Les habitués de l’hôtel « l’Amitié » de Bamako n’ont pas manqué samedi dernier d’être intrigués par un ballet incessant de « clients » pas tout à fait ordinaires qui détonnaient dans un des palaces les plus huppés de la capitale du Mali. Les radars de Confidentiel Afrique n’ont pas raté un seul instant de cette grosse exclusivité étalant ces petits détails insoupçonnés allant de la haie d’honneur aux conciliabules prégnants.
MALI – Le hall était bondé de gardes du corps de type caucasien, aux aguets, auxquels se mêlaient aussi des soldats blancs, sanglés dans des uniformes avec des écussons aux couleurs de la fédération de Russie et des « Famas » (Forces armées maliennes) : les fameux militaires du groupe Wagner, présentés par les autorités de la Transition malienne comme des « instructeurs ». Les « musiciens » de l’« Orchestre » fondé par Evgueni Prigojine, comme ils se désignent dans leur jargon, étaient là pour accueillir un hôte de marque : le vice-ministre de la défense russe, l’inamovible Yunus-Bek Yevkurov, à la tête d’une forte délégation.
Un super héros en missi dominici à Bamako, Niamey et Ouagadougou
La visite au Mali de ce colonel-général, musulman originaire d’Ingouchie, devenu l’homme clef du Président Poutine sur le continent après la disparition dans des circonstances mystérieuses de Progojine, auteur d’un coup de force avorté contre l’homme fort du Krémlin, intervient dans un contexte particulier. En effet, les para-militaires de Wagner ont été en première ligne dans la reconquête de Kidal le 14 novembre dernier aux côtés des troupes de l’armée malienne qui ont enfin pu reprendre pied dans ce bastion historique des différentes rébellions touarègues. Déjà reçu au mois de septembre dernier par le colonel Assimi Goita, Yunus-Bek Yevkurov avait aussi fait le saut à Ouagadougou (capitale du Burkina Faso) pour s’entretenir avec le capitaine Ibrahim Traoré, à la tête de la junte qui dirige le Burkina.
Par cette deuxième visite en l’espace de quelques mois seulement, Yunus-Bek Yevkurov, qui est un proche du Colonel Sadio Camara, ministre de la Défense et des Anciens Combattants, un des piliers de la junte au pouvoir à Bamako, est en train de consolider l’influence russe en Afrique de l’Ouest. Sitôt la visite au Mali bouclée, le vice-ministre russe de la Défense s’est posé à Niamey, autre pays dirigé par une junte militaire, depuis le renversement le 26 juillet 2023 du Président Bazoum par le général Abdourahmane Tiani. Les autorités des deux pays, selon un communiqué qui a sanctionné cette rencontre, ont procédé « à la signature de documents dans le cadre du renforcement de la coopération militaire entre la République du Niger et la Fédération de Russie » et ont annoncé une batterie de projets à réaliser sur le plan des infrastructures. Nul doute que cette tournée a été scrutée de très près par les « grandes oreilles » de la CIA américaine et de la DGSE française de plus en plus inquiètes de la montée en puissance de Moscou dans ce qui était encore considéré il y’a peu comme leur « pré carré ».
Maderpost / Confidentiel Afrique