MONNAIE – Contrairement à la croyance populaire, une monnaie nationale qui se définit par rapport à une autre monnaie n’est qu’une unité de compte et/ou instrument de paiement, avec un destin de feuille morte, portée par les grés du vent qu’elle ne contrôle pas.
Une telle monnaie est un risque systémique pour une économie souveraine parce qu’elle est un des vecteurs de sa vulnérabilité directe verticale aux chocs extérieurs.
D’aucuns s’appuieraient sur cette observation pour vite justifier l’ancrage dans le système BCEAO UEMOA FCFA comme une impérieuse nécessité. Ils iraient vite en besogne.
Parce que l’administration de ce système telle qu’elle se présente actuellement, expose les économies de la Zone FCFA aux mêmes vulnérabilités que connaissent les pays qui battent leurs propres monnaies.
La seule différence étant que le FCFA donne un pouvoir d’achat et d’importation qui ne correspond pas aux caractères structurels des économies concernées.
Le réveil peut être brutal. Exemple, la dévaluation de 1994.
En réalité, c’est parce que ni le FCFA, ni les autres monnaies nationales de l’Afrique de l’Ouest ne sont pas de véritables monnaies. Ce sont des unités de compte et/ou des instruments de paiement.
Elles ne sont pas des facteurs d’expansion économique, l’émission monétaire n’étant pas arrimée à la volonté d’un endettement productif à tous les niveaux des circuits économiques internes.
C’est justement l’appétit croissant pour de l’endettement créateur de richesses partagées dans un maximum de chaînes de valeurs intégrées, qui alimente l’émulation massive pour l’investissement, en diluant les risques d’entreprise, par la diversification des acteurs qui tirent tous solidairement aux mêmes cordes.
Cela se fait avec une politique volontariste de crédit à l’expansion économique, qui lie solidairement les banques centrales, les banques commerciales et toute l’activité économique ; par le financement orienté, intégré et dé-risqué du développement de chaînes de valeurs.
C’est cela le rôle du crédit dans l’émission monétaire. C’est ce qui explique la nervosité des marchés financiers quand le président de la banque centrale américaine fait un discours qui laisse penser que son taux directeur va baisser ou monter.
Or, en Afrique en général, le niveau des taux directeurs des banques centrales revêt le caractère de fariboles : aucune incidence sur les investissements dans les circuits économiques !
C’est parce que la plupart des structures économiques en Afrique ne sont ni en cohésion, ni cohérentes, ni intégrées, comme si elles étaient le produit d’une poésie du hasard.
Donc souveraineté monétaire oui, mais pour construire des économies intégrées et déplafonner les activités productives. C’est possible mais cela ne se fait pas par idéologie.