Les lacunes du système de prévention sénégalais sont clairement apparues au cours de la pandémie, mettant en évidence un besoin urgent de renforcer les infrastructures sanitaires, de développer des protocoles adaptés aux grands rassemblements, et d’améliorer la surveillance épidémiologique.
TRIBUNE – La gestion des épidémies au Sénégal, particulièrement en contexte d’alerte comme celle de la variole simienne, met en lumière des défis significatifs accentués par les caractéristiques uniques de la vie sociale et religieuse du pays. Le Sénégal, marqué par une riche tradition de rassemblements massifs, est le théâtre de nombreux événements sociaux et religieux tels que les baptêmes, les mariages, ainsi que des célébrations religieuses comme le Gamou, le Magal de Touba, et le ziaré. Ces rassemblements attirent des foules considérables, souvent dans des conditions qui ne permettent pas le respect adéquat des mesures de prévention sanitaire. Lors de ces événements, la densité de la foule et les pratiques communautaires habituelles compliquent l’application des mesures de distanciation physique et d’hygiène, rendant la gestion des crises sanitaires particulièrement complexe.
Comparé à des pays avec des systèmes de prévention et de réponse plus développés, comme la Corée du Sud, le Sénégal révèle des lacunes notables. La Corée du Sud, avec ses infrastructures avancées et ses protocoles rigoureux, peut rapidement déployer des ressources pour gérer les crises sanitaires grâce à une surveillance épidémiologique sophistiquée et des mesures de contrôle strictes. En revanche, le Sénégal a montré des faiblesses pendant la pandémie de COVID-19, notamment en termes de capacité de test, de surveillance, et de coordination entre les institutions de santé. Les mesures de confinement et de quarantaine étaient souvent appliquées de manière incohérente, et les campagnes de sensibilisation ont parfois été insuffisantes.
Les lacunes du système de prévention sénégalais sont clairement apparues au cours de la pandémie, mettant en évidence un besoin urgent de renforcer les infrastructures sanitaires, de développer des protocoles adaptés aux grands rassemblements, et d’améliorer la surveillance épidémiologique. La création de centres de soins spécialisés et la mise en place de laboratoires capables de réaliser des tests à grande échelle sont essentielles pour gérer efficacement les crises sanitaires. En parallèle, il est crucial d’élaborer des protocoles sanitaires rigoureux pour les grands événements, intégrant des mesures telles que des points de contrôle sanitaire et des campagnes de vaccination préventive. Une surveillance épidémiologique renforcée avec des outils de suivi des contacts et des systèmes d’alerte précoce est également nécessaire pour détecter et contenir rapidement les foyers d’infection. Les campagnes de sensibilisation doivent être adaptées aux spécificités culturelles locales pour être plus efficaces, et des partenariats avec des organisations internationales peuvent fournir un soutien technique et des ressources supplémentaires en cas de crise. En développant ces stratégies, le Sénégal pourra mieux se préparer à affronter les alertes sanitaires et protéger sa population contre les menaces émergentes.
Mamadou BALDÉ
Maître en droit public
Maderpost