L’entreprise Mistral AI lance son robot baptisé « Le Chat », clin d’œil au ChatGPT de l’Américain Open AI. La licorne française propose aussi un modèle de langage, Mistral Large, disponible sur la plateforme dématérialisée de Microsoft, avec qui l’entreprise a noué un partenariat. À peine conclu, cet accord fait toutefois l’objet d’un examen par Bruxelles.
INTELLIGENCE ARTIFICIELLE – La start-up française valorisée à 2 milliards de dollars vante les performances de son service conversationnel comparables à celles de son grand rival GPT-4, sorti en mars 2023 par Open AI. Une fois accédé au « Chat », l’utilisateur a un choix entre trois modèles différents dont Mistral Large, capable d’interagir en anglais, mais aussi en français, espagnol, allemand et italien. Le modèle est accessible sur la plateforme Azure AI de Microsoft.
Pour Arthur Mensch, le cofondateur de Mistral AI, ce partenariat avec Microsoft n’est qu’une première étape. Il permet de faciliter l’accès aux modèles de Mistral AI, notamment pour les grandes entreprises. L’avantage pour le Français est que seuls ses modèles y seront disponibles aux côtés de ceux d’OpenAI. L’étape d’après, c’est d’être présent sur toutes les plateformes.
La place de la France dans l’intelligence artificielle
La sortie en novembre 2022 de ChatGPT par OpenIA a fait beaucoup de bruit. D’autres modèles ont suivi outre-Atlantique, déclenchant une course contre-la-montre côté européen. Alors qu’ils ont pris un train de retard, les Européens misent désormais sur leurs start-ups innovantes afin de profiter pleinement du potentiel économique que représente l’intelligence artificielle. Cofondé en avril 2023 par Arthur Mensch, Guillaume Lample et Timothée Lacroix (tous des anciens de Google ou de Meta) Mistral AI a une ambition de devenir un champion européen à vocation mondiale dans l’IA.
Ses chances ne sont pas si minces, comparé à ses concurrents américains. La France est particulièrement positionnée dans la course à l’IA en Europe. Alors qu’en 2023, Mistral AI réussissait sa première levée de fonds de 105 millions d’euros, le président français Emmanuel Macron avait émis un souhait à ce que la France devienne championne en la matière. Son souhait est en train de se réaliser. Selon le mapping réalisé en mars 2023 par France Digitale, près de 600 start-ups de l’IA ont poussé dans l’Hexagone, dont 60% en Île-de-France. La moitié d’entre elles sont déjà rentables ou envisagent de l’être d’ici trois ans. En février 2024, Google a inauguré son nouveau centre de recherche et développement en intelligence artificielle à Paris.
L’argent manque aux Européens
L’Europe veut aussi redoubler d’efforts pour ne pas se laisser distancer. Le problème, c’est que peu d’entreprises européennes peuvent sérieusement concurrencer ChatGPT ou autres modèles, tels que Gemini (Google) ou Copilot (Microsoft). Outre Mistral AI, seul l’Allemand Aleph Alpha basé à Heidelberg a le vent en poupe. Comment éviter la domination des géants américains du numérique ? Arthur Mensch, cofondateur de Mistral AI, n’exclut pas une régulation. « Il faudra garantir que les clients aient le choix de l’IA qu’ils veulent utiliser, un peu comme cela avait été fait pour les navigateurs Web », dit-il dans un entretien avec le quotidien Le Monde.
Bruxelles s’en mêle
N’y aurait-il pas tout de même un abus de position dominante de la part du géant des logiciels ? C’est ce que la Commission européenne cherche à savoir. Microsoft a annoncé d’avoir investi 15 millions d’euros dans Mistral AI. Un investissement qui devrait être converti en fonds propres lors de la prochaine levée de fonds.
Cet accord fera l’objet d’un examen plus approfondi de la part du gendarme européen de la concurrence. En cas de besoin, une enquête pourrait être ouverte. En janvier, la Commission avait déjà annoncé qu’elle examinait le soutien financier de Microsoft à OpenAI pour savoir s’il était conforme au règlement de l’UE sur les concentrations. « Les autorités de la concurrence s’inquiètent du risque de capture des innovations du secteur de l’intelligence artificielle par un petit nombre de géants du numérique déjà dominants », a-t-on fait savoir.
Maderpost / Rfi