Un journaliste de radio populaire camerounais porté disparu à la suite de ce qu’un groupe de défense des droits des médias a qualifié d’enlèvement a été retrouvé mort, ont annoncé dimanche son employeur et la police.
CAMEROUN – Martinez Zogo était directeur général de la station de radio privée basée à Yaoundé Amplitude FM et animateur vedette d’une émission quotidienne populaire, Embouteillage (Gridlock).
A l’antenne, l’homme de 51 ans abordait régulièrement des affaires de corruption, n’hésitant pas à interroger nommément des personnalités importantes.
Il était porté disparu depuis mardi. « Je me suis rendu tôt ce matin à Ebogo (15 kilomètres au nord de Yaoundé) où j’ai vu et reconnu le corps de Martinez Zogo. L’adjoint du procureur était présent et son épouse était là pour l’identifier », a déclaré Charly Tchouemou, rédacteur en chef de la radio Amplitude FM à l’AFP.
La mort de Zogo a été confirmée à l’AFP par une source policière qui s’est exprimée sous couvert d’anonymat. Une grande foule s’est rassemblée alors que le corps de Zogo a été transporté à la morgue de l’hôpital central de Yaoundé pour une autopsie, a déclaré à l’AFP un membre de la famille de la victime sous couvert d’anonymat.
Les médias sociaux ont été inondés de messages suite à sa disparition, Reporters sans frontières (RSF) condamnant « l’enlèvement brutal d’un journaliste ».
Selon RSF, la voiture gravement endommagée de Zogo a été retrouvée mardi devant un poste de police dans la banlieue de Yaoundé, la capitale camerounaise.
« Il existe de nombreuses zones d’ombre concernant les circonstances de son enlèvement brutal », a déclaré à l’AFP Sadibou Marong, responsable du bureau Afrique subsaharienne de RSF.
« Les autorités doivent lancer une enquête rigoureuse, approfondie et indépendante pour établir toute la chaîne de responsabilité et les circonstances qui ont conduit à ce triste événement », a déclaré Marong. Le syndicat national des journalistes du Cameroun a condamné un « assassinat odieux » et a exhorté les professionnels des médias à porter du noir le 25 janvier en signe de deuil.
L’Institut international de la presse, une organisation de défense de la liberté de la presse basée à Vienne, a exhorté les autorités camerounaises à « enquêter rapidement sur cet horrible meurtre et à veiller à ce que les responsables soient traduits en justice ».
L’opposition politique s’est également indignée, le député du Front social-démocrate (SDF) Jean-Michel Nintcheu dénonçant un « crime qui ne peut rester impuni ».
Dimanche, plusieurs chaînes de télévision camerounaises ont consacré leurs programmes à la mort de Zogo.
L’écrivaine franco-camerounaise Calixthe Beyala s’est dite « déprimée, attristée » par l’annonce de sa mort. « J’ai su qu’il était mort dès qu’il a été annoncé qu’il avait été kidnappé », a-t-elle déclaré à Info TV. « On peut se poser la question : à qui est-ce le tour ? Chacun de nous peut se retrouver dans cette situation pour quelque chose qu’on aurait pu dire. »
Maderpost / Africanews / AFP