SAVANE – S’achemine-t-on vers une disparition totale des lions d’Afrique de l’ouest ? Considéré comme le roi de la savane, le lion (Panthera leo) est une espèce emblématique et pourtant menacée. A l’instar d’autres grands félins comme son voisin le guépard et le tigre en Asie, Panthera leo voit sa population diminuer d’année en année. Alors qu’il y a cinquante ans, 100 000 lions vivaient en Afrique, il y en aurait aujourd’hui entre 20 000 et 25 000 seulement. Parmi eux, une sous-population a particulièrement décliné : celle des lions d’Afrique de l’ouest. Moins de 400 lions d’Afrique de l’Ouest Alors que le lion d’Afrique est une espèce “vulnérable” selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (Uicn), la sous-population qui vit en Afrique de l’ouest est considérée comme “en danger critique d’extinction”. Il s’agit du dernier stade avant la disparition à l’état sauvage. Et il y a de quoi s’inquiéter : alors qu’ils étaient 980 en 1993, il existerait désormais 400 lions d’Afrique de l’ouest dans la nature, dont moins de 220 matures donc en âge de se reproduire (chiffres de 2015). 90 % d’entre eux vivent dans un seul et même endroit, dans le complexe W-Arly-Pendjari qui réunit trois aires protégées : le parc national W au Niger, le parc national d’Arly au Burkina Faso et le parc national de la Pendjari, au Bénin. Pourtant, à l’origine, les lions d’Afrique de l’ouest vivaient sur une aire de répartition bien plus grande englobant tout l’ouest du continent. Mais ils ont perdu 99 % de ce territoire. Ils ont ainsi complètement disparu de la Côte d’Ivoire, de la Gambie, de la Guinée-Bissau, du Mali, de la Mauritanie et de la Sierra Leone et probablement aussi du Ghana et de la Guinée. Aujourd’hui, on ne les trouve plus que dans le complexe W-Arly-Pendjari et plus rarement au Sénégal. Un groupe d’une quinzaine de lions vit également au Nigeria, dans le parc national de Yankari. Lionne et lionceau Cette sous-population est totalement isolée des autres lions africains et serait, d’après de récentes études, plus proche génétiquement des lions asiatiques, en danger d’extinction (EN), et des lions de l’Atlas, aujourd’hui éteints à l’état sauvage. Les lions d’Afrique de l’ouest ne présentent pas de grandes différences visibles avec les autres lions qui vivent dans le sud du continent, explique Grégory Breton, directeur général de l’antenne française de Panthera, une ONG qui œuvre pour la sauvegarde des félins dans le monde. Certains estiment qu’ils auraient des crinières moins fournies, mais il est facile de trouver des contre-exemples. Difficile, donc, de distinguer à l’oeil nu un lion d’Afrique de l’ouest de l’un de ses compères d’Afrique orientale et australe. “Du côté des comportements sociaux, en revanche, il est vrai que les lions d’Afrique de l’ouest vivent généralement dans des groupes plus restreints avec un mâle pour quatre ou cinq femelles alors qu’au Kenya par exemple, certains groupes se composent de deux ou trois mâles adultes et d’une vingtaine de femelles.” Destruction de son habitat Comme évoqué plus haut, les lions d’Afrique de l’ouest ne vivent plus que sur de petits territoires à l’intérieur de parcs protégés. Il y a quelques décennies pourtant, leur aire de répartition était bien plus grande mais elle a cédé du terrain aux terres agricoles et aux pâtures. Par exemple, la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso ont respectivement perdu 79 % et 80 % de leur paysage naturel au profit de l’agriculture, souligne un rapport de Panthera intitulé “Beyond Cecil: Africa’s lions in crisis”. Chasse au trophée et viande de brousse La mort du lion Cecil, tué en juillet 2015 au Zimbabwe lors d’une chasse illégale, avait suscité une vive émotion dans le monde entier. Cet incident avait permis de pointer du doigt une pratique répandue et pas toujours très bien encadrée : la chasse au trophée. De quoi pousser des gouvernements à agir et à instaurer des réglementations plus strictes en matière de safaris et d’importations de tels trophées une fois les chasseurs rentrés dans leur pays. Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette pratique ne représente qu’une petite partie des causes du déclin du lion d’Afrique. Braconnage lion Le braconnage pour la viande de brousse, en revanche, figure en tête de liste des menaces qui pèsent sur le lion d’Afrique de l’ouest. Ce n’est pas le félin qui est directement chassé, mais ses proies. Buffles, zèbres, girafes, impalas, grands koudous et antilopes cobes à croissant sont particulièrement recherchées. Si à l’origine cette viande était surtout consommée dans les milieux ruraux et défavorisés, elle est aujourd’hui considérée comme un mets de luxe dans des marchés comme l’Europe et l’Amérique du Nord. Résultat, les braconniers n’hésitent pas à traquer ces animaux, réduisant par la même occasion de façon drastique le garde-manger des prédateurs comme le lion. Le braconnage Le lion ne fait pas exception et comme tous les grands félins, il est très recherché par les braconniers. Certaines parties de son corps sont en effet utilisées lors de rituels ou dans la médecine traditionnelle africaine et asiatique. Au Nigeria, par exemple, on se sert de la graisse, de la chair, des dents, de la peau, des yeux, des reins, du cœur et du foie dans le cadre de la médecine traditionnelle. Quelles solutions pour sauver le lion d’Afrique de l’ouest ? Les lions d’Afrique de l’ouest ne vivent plus que dans des parcs nationaux et des aires protégées. Pourtant, ils continuent d’être la cible de braconniers et d’actes malveillants. Raison pour laquelle plusieurs acteurs – dont l’ONG Panthera – se sont mobilisés ces dernières années. “Dans le complexe W-Arly-Pendjari où vivent le plus grand nombre de ces félins, nous travaillons conjointement avec la société zoologique de Londres et la société qui gère les parcs nationaux”, détaille Grégory Breton. Grâce à leurs efforts communs, le nombre de lions matures serait en augmentation dans cette zone. “Depuis 2017, Panthera est également présente au Sénégal, dans le parc national Niokolo-Koba où vivraient entre 10 et 50 lions”, ajoute-t-il. Sur place, l’ONG et le département des parcs nationaux sénégalais travaillent de concert. Leur mission : surveiller étroitement une zone du parc en particulier et dissuader tout braconnier de s’y aventurer. “La surface à surveiller est immense mais des équipes se relaient en continu. Il n’y a pas que les lions à protéger dans ces territoires, mais aussi des lycaons, des éléphants, des élans de derby, etc.” Toutes ces opérations menées par l’ONG Panthera font partie du projet Leonardo, dédié à l’espèce. Avec especesmenacees.fr ]]>
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