La médiation menée par le khalife général des mourides pour arrondir les angles entre le pouvoir et l’opposition est l’un des sujets les plus commentés par les quotidiens reçus mercredi à l’APS.
REVUE DE PRESSE – « Serigne Mountakha Mbacké demande aux deux camps d’enterrer la hache de guerre », écrit Le Quotidien, faisant état de 10 revendications exprimées par le Front de résistance nationale (FRN), une coalition de partis d’opposition.
Serigne Bassirou Mbacké Porokhane, l’émissaire du guide religieux, a déclaré avoir pris note de ces revendications après avoir rencontré des leaders du FRN, dont le député Mamadou Diop Decroix.
« Serigne Mountakha Mbacké va parler à Macky Sall », a ajouté son émissaire, qui promet, selon Le Quotidien, d’ « aviser » le public de l’issue de la discussion prévue entre le khalife et le président de la République, Macky Sall.
Cette médiation et l’arrêt des manifestations consécutives à la garde à vue de l’opposant Ousmane Sonko, après l’intervention du guide religieux, font croire au même journal que le spirituel reste un acteur majeur de la politique sénégalaise. « Il paraît que les chefs religieux n’ont plus l’influence qu’on leur prête (…) N’empêche, il a suffi d’une seule sortie du khalife général des mourides pour (…) interrompre toutes les manifestations politiciennes », commente-t-il.
« Le khalife ne va pas vous laisser tranquilles »
« Le changement ne peut s’opérer que par le vote, la violence ne trouve pas de place en démocratie », rapporte Vox Populi, citant le médiateur agissant au nom du khalife général des mourides.
« Tant que le calme n’est pas revenu, le khalife ne va pas vous laisser tranquilles. Donc il faut tout faire pour que la paix revienne », a lancé son émissaire aux leaders politiques, selon des propos rapportés par L’As.
La désignation d’un procureur de la République en remplacement de Serigne Bassirou Guèye et d’un nouveau doyen des juges fait partie des 10 revendications dont le FRN a fait part à Serigne Bassirou Mbacké Porokhane, selon Tribune.
La médiation du guide religieux semble difficile si l’on en juge par cette affirmation de WalfQuotidien : « L’opposition rejette la main tendue du chef de l’Etat. »
« L’opposition n’est pas intéressée par la relance du dialogue politique. Selon elle, le président Macky Sall cherche à rebondir après l’épisode de la dernière crise liée à l’affaire Sonko-Adji », ajoute le même journal, faisant allusion aux accusations de viol et de menaces de mort portées par Mme Sarr, employée d’un salon de massage, sur l’opposant et député élu de Pastef/Les patriotes. Une affaire judiciaire à l’origine de violents heurts qui ont coûté la vie à une dizaine de personnes, début mars.
Cette affaire judiciaire est l’occasion pour L’Observateur d’examiner la « stratégie de décrispation » de l’Etat lorsque les juges planchent sur des dossiers épineux. « Mis sous pression, l’Etat adopte une stratégie de recul dans beaucoup de dossiers jugés ‘chauds’. Cette reculade doublée d’impuissance (…) voilée de la puissance publique cause pourtant une grosse entorse au système judiciaire », observe-t-il sur la base d’entretiens avec des spécialistes.
Selon EnQuête, le député Abdou Mbacké Bara Dolly, membre de Bokk Gis-Gis, le parti de Pape Diop, ancien président du Sénat et de l’Assemblée nationale, propose à l’opposition d’exiger de Macky Sall qu’il renonce à toute candidature à l’élection présidentielle de 2024. En contrepartie de quoi les candidats à sa succession s’engagent à ne pas ordonner de poursuites judiciaires contre lui et les membres de sa famille, sur la gestion du pays.
« Le troisième mandat n’est pas un droit et y renoncer n’est pas une faveur », a commenté le député Cheikh Bamba Dièye, élu de la coalition Taxawu Senegaal (opposition). Quand « un homme d’Etat (…) a fauté avec des deniers publics », il « ne mérite aucune protection », a ajouté M. Dièye sans toutefois dire, selon les propos rapportés par EnQuête, que c’est le cas de Macky Sall.
« Face à Macky Sall, il n’y a plus grand-chose »
Le Témoin Quotidien, lui, pose la question de savoir si l’ancien ministre Karim Wade, en exil au Qatar depuis 2016, peut servir de ‘’messie’’ à une opposition largement dominée par Macky Sall.
« Face à Macky Sall, il n’y a plus grand-chose. C’est comme s’il avait réussi son pari de réduire l’opposition à sa plus simple expression, comme il l’a promis (…) S’il se présente à une troisième élection que le Conseil constitutionnel validera à tous les coups, le cas échéant, qui pourra l’empêcher de s’en sortir victorieux haut la main ? Sans doute Karim Wade », conjecture le même journal.
« ’A condition qu’il (Karim Wade) bénéficie d’une loi d’amnistie qui pourra lui permettre de faire partie de la compétition », ajoute Le Témoin Quotidien.
Sud Quotidien semble croire qu’Ousmane Sonko fait officie du « messie » rêvé par Le Témoin Quotidien. « Quand Sonko requinque l’opposition ! » titre-t-il.
« Le camp anti-Macky reprend des couleurs et semble renaître de ses cendres (…) à la suite des derniers événements liés à l’affaire Ousmane Sonko », souligne le même journal, décrivant l’opposant placé sous contrôle judiciaire comme « un leader qui s’emploie vaille que vaille à entraîner le camp ant-Macky vers une opposition plus dynamique et un front structuré ».
« L’enjeu de pouvoir ferait-il perdre la tête à la classe politique sénégalaise ? » se demande Le Soleil, s’indignant des « propos aigre-doux (…) devenus monnaie courante » au Sénégal, où « tous les états-majors politiques bandent les muscles et promettent de tailler en pièces ceux d’en face ».
« Qu’arrive-t-il donc à nos hommes politiques ? Ont-ils tous perdu la raison ? Et surtout, ont-ils le droit de saborder ce pays toujours en construction à cause de l’enjeu de pouvoir ? » s’interroge Le Soleil, laissant entendre qu’on n’en est plus à cette époque où un célèbre éditorialiste français décrivait le Sénégal comme un pays « riche de ses hommes, de leurs civilités et de leurs talents ».
Concernant les autres sujets, Le Témoin Quotidien s’intéresse aux conséquences de la tuberculose, qui a fait 420 morts au Sénégal en 2020, selon le journal. C’est « un tueur plus insidieux que le Covid-19’’, souligne-t-il, estimant que le Sénégal a obtenu d’‘’excellents résultats » dans la lutte contre cette maladie.
« Près de 2.000 malades ont disparu dans la nature, avec des risques de dissémination de la maladie », lit-on dans Le Témoin Quotidien.
« Une propagation effarante », écrit le journal Le Mandat, concernant la tuberculose. « Il est possible que 500.000 personnes soient décédés de la tuberculose en 2020 », dans le monde, écrit-il, ajoutant, sur la base d’une recommandation de l’Organisation mondiale de la santé, qu’un « nouvel élan mondial » est nécessaire pour l’éradiquer.
Maderpost / Aps