La plainte du PM Ousmane Sonko contre M. Madiambal Diagne annoncée par l’avocat du premier, Me Bamba Cissé, m’a tiré de mon long et profond sommeil réparateur du combattant anonyme, qui n’avait pas encore fini de goûter aux délices de la victoire éclatante de M. Bassirou Diomaye Faye, devenu président de la République au soir du 24 mars.
TRIBUNE – Au-delà du contentieux qui opposerait M. Sonko à Madiambal Diagne, contre qui, de nombreux Sénégalais ont plusieurs griefs légitimes, c’est le cas de Me Bamba Cissé, qui questionne, intrigue et attriste autant la posture aux côtés des victimes d’injustice, est honorable, autant celle aux côtés du bourreau est honteuse.
La sagesse consiste, au bout du difficile contexte actuel de gouvernance, d’être toujours dans la posture du juste et présentement, à tourner le dos à l’ancienne victime faible, devenue forte aujourd’hui, pour se ranger du côté de l’opprimé.
Car, encourager le fort à sévir contre le faible, est peu honorable et très dégradant. Le fort n’a besoin que de la protection de Dieu s’il veut prétendre siéger à l’assemblée des justes. Mais, force est de constater, que le statut de l’avocat « salarié pastéfien » est très inconfortable et paradoxal, en ce qu’il devient un être hybride, à la fois subordonné et employé indépendant, à l’image de ce texte plat et arrogant de Me Bamba Cissé qui, pour annoncer une simple plainte de M. Ousmane Sonko contre M. Madiambal Diagne, s’est cru devoir menacer tout « sujet » sénégalais recalcitrant, qui oserait braver la toute puissance du Premier ministre par une posture d’insubordination. Ce qui renseigne sur l’état avancé de subordination totale de Me Cissé qui ne s’accommode plus d’aucune attitude de liberté de la part d’un concitoyen lamda.
Nous, Sénégalais libres et fiers, assistons alors désarmés et déçus par la triste mutation de Me Bamba Cissé vers son nouveau statut peu enviable de laudateur et de subordonné peu sympathique.
Ce n’est donc pas cet ancien juste au nombre si restreint de justes, devenu laudateur inconditionnel, qui va retenir la main ferme du Premier Ministre.
Pourtant, c’est sa jeunesse, sa politesse, son intelligence, sa compétence, sa sérénité, son humilité et sa modération qui avaient construit sa sagesse. Laquelle, le rendait sympathique de manière quasi unanime auprès des Sénégalais.
Quel gâchis aurais-je envie de dire !
Tant pis pour lui dis-je.
Je rappelle aux populations sénégalaises, que le patriote, est celui qui protège le peuple contre le gouvernement, fût-il celui des « patriotes ».
Si l’État, dont il tient désormais les leviers essentiels, ne peut plus ni corriger ni raisonner M. Ousmane Sonko, il faut définitivement désespérer qu’il puisse se bonifier.
Si les prétendus sages « maggi pastef », sont réduits à louer le génie politique de Sonko.
Si des intellectuels de la trempe du sociologue Pr Aly Khoudia Diaw (Émission « Pencoo » du 09 Août 2024) et de l’écrivain Omar Seck Ndiaye (Émission « Banc Public » du 12 Juillet 2024) deviennent les griots attitrés du PM Ousmane Sonko, peut-être désintéressés ou adeptes du clin d’œil de rappel ?
Si des héritiers des familles religieuses, imams et enseignants arabes de profession font, preuve d’un zèle vénérable et obéissent au doigt et à l’œil à M. Ousmane Sonko.
Si des avocats censés être ses conseils, subissent l’éblouissement tétanisant de Sonko.
Alors on ne peut compter sur plus personne dans son entourage, pour l’encadrer, l’aider à se ressaisir, le recadrer le cas échéant en le raisonnant
Si maintenant tout ce beau monde d’intellectuels et d’érudits, ont choisi de s’asseoir tranquillement sur leurs savoirs, rangent au placard, leurs rôles dans la société ou l’auraient simplement oubliés, pour rejoindre la grande frange nombreuse et fanatique de jeunes qui vénèrent le ci-devant Premier ministre, le suivent aveuglément depuis des années, on est alors en plein dans la formalisation d’un processus de construction d’un pouvoir mystique. Celui d’un gourou omnipotent, qu’il faut dénoncer, contester, vilipender et contrer dès à présent.
Pour ce faire, les résistants « non encore contaminés », devront immédiatement se liguer et se préparer tous à aller en prison pour orienter le regard de l’Afrique et du monde vers cette « régression systémique », qui s’installe rapidement, sur le dos du peuple et qui sait, durablement au Sénégal.
Autrement, s’opposer à ce pouvoir « divin », une fois constitué, risque de conduire à une possible guerre civile, dont le Sénégal, se relèvera difficilement, car les disciples du gourou, ne lésineront sur aucune forme de violence, pour le servir ou le sauver.
Chérif BAH (Bamako-Mali)
Maderpost