Nous vivons des temps difficiles, non pas seulement parce que le Covid-19 à bouleversé nos vies et occis bon nombre d’entre elles, mais parce qu’il a mis en évidence la faillite des systèmes de gouvernance, la perte de confiance des gouvernés vis-à-vis de leurs gouvernants, la crise d’autorité qui en a découlé, mais aussi et surtout la grande maladie du 21e siècle, à savoir la liberté d’expression ou plus précisément l’opportunité du dire ce que je crois.
CHRONIQUE CHARLE 05-02MAu Sénégal, comme partout dans le monde, la tendance du tout dire et du tout contester, s’est érigée en normes sociales, portées et amplifiées par des réseaux sociaux agrégés et synchronisés, sur les fréquences de l’intolérance, de l’absolutisme, de l’empirisme pur et dur.
Ce ne sont plus ceux qui savent, qui expliquent ou dissertent, mais plutôt ceux qui en savent le moins.
Voilà comment l’ère du digital, pilier de la quatrième révolution industrielle, se trouve marquée par la pensée libre, dangereusement chez nous.
Galvanisée, non pas par des transformations technologiques et leur impact sur l’éducation, la formation et l’économie globale, mais par la méconnaissance de la culture du numérique et du champ de ses possibles, l’ère digitale confondue, se morfond dans le torrent de convictions fortes, incendiaires, galvaudées par une opinion publique tranchée et sans appel, parce que trahie par l’élite.
Dans une telle ambiance, excluant de fait la confiance, ne peuvent que se radicaliser des motifs certes, virtuels sur la toile, mais ô combien certains, dans un réel exacerbé par le repli identitaire et communautaire et par les répliques ou attitudes réactionnaires qui en résultent.
Il nous apparait dès lors nécessaire et salutaire d’apporter des retouches, pour que le vivre ensemble dans un Etat de droit, ne se compromette et ne s’altère de nos suffisances et intransigeances.
L’assainissement de la presse et le toilettage des réseaux sociaux, appelés de ses vœux par le Macky sont certes aussi importants que nécessaires, mais ils ne peuvent pas et ne doivent pas être inscrits que dans l’ordre politique et l’interdit social. La panacée va bien plus loin.
Elle repose sur la confiance. Elle convoque un nouvel état d’esprit, bâti sur des valeurs et respect de l’éthique et de la vertu. Sur une gouvernance sobre, soucieuse et respectueuse de l’offre programmatique. Sur une justice équitable. Sur la formation de Sénégalais aguerris et compétitifs, entre autres.
Autrement le serpent mordra sa queue. Pour dire crument les choses, ce que nous vivons aujourd’hui en termes de contestations et réactions virtuelles, n’est que le reflet, non pas de ce que nous sommes, mais de ce que nous sommes devenus, à force de ne pas voir le bout du tunnel.
Le Covid-19 n’a fait qu’accélérer le process, nous montrant tels que nous ne devrons pas être. Illusion et désillusion dans le nouveau monde d’open-close.
Jummah Mubarrack et bon week-end à tous !
Charles FAYE]]>