Afrique.
En l’espace de 9 ans, il se positionne au sommet des personnalités politiques sénégalaises les plus en vue par sa détermination, sa bravoure et son engagement dans la lutte pour le respect des libertés individuelles, la transparence et la démocratie.
Détenu pas comme les autres, fruit d’un écrin à l’aura débordant, épuisé par une diète entamée il y a une vingtaine de jours, évacué en réanimation, le cas Ousmane Sonko devient inquiétant.
Un trauma socio-politique collectif qui tient en haleine le pays, bientôt trois années. En dépit des appels de sa famille, de ses proches et sympathisants à surseoir à sa « diète », l’icône Ousmane Sonko a opté de ne point faire marche arrière. Son état de santé dégradant, le fil rouge devient pesant. Pour combien de temps encore ?
Le chapelet du supplice des militants de son parti, le PASTEF, s’allonge. La main implacable du pouvoir est passée par là. On parle d’un millier de détenus dans les prisons du pays. Amnesty International Sénégal et Afrikajom ont tiré sur la sonnette d’alarme. Silence radio du côté des autorités.
Un des responsables du parti PASTEF et proche d’Ousmane Sonko, Me Ngagne Demba Touré s’est signalé ce vendredi au Mali (pays frontalier avec le Sénégal) où il s’est exilé et y compte poursuivre le combat de la liberté et de la résistance comme le fulmine-t-il.
Urbi, orbi, l’adversaire le plus populaire et farouche du régime Macky Sall apparaît aux yeux de la jeune génération comme un « potentiel sauveur » d’une jeunesse désemparée, démotivée, vouée aux vagues déferlantes mortifères des eaux méditerranéennes et du désert saharien.
Ousmane Sonko en héraut compte délivrer le Sénégal des jougs de « politiciens véreux » et de l’oligarchie « affairiste ».
Géniteur des « casseroles de la révolte » au Sénégal, sa stratégie a fait tilt hors des frontières sénégalaises au point d’être utilisée comme forme de lutte en République Centrafricaine (RCA) par l’opposition et les mouvements citoyens du pays, qui contestaient les tripatouillages de la Constitution sous le magistère du Président Touadéra.
Obsession aveugle et respiration démocratique étouffée
Les chances pour le jeune leader de l’opposition sénégalaise Ousmane Sonko d’être candidat à l’élection présidentielle de février 2024 se rétrécissent de jour en jour depuis son emprisonnement que beaucoup considèrent comme une volonté obsessionnelle du régime d’écarter un potentiel favori.
C’est l’espoir désormais de toute une jeunesse qui se retrouve derrière les barreaux. Le leader de PASTF a été inculpé et placé sous mandat de dépôt le 30 juillet dernier. En prison, il a entamé une grève de la faim et son état de santé s’est détérioré ces derniers jours.
Quelques jours après son arrestation, le rouleau compresseur prend de l’amplitude. Son parti politique, le PASTEF a été dissous. Un dernier et ultime acte du pouvoir à le sortir du jeu politique. Les effigies devant le siège de son parti enlevées. La question de son éligibilité est encore d’actualité. Va-t-il être éligible ou non ? Le débat fait rage.
Après avoir tenu le pouvoir à la gorge, sans répit, son nom et son image ont fait le tour des médias africains et internationaux qui en font leurs choux gras.
Sa cote de popularité n’est plus à contester. Six sondages au total dont deux compagnies pétrolières étrangères commandés en 2022-2023 le créditent comme le grand favori de la présidentielle de février 2024.
Le fils de la Casamance (région située au Sud du Sénégal), brillant énarque, inspecteur des impôts et domaines a montré de l’audace dans ses actes.
En effet, il a toujours avoué devant ses partisans et le reste des Sénégalais qu’il ne croit aucunement aux institutions dirigées par le Président Macky Sall et se positionne comme état un fervent adepte de la lutte contre le « Système ».
Pour couronner le tout, le leader du « PASTEF » (Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité) déclare sa candidature pour la prochaine élection présidentielle prévue en février 2024. Signe provocateur et de défiance aux yeux du régime.
« Personne ne pourra nous empêcher de prendre ce pays pour le diriger » avait t-il ouvertement déclaré lors d’un meeting.
Il va jusqu’à entamer une campagne de désobéissance civique contre la justice au mois de mai dernier.
Depuis lors, il ne cesse de subir des brimades qui se résument à des interpellations judiciaires allant à une séquestration de plusieurs semaines (blocus de son domicile à la Cité Keur Gorgui par les forces de défense et de sécurité). Aucune explication n’a été servie pour éclairer la lanterne des Sénégalais. C’est le début d’un long épisode de restrictions et d’atteinte à la liberté individuelle de l’opposant politique sénégalais.
Sonko sous l’éteignoir de plusieurs dossiers judiciaires
L’un des dossiers qui a le plus tenu en haleine le Sénégal dans son entièreté et cela pendant plus de 2 ans, est l’affaire dite Sweet Beauty. Dans ce dossier, le leader du PASTEF est accusé de viol par la sulfureuse Adji Raby Sarr. Tout au début, à l’entame de la procédure, le fils de la Casamance a clamé son innocence.
Il va même jusqu’à accuser le gouvernement de « complot ».
Au finish, il a été condamné pour corruption à la jeunesse le 1er juin 2023 et a écopé de 2 ans fermes. Cette décision judiciaire plonge une fois de plus le pays dans une tourmente sans précédent après les événements de mars 2021 qui ont coûté la vie à 22 personnes. Des heurts éclatent partout dans le pays et occasionnent encore une fois la perte de 14 jeunes selon les chiffres officiels.
À la suite de son procès de diffamation avec le ministre du Tourisme du Sénégal, Mame Mbaye Niang, la justice l’a condamné, après un long feuilleton judiciaire à rebondissements. La Cour d’Appel l’a inculpé pour six (6) mois avec sursis avec une amende de 200 millions de FCFA de dommages et intérêts.
Toutefois, avec cette peine, la crainte sur son éligibilité pour la présidentielle de 2024 est vite balayée d’un revers de main, mais le doute plane toujours.
Ces deux procès jugés « purement politiques » restent les plus médiatisés du Sénégal depuis l’arrivée au pouvoir du Président Macky Sall en 2012. Ils sont à l’origine de l’éclatement des tensions sociales à travers le pays, estiment bon nombre de citoyens sénégalais.
D’importants dégâts matériels et des pertes en vies humaines ont été enregistrés. Jamais des affrontements entre jeunes et forces de défense et de sécurité n’ont été aussi virulents et sanglants. Ces événements ne sont pas aussi sans conséquences, des journées mortes paralysent le pays.
Le Sénégal observe avec impuissance son économie à terre et le transport urbain et interurbain disjoncte pendant des semaines.
Le fief du leader de PASTEF, le sud du pays subit de plein fouet les aléas de cette crise. A la suite des événements de juin, cette zone semble être coupée du reste du Sénégal avec de nouvelles restrictions sur le transport.
La direction de l’exploitation commerciale du Consortium sénégalais d’activité maritime (COSAMA) suspend la rotation des navires Aline Siteo Diatta, Aguenne et Djambogne sur instruction des autorités maritimes. Un uppercut qui freine l’économie d’une région florissante.
Le directeur Abdou Salam Kane assure que la liaison reprendra. Aucune date n’a été fixée. La compagnie Sénégal Dem Dikk décide officiellement de desservir le sud du pays et évoque des questions sécuritaires. Cependant, une semaine après les événements de juin, elle reprend ses activités dans le reste du pays. L’on se demande ce qu’elle fait de la population du sud ?
La Casamance située à plus de 400 km de la capitale sénégalaise se retrouve ainsi coupée du reste du pays. Avec l’hivernage et le transit suspendu, les fruits pourrissent au port de Ziguinchor et dans les champs. Un lourd préjudice qui plombe l’écosystème économique local sudiste.
Les populations locales se retrouvent dans l’impasse. Elles interpellent les autorités pour un retour à la normale. Hormis les tracasseries policières, le contrôle sur le tronçon sénégalo-gambien reste une grosse pilule sous la gorge du pouvoir.
Entre le mois de juin et le mois d’août, se rendre en Casamance est un véritable parcours de combat. Cette situation soulève moult questionnements. En isolant la région sud du pays, pour régler ses comptes avec le teigneux Ousmane Sonko, le pouvoir se tire des balles dans les pieds.
Président ou Faiseur de Rois en cellule
Beaucoup d’analystes avertis, ergotent que « jamais un leader politique n’a été aussi persécuté dans l’histoire du pays ». Un acharnement qui ne dit pas son nom et que le leader Ousmane Sonko a toujours dénoncé. Ceci peut s’expliquer du fait qu’il soit le plus farouche adversaire du Président Macky Sall.
Agé seulement de 49 ans, Ousmane Sonko est un fait social déterminant et incontournable aujourd’hui sur l’échiquier politique du Sénégal, malgré les soubresauts et les épreuves endurés.
C’est l’opposant le plus courtisé des temps actuels. Il est l’Alpha et l’Oméga qui régente le destin du futur Président du Sénégal.
Peu importe, en mouvement ou reclus dans sa cellule, son électorat du reste jusqu’ici incompressible tranchera. Il tient assurément les cartes en main. Son emprisonnement qui remonte au 26 juillet 2023 plonge le pays dans un chaos et ses militants sont marqués par la douleur intérieure avec ses vagues incessantes d’arrestations.
Pas de quoi se réjouir du côté des membres de la mouvance présidentielle, qui cherche désespérément toujours son candidat qui va en découdre face à l’opposition.
A six mois seulement de la présidentielle de février 2024. De son statut de prisonnier, sa voix compte plus que tout autre adversaire politique pour cette présidentielle aux enjeux énormes. Car, le petit doigt d’Ousmane Sonko peut faire et défaire.
Surtout que Khalifa Sall et Barthélémy Dias se sont « crucifiés » en jouant « leur crédibilité » et compromis leurs serments de « code d’honneur patriotique » auprès d’abord de la coalition Yewwi Askan Wi dont la locomotive est Ousmane Sonko et de l’opinion nationale.
La candidature de Khalifa Sall qui est encore dans l’air prend ainsi un sacré coup. Beaucoup pensent que l’opposant Khalifa Sall a joué et a perdu.
Ce méli-mélo politique ouvre de facto une troisième voie royale. Son métronome en devient sans doute le jeune entrepreneur média Bougane Guèye Dany, leader du mouvement Gueum Sa Bopp. Sa posture d’anti-système et caustique envers le pouvoir comble le vide qu’a laissé le tribun Ousmane Sonko.
Bougane Guèye Dany prend une longueur d’avance sur les autres chefs de parti de l’opposition de la ligne modérée tels que Malick Gackou, Déthié Fall, Thierno Alassane Sall, Abdourahmane Diouf, Boubacar Camara.
Dans ce lot, seul Ousmane Sonko s’impose comme le potentiel futur Président de la République ou le « faiseur de roi » pour ces joutes prochaines, mettant en jeu le fauteuil tant convoité occupé ces douze années par le Président sortant Macky Sall.