Un Collectif de plus de 30 Organisations et mouvements de la Société Civile Sénégalaise en Soutien aux Organisations de la Gambie pour l’Abandon des Mutilations Génitales Féminines exprime sa profonde inquiétude face au débat controversé sur la proposition d’abrogation de la loi interdisant les mutilations génitales féminines (MGF) en Gambie et condamne « fermement » la tentative d’annulation de cette loi « historique ». In extenso l’intégralité de sa déclaration.
GAMBIE – « Les mutilations sexuelles féminines sont internationalement considérées comme une violation des droits des jeunes filles et des femmes. Elles sont le reflet d’une inégalité profondément enracinée entre les sexes et constituent une forme extrême de discrimination à l’égard des femmes. Elles sont presque toujours pratiquées sur des mineures et constituent une violation des droits de l’enfant. Ces pratiques violent également les droits à la santé, à la sécurité et à l’intégrité physique, le droit d’être à l’abri de la torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants, ainsi que le droit à la vie lorsqu’elles ont des conséquences mortelles » (OMS, 2024).
Nous saluons certes les efforts significatifs entrepris par le gouvernement Gambien depuis 2015 pour interdire cette pratique violente et archaïque. Cependant, les pressions actuelles pour revenir sur cette interdiction sont alarmantes et menacent de faire reculer les avancées cruciales obtenues dans la lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles. La proposition d’abrogation de l’interdiction des MGF, constitue une grave violation des droits de l’homme et un recul dans la lutte mondiale, notamment gambienne, contre les violences fondées sur le genre. Les mutilations génitales féminines sont une violation flagrante des droits humains fondamentaux.
Annuler la loi interdisant cette pratique enverrait un message dangereux, remettant en question la priorité accordée aux droits et à la dignité des femmes et des filles gambiennes. Nous condamnons fermement la tentative d’annulation de la loi historique interdisant l’E/MGF en Gambie, qui marque un recul inquiétant des droits des femmes et des filles dans la région, et annule des années de progrès dans l’amélioration des droits des filles en Afrique de l’Ouest. Nous exhortons les autorités gambiennes à rejeter fermement toute proposition visant à annuler la loi sur les MGF et à maintenir leur engagement envers sa mise en œuvre effective.
La législation contre les MGF est conforme aux normes internationales en matière de droits humains et est essentielle pour protéger la santé, la sécurité et la dignité des femmes et des filles. L’Afrique et le reste du monde ont reconnu l’urgence d’abolir cette pratique néfaste à travers des traités tels que la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits de la femme en Afrique (Maputo). Protocole) et la Convention des Nations Unies sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW).
C’est avec inquiétude que nous observons les motions au sein de la législature gambienne qui pourraient potentiellement annuler ces acquis en réintroduisant les MGF par le biais de nouvelles mesures législatives. Nous notons les circonstances particulières qui ont motivé cette décision. Cependant, cela ne peut justifier une telle régression, qui aurait non seulement un impact sur la Gambie, mais créerait également un précédent inquiétant dans les régions qui luttent pour éradiquer les pratiques néfastes et s’efforcent de faire respecter les droits des femmes et des filles. Cela va également à l’encontre de l’esprit de la nouvelle Gambie qui s’est manifesté après le soutien de la CEDEAO en 2016.
Nous prions le gouvernement d’intensifier ses efforts de prévention et de lutte contre cette pratique en s’attaquant aux causes profondes des mutilations génitales féminines et aux facteurs le favorisant. Nous exprimons notre solidarité avec les survivantes et les acteurs étatiques et non -etatiques qui travaillent sans relâche pour mettre fin à cette violation des droits de l’homme Nous appelons les autorités gambiennes à écouter la voix de la société civile, des survivantes de mutilations génitales féminines et des défenseurs des droits humains dans leur prise de décision. Ensemble, nous pouvons éliminer cette pratique préjudiciable et promouvoir le bien-être de toutes les femmes et les filles en Gambie.
Maderpost