Les manifestations consécutives à l’arrestation de l’opposant Ousmane Sonko continuent d’être commentées par les quotidiens, qui s’intéressent aux mesures prises par le président de la République pour le retour au calme.
REVUE DE PRESSE – “Vraisemblablement, le président de la République cherche à reprendre en main la situation du pays. Le communiqué du Conseil des ministres de ce mercredi 10 mars renseigne sur cette volonté de chef de l’Etat d’agir dans le sillage de son discours à la nation du lundi 8 mars”, écrit Le Témoin Quotidien.
Le journal fait allusion aux décisions annoncées par le chef de l’Etat lors de sa réunion hebdomadaire avec les membres du gouvernement : le deuil national à observer ce jeudi pour la mémoire de la dizaine de personnes tuées lors des violentes manifestations, la fin de l’état de catastrophe naturelle décrété depuis plusieurs mois en raison de la pandémie de Covid-19, un financement de 350 milliards de francs CFA destiné à la jeunesse, etc.
Pour matérialiser sa volonté d’“apaisement”, ajoute Le Témoin Quotidien, “le président de la République a mis à profit le Conseil des ministres pour rassurer” les populations.
“En réunion du Conseil des ministres hier, le président de la République a axé son discours sur la nécessité de relancer l’économie sénégalaise. Il a ainsi décidé de réorienter les priorités autour de la jeunesse ; sans manquer d’annoncer la levée prochaine de l’état d’urgence sanitaire”, rapporte L’As.
Les décisions annoncées par le chef de l’Etat à la suite des heurts font croire au même journal que “le président Macky Sall a décrypté le message de la rue”.
La volonté de Macky Sall “est apparemment de tout faire pour apaiser la colère des manifestants, particulièrement des jeunes. En plus de vivre un chômage endémique, ces jeunes ont toujours exprimé leur désaccord [avec] les mesures de restriction de l’état d’urgence sanitaire, notamment le couvre-feu”, explique L’As.
“Et on ne peut que rendre hommage au président de la République d’avoir décidé ce deuil national qui n’est que le prolongement naturel de l’émotion qui était la sienne” lorsqu’il parlait des “victimes dans son message à la nation”, commente WalfQuotidien.
Ce journal s’est entretenu avec un spécialiste de la gouvernance, qui donne des violentes manifestations la lecture suivante : “L’affaire Sonko n’est que l’élément catalyseur, le déclencheur de la manifestation et de l’expression d’une suite de frustrations, d’injustices et d’ingratitude que les Sénégalais ont ressentie.”
A l’université Gaston-Berger de Saint-Louis (nord), les étudiants ont réclamé “l’arrêt immédiat” des “arrestations arbitraires” et “la libération sans condition” des “otages politiques”, selon Sud Quotidien.
EnQuête estime que l’opposition a été “ressuscitée par l’affaire Sonko”.
“L’opposition sénégalaise a rarement été aussi bien positionnée dans ses rapports avec le régime du président Sall”, observe le même journal, faisant allusion à la libération de M. Sonko à la suite de la pression exercée par ses militants sur les autorités gouvernementales et le système judiciaire.
Mais l’opposition “saura-t-elle capitaliser [les] acquis ?” se demande le même journal, selon lequel “la bipolarisation de l’espace politique se précise de plus en plus”.
“D’une côté, Macky Sall et ses alliés. De l’autre, il y a l’opposition dont le leader naturel est, selon nombre d’observateurs, Ousmane Sonko”, constate-t-il.
Une telle configuration semble faire pièce à la volonté qu’aurait eue le chef de l’Etat de “réduire l’opposition à sa plus simple expression”, selon les souvenirs du journal Le Témoin Quotidien.
Maderpost / APS