“Ministre conseiller”, Diagna Ndiaye est un adepte des intitulés sans relief qui lui permettent de masquer sa véritable influence. Son titre laconique de “ministre conseiller” du président Macky Sall ne dit pas tout de son CV de financier, long comme le fleuve Sénégal qui baigne Saint-Louis, sa ville natale.
Cet ami personnel d’Abdou Diouf, d’Alassane Ouattara, proche du roi du Maroc, allié des grands patrons, intime des journalistes influents, a bâti un réseau qu’il entretient avec une fortune dont personne ne connaît la véritable étendue. A 69 ans, ce polymathe des affaires est bien câblé sur les milieux économiques, politiques et sportifs sénégalais, africains et même mondiaux.
C’est la clef avec laquelle il ouvre les portes aux investisseurs et qu’il courtise les politiques dans l’axe Paris-Dakar où il est décrit comme “un ami de la France”.
Discret homme de coulisses, c’est au compte de ce membre du Comité international olympique (CIO) depuis 2015 qu’il faut mettre la désignation du Sénégal comme premier pays africain à recevoir les JO de la jeunesse en 2022.
Sur son carnet d’adresses, les stars côtoient les politiques et des chefs d’Etat africains ou étrangers qu’il peut se permettre d’appeler directement par leur prénom. Craint en public, abhorré en secret, son réseau d’amitiés s’étend des milliardaires sénégalais du business, aux grandes plumes de la presse locale et internationale, jusque dans le cercle des Premières Dames africaines ou françaises. Diagna Ndiaye surfe aussi sur son rôle d’intermédiaire financier.
Représentant du groupe Mimran (minoterie) à Dakar, Abidjan, Monaco et New York, ce banquier est à la manœuvre lorsque le meunier achète la banque BIAO, devenue la CBAO en 1993. Conseiller dans le comité d’audit d’ Attijariwafabank, on le retrouve également lorsque le groupe marocain rachète cette banque. C’est également lui qui accompagne l’américain Seaboard Corp. pour le rachat des parts de Mimran dans Les Grands Moulins de Dakar et d’Abidjan.
Dans un épisode d’une “guerre des banquiers” qu’on cite en épouvantail, ce passionné de tennis aurait marqué en 2013 un “full ace” qui a envoyé Abdoul Mbaye hors du cours.
Le Premier ministre de Macky Sall voulait raboter les prix de la farine, le domaine réservé de la famille Mimran. L’affaire du compte d’Hissène Habré ouvert par Abdoul Mbaye sur les comptes de la CBAO plonge ce dernier dans un scandale qui lui vaut la motion de censure. Abdoul Mbaye accuse Diagna Ndiaye d’avoir précipité son limogeage. Lui affirme être étranger à ce fait. Une façon d’envelopper sa puissance de fantasme ? Nul ne le sait.
Source : Afrique.latribune