Le potentiel industriel et commercial du Sénégal est « largement sous-exploité en raison de plusieurs défis structurels que les différentes politiques publiques mises en œuvre depuis les indépendances n’ont pas réussi à adresser », rapporte un document provisoire intitulé États généraux de l’industrie, du commerce et des PME/PMI parcouru par Maderpost.
ECONOMIE – Si l’industrie et le commerce occupent une place importante dans l’économie nationale, contribuant respectivement à environ 24 % et 13 % du Produit intérieur brut (PIB) (38% au total), ils sont loin de leur potentiel qui indique qu’ils peuvent et doivent faire mieux, nous apprend un document d’octobre 2024 informant que l’industrie emploie 23 % de la population active et le commerce près de 15 %.
Cette contribution bien que significative n’est pas optimisée. Le potentiel industriel et commercial du Sénégal est « largement sous-exploité en raison de plusieurs défis structurels que les différentes politiques publiques mises en œuvre depuis les indépendances n’ont pas réussi à adresser », note le diagnostic.
Pourtant dès 1961, sous le président Léopold Sédar Senghor qui hérite des installations coloniales même si beaucoup d’entre elles restent la propriété d’anciens colons qui ont veillé à ne jamais procéder au transfert de technologie, la Politique de valorisation des ressources naturelles mise en place a la volonté́ de développer les exportations (arachide, coton) et de mener une politique d’import-substitution.
A la tête d’une administration nationale non moins épiée par des « conseillers techniques français » (jusqu’à 5 dans certains ministères selon un homme d’affaires des années 60 et 70) dans les départements et directions nationales et à la merci d’une banque centrale (BCEAO) dirigée jusqu’en 1974 par des Français, Senghor essaie de réaliser son projet, en maintenant les chemins de fer, allant même jusqu’à faire concevoir et monter un mini-camion Gaindé dont les Sud-Coréens s’inspireront pour la construction de leur premier véhicule Poney après une visite à Dakar.
Si les facteurs exogènes sont défavorables à l’économie sénégalaise, l’ingérence française fait encore plus de mal à l’industrie locale, la première en Afrique de l’Ouest depuis 1885.
L’avènement en 1984 du premier Plan d’ajustement structurel sous la pression des institutions de Breton Wood amène Abdou Diouf à adopter en 1986 une Nouvelle politique industrielle avec un accent sur l’amélioration de l’environnement des affaires. L’homme de gauche, leader du Parti socialiste est obligé de procéder à la libéralisation. De plus en plus à droite, il ne sait pas qu’il n’est qu’au début de ses peines.
Sur le plan économique, Senghor avait connu les chocs pétroliers de 1973 et 1979, en marge de ce qu’il appelait la « détérioration des termes de l’échange (l’échange inégal) » et le refus des pays développés de procéder aux transferts de technologies.
Sur le plan politique, la seule tentative de coup d’Etat déclaré en 1967, la grève de mai 1968, la disparition en aout dans la même année de son ami et souteneur le khalife des mourides Serigne Fallou, la mort dans des conditions suspectes de l’étudiant Omar Blondin Diop à la prison de Gorée en 1973, l’ouverture démocratique avec la reconnaissance du parti de contribution, le Parti démocratique sénégalais de Me Abdoulaye Wade, la multiplication des putschs en Afrique de l’Ouest, amènent le premier président sénégalais à quitter le pouvoir le 1er janvier 1981.
Son successeur s’en ira 20 ans plus tard après l’épreuve de la dévaluation du FCFA en janvier 1994.
De 2002 à 2013 sous l’ère de la première alternance, la Politique de redéploiement industriel est mise en œuvre intégrant un objectif de territorialisation. Le Sénégal qui est passé de la gauche à la droite découvre un Keynésien.
Les prix grimpent, les taxes tombent de partout. Le foncier et l’immobilier s’érigent en mode de « richesse rapide », les prix insoutenables et les coupures d’électricité plongent les industries dans le noir. La crise mondiale issue du dégonflement de la bulle Internet en 2000 n’est rien par rapport à ce qui attend l’administration Wade. Le monde capitaliste connaît la Grande Récession de 2007 à 2009. La Grande Récession comment par une crise alimentaire que certains appelleront la guerre du blé ou des céréales, ensuite celle économique puis financière. Les secteurs industriel et commercial reçoivent un énorme coup sur la tête ce d’autant que le prix du baril du pétrole flambe. Wade paye le prix de son entêtement à vouloir rempiler pour un troisième mandat forcé. Les émeutes de l’électricité ont raison de lui.
Macky Sall arrive à la faveur la deuxième alternance avec en prime une chute vertigineuse du prix du baril de pétrole qui passe de 150 dollars à 20 dollars. Le nouveau président surfe sur l’aubaine mais ne baisse pas les prix du carburant à la pompe et celui de l’électricité. Il attendra quelques années. Il mise sur le Plan Sénégal Émergence (2014 à 2023) pour faire du Sénégal un « hub logistique et industriel régional avec la mise en place de plateformes industrielles, la création d’un pôle manufacturier à haute valeur ajoutée et le développement des infrastructures logistiques ».
Une ville sort de la terre fertile de Diamniadio plus propice à l’agriculture qu’à l’immobilier. Mais, chez les libéraux sénégalais, le foncier et l’immobilier son un don du ciel, même s’ils peinent à construire 100 000 logements
En dépit des programmes, agences, slogans, la part du secteur secondaire dans le PIB n’évolue que modestement, passant de -14% au moment des indépendances à un niveau stationnaire de 22-24% sur les 14 dernières années. Pour deux alternances libérales on ne peut que s’en étonner.
Cependant, les indicateurs de performance du secteur industriel révèlent que la valeur ajoutée manufacturière a connu une croissance annuelle moyenne de 4% sur la période 2014- 2022 (passant de 1 465 milliards FCFA à 2 003 milliards FCFA).
Sur la même période, la valeur ajoutée manufacturière par habitant a augmenté́ à un rythme moyen de 1% par an (passant de 105 000 FCFA à 113 000 FCFA).
Les exportations de produits manufactures ont progressé́ de 7% en moyenne par an (passant de 665 milliards FCFA en 2014 à 924 milliards FCFA en 2022).
La part des exportations de biens manufactures dans les exportations totales est restée relativement stable autour de 28 %.
De même, la part relative de la valeur ajoutée manufacturière dans le PIB est restée stagnante à 15-17 %.
Les indicateurs de performance du secteur industriel révèlent que la valeur ajoutée manufacturière a connu une croissance annuelle moyenne de 4% sur la période 2014- 2022 (passant de 1 465 milliards FCFA à 2 003 milliards FCFA).
Sur la même période, la valeur ajoutée manufacturière par habitant a augmenté́ à un rythme moyen de 1% par an (passant de 105 000 FCFA à 113 000 FCFA).
Les exportations de produits manufactures ont progressé́ de 7% en moyenne par an (passant de 665 milliards FCFA en 2014 à 924 milliards FCFA en 2022).
La part des exportations de biens manufactures dans les exportations totales est restée relativement stable autour de 28 %. De même, la part relative de la valeur ajoutée manufacturière dans le PIB est restée stagnante à 15-17 %.
Le présent régime qui bascule à gauche a du pain sur la planche, ce d’autant que les dégradations pleuvent depuis l’annonce par le Premier ministre le 26 septembre 2024 de l’état des finances publiques et du tripatouillage des chiffres du régime Sall.
Il y a eu d’abord la dégradation des obligations en dollars du Sénégal, ensuite celle de la note du Sénégal par Moody’s et dernièrement celle de Standard and Poor’s en début de semaine. En situation d’un Plan d’ajustement structurel qu’on lui voit éviter difficilement, le nouveau pouvoir devra assainir les finances publiques, élargir l’assiette fiscale, faire des réformes structurelles, en veillant à ne pas freiner la dynamique économique déjà fortement éprouvée pour ne pas dire en situation critique.
Il lui faudra réussir le pari de la réunification du secteur privé pour n’avoir qu’un seul interlocuteur et changer le paradigme actuel beaucoup plus accentué sur une économie de rente et non de risque grâce aux accompagnements et cadrages de politiques économique avec bien sûr des prix abordables de l’électricité.
Maderpost