L’école sénégalaise doit devenir le pilier de la souveraineté nationale grâce à l’introduction des langues nationales, la valorisation du patrimoine culturel, tout en étant libérée aussi d’une certaine dépendance financière pour assurer une éducation véritablement autonome et pertinente, a estimé, mardi, Waly Bâ, professeur de lettres au lycée Cheikh Hamidou Kane de Mbao.
EDUCATION – « En réorientant notre système éducatif, nous pouvons créer une génération de Sénégalais capables de relever les défis du XXIème siècle tout en restant fidèles à nos racines et à notre société », a-t-il affirmé.
Il prononçait le discours d’usage de la cérémonie de remise des prix aux lauréats du Concours général 2024.
Le thème de cette édition 2024 est « Enjeux, défis et perspectives pour une école au service de la souveraineté ».
Cent lauréats reçoivent ce lundi 112 distinctions pour leurs performances remarquables dans des domaines aussi variés que les sciences, les mathématiques, la mécanique, la comptabilité, l’électrotechnique, les langues.
Pour le professeur de lettres au lycée Cheikh Hamidou Kane de Mbao, « les difficultés liées à la mise en œuvre de ces réformes aux résultats sans doute mitigés ne sont pas étrangères à la lenteur de notre nécessaire marche vers la souveraineté ».
« Le souci de perfectionnement nous habite depuis toujours et c’est fort louable mais, jusque-là, la somme de nos efforts n’a jamais été à la hauteur de nos honorables ambitions », a -t-il relevé devant le chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye, le Premier ministre, Ousmane Sonko, et des membres du gouvernement.
Il estime qu’« il nous faut faire mieux et plus le tout dans une cadence beaucoup plus soutenue ». « Nous n’avons à vrai dire aucun autre choix, car nous avons pris l’option d’avoir la souveraineté ».
Il a rappelé qu’à travers le temps, le système éducatif sénégalais a subi plusieurs réformes pour répondre aux aspirations légitimes du peuple. Il a cité à cet égard les états généraux de l’éducation qui, tenus en 1981, représentent une « initiative historique exceptionnelle ».
Tenant compte des insuffisances liées à l’application des conclusions des états généraux, des réformes qui les ont précédées, l’Etat du Sénégal a organisé en 2014 les Assises nationales de l’éducation et de la formation dont les ambitieuses déclarations d’intention ont soufflé un grand vent d’espoir.
« S’il est vrai que l’école est un des leviers par excellence au moyen desquels la souveraineté s’obtient, il va bien falloir aller vers une transformation en profondeur de notre système éducatif comme le stipule la nouvelle vision des autorités », a préconisé Waly Bâ.
Ainsi, pour le professeur de français, il s’agit de « faire évoluer notre système éducatif vers une société éducative inclusive et efficiente pour enfin former à l’horizon 2035 un citoyen bien adossé à son socle endogène de valeurs africaines et spirituelles tout en étant préparé aux défis du développement durable, des sciences et technologies, du numérique et de l’intelligence artificielle ».
L’émergence d’une école au service de la souveraineté commence aussi par un approfondissement de l’intégration des langues nationales dans notre système éducatif, a ajouté Waly Bâ.
Des initiatives concrètes ont été récemment prises dans ce sens, notamment avec le modèle harmonisé d’enseignement bilingue au Sénégal, a-t-il indiqué que. Selon lui, l’importance de celui avait déjà été reconnue par l’historien Cheikh Anta Diop.
Maderpost / Aps