La COP26 s’ouvrira dans quelques jours. Nos dirigeants s’engageront-ils enfin sur la voie que leur montrent les chercheurs depuis plusieurs années (et même décennies) ? Celle qui permettrait de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C au-dessus des normales préindustrielles. En attendant, et malgré un ralentissement de nos émissions dues à la crise du Covid-19, les niveaux de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ont atteint un nouveau record en 2020. RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE – Dans quelques jours, la 26e Conférence des Parties signataires de la convention-cadre des Nations unies pour les changements climatiques — celle que les initiés appellent la COP26 — réunira à Glasgow (Royaume-Uni) les dirigeants du monde entier. Ils auront alors un objectif commun, celui déjà fixé par l’Accord de Paris en 2015 : prendre les engagements nécessaires à limiter le réchauffement climatique anthropique à un maximum de 2 °C au-dessus des normales de l’ère préindustrielle.
Pour y arriver, il ne fait aucun doute aujourd’hui qu’il faudra revoir les ambitions de chacun en matière d’émissions de gaz à effet de serre (GES). D’autant que, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) vient tout juste de l’annoncer, les concentrations en GES dans notre atmosphère ont atteint un nouveau record en 2020. Augmentant même d’un taux supérieur à la moyenne de la période 2011-2020. La crise du Covid-19 n’aura donc pas eu de réel effet ralentisseur.
https://twitter.com/Scripps_Ocean/status/1401954916847947776?s=20 Le niveau de dioxyde de carbone (CO2) — le plus important gaz à effet de serre, responsable à lui seul de quelque 66 % du réchauffement et que nous connaissons malheureusement tous maintenant — a ainsi atteint les 413,2 parties par million (ppm). C’est 149 % de son niveau préindustriel. « La dernière fois que la Terre a connu une concentration comparable de CO2, c’était il y a 3 à 5 millions d’années. La température était alors de 2 à 3 °C plus élevée et le niveau de la mer était de 10 à 20 mètres plus haut qu’aujourd’hui. Mais il Mais il n’y avait pas 7,8 milliards de personnes sur notre Planète, à l’époque », remarque Petteri Taalas, secrétaire général de l’OMM, dans un communiqué. Le niveau de méthane, quant à lui, dépasse les 260 % de son niveau d’avant 1750 et celui du protoxyde d’azote (N2O), les 120 %. Parmi les gaz à effet de serre, il n’y a pas que le CO2Rappelons que le méthane (CH4) est ce que les chercheurs qualifient de gaz à effet de serre à courte durée de vie. Il demeure en effet dans l’atmosphère pendant environ une décennie seulement. Il est toutefois responsable d’environ 15 % du réchauffement. Mais d’où vient-il ? De sources naturelles, déjà. Comme les zones humides. Et de sources anthropiques aussi. Des élevages de ruminants, de la riziculture intensive, de l’exploitation des combustibles fossiles, des décharges ou encore de la combustion de la biomasse.
C’est justement la problématique qu’abordent celles que les spécialistes appellent les contributions déterminées au niveau national (CDN). À quelques jours de l’ouverture de la COP26, ces dernières sont considérées comme « un engagement clair à agir contre le réchauffement climatique ».
Pourtant, le dernier Emissions Gap Report – comprenez, le rapport qui fait le point entre les besoins et les engagements en matière de réduction des émissions de GES – publié par Programme des Nations unies pour l’environnement le précise, si les nouveaux CDN – arrêtés au 30 septembre 2021 – « réduisent les projections d’émissions pour 2030 de 7,5 %, une baisse de 30 % serait nécessaire pour atteindre l’objectif de +2 °C et même de 55 % pour atteindre celui de +1,5 °C ».
Les CDN des parties signataires de l’Accord de Paris sont donc « très loin de là où la science dit qu’elles devraient être », regrette Patricia Espinosa, secrétaire exécutive de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, dans un communiqué.
« Nous sommes complètement en dehors des clous », confirme Petteri Taalas. Car lorsque toutes les contributions déterminées au niveau national sont prises en compte, y compris celles qui n’ont pas encore été mises à jour, notre monde se dirige plutôt vers une augmentation de ses émissions de gaz à effet de serre de 16 % d’ici 2030. Nous emportant vers un réchauffement qui pourrait frôler… les 3 °C !
« Pour avoir une chance de limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, nous avons huit ans pour réduire de près de moitié les émissions de gaz à effet de serre — qui devrait être de 33 gigatonnes d’équivalent CO2 en 2021 — : huit ans pour élaborer les plans, mettre en place les politiques, les appliquer et enfin, réaliser les réductions — alors que les dernières CDN prévoient une réduction d’environ 4 gigatonnes seulement. L’horloge tourne à plein régime », souligne quant à elle Inger Anresen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), dans un communiqué. Maderpost / Futura Sciences / Natlaie Mayer]]>