Docteur Abdoul Aziz Kassé et les acteurs de la lutte contre le tabac ont invité hier, mercredi 22 mai, les nouvelles autorités étatiques à s’impliquer davantage dans cette cause. Selon Dr Abdou Aziz Kassé, qui a animé une conférence sur le thème «Protéger les enfants contre l’ingérence de l’industrie du tabac», «la chicha doit être interdite au Sénégal, comme c’est le cas au Mali». Un plaidoyer qui entre dans le cadre de la Journée mondiale sans tabac.
TABAC – La Journée mondiale sans Tabac sera célébrée le 31 mai prochain. En prélude à cette célébration, au Sénégal, pour marquer cette journée, le Dr Abdoul Aziz Kassé a animé une conférence au sein de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar sur le thème : «Protéger les enfants contre l’ingérence de l’industrie du tabac». Pour le praticien, le tabagisme baisse dans les pays occidentaux parce qu’il y a un arsenal juridique qui a été mis en place pour lutter contre le tabac. Ce qui n’est pas le cas dans beaucoup pays africains.
Toutefois, il a avancé que la nouvelle cible des industries du tabac demeure la jeunesse, avec la présence de la chicha qui est plus dangereuse que la cigarette. «L’industrie du tabac va continuer à vendre du tabac mais aussi des substances alternatives qui ne sont plus les mêmes. La chicha est en train de gangrener le pays parce qu’une session de chicha d’une heure est l’équivalent de 20 à 100 cigarettes. C’est inadmissible», a-t-il souligné.
Et d’ajouter : «l’industrie du tabac voyant que ses revenus baissent dans les pays occidentaux, s’est repliée en Afrique et s’adresse à la jeunesse africaine». Face à la présence de cette substance appelée chicha à laquelle la jeunesse est devenue «accro», le Dr Kassé a invité les nouvelles autorités à s’impliquer dans cette nouvelle bataille. «Le Mali a pris ses responsabilités, en interdisant la chicha. Pourquoi pas au Sénégal ?», s’est-t-il interrogé
Dans cette consommation du tabac, les enfants demeurent les plus exposés. A en croire les acteurs de la lutte, l’industrie du tabac vend maintenant de l’addiction, en prenant la nicotine qu’elle met dans des puffs qui ressemblent à des marqueurs. «Ces produits sont extrêmement dangereux pour entretenir une certaine forme de dépendance. Il s’y ajoute d’autres formes de délivrance que l’on appelle les sachets de nicotine que l’on met dans la bouche. Mais, le plus grave, au lieu de ne mettre que de la nicotine dans les puffs, certaines industries asiatiques mettent des dérivés du cannabis, des alcools. Et aujourd’hui ils mettent une drogue que l’on appelle ‘’zombie’’, que l’on n’a pas encore vu au Sénégal», a fait savoir le Dr Kassé.
Suffisant, ajoute-t-il, pour que les acteurs de lutte contre le tabac refusent de faire profil bas, en se taisant face à la menace socioéconomique que constitue ce fléau. «Nous n’avons pas le droit de se taire. Nous avons raté une chose, le ministre de la Santé à l’époque, en 2014, avait refusé que l’on transforme tous les espaces publics et ceux ouverts au public, à des espaces sans tabac. Si on l’avait fait, 20% du tabagisme aurait disparu».
Du côté de l’Association des parents d’élèves du Lycée d’excellence privé Birago Diop, son Secrétaire général, Sidi Kamara, a souligné qu’il y a de quoi s’inquiéter. «Si vous voyez bien la présentation, avec toutes les conséquences sur la santé, l’environnement, les décès que produisent l’industrie du tabac, il y a de quoi s’inquiéter. Du coup, nous allons sensibiliser d’avantage les jeunes sur les voies et moyens de lutter efficacement contre cette industrie du tabac».
Et de relever : «Déjà, il y a les politiques publiques, à travers l’État et le ministère, qui doivent réglementer au niveau des établissements scolaires, des interdictions formelles contre le tabac. Ensuite, les écoles doivent mettre en place des stratégies, des moyens de communication, aussi bien avec les parents, le gouvernement scolaire, pour mettre en place ces recommandations. Il faudrait une vision d’ensemble, entre parents, personnel scolaire, élèves et même la communauté, pour vraiment aider les jeunes parce que ce sont des cibles, aider les jeunes contre le tabac».
Maderpost / Sud quotidien