Le gouvernement du président argentin Alberto Fernandez a lancé une carte d’identité pour personnes non binaires, c’est-à-dire des personnes qui ne se reconnaissent pas comme étant du genre masculin ou féminin. Une première en Amérique latine.
ARGENTINE – C’était une revendication du mouvement LGBTQI, très puissant en Argentine. Mais cela s’inscrit aussi dans le cadre d’une politique d’État qui vise à favoriser la diversité, le libre choix des citoyens sur les questions de genre et, d’une manière générale, l’instauration de nouveaux droits en correspondance avec l’évolution de la société.
Comme l’a dit le président Alberto Fernandez lors de la présentation, mercredi 21 juillet, à la Casa Rosada, le palais présidentiel, de la carte d’identité non binaire, l’État n’a pas à s’intéresser au sexe des habitants du pays. À cette occasion, au cours d’une cérémonie émouvante, trois personnes non binaires ont reçu des mains du chef de l’État, preuve de l’importance de ces questions en Argentine, leurs nouvelles cartes, identiques à celles qu’ils avaient jusque-là, mais où un X avait remplacé les lettres M ou F, traditionnellement attribuées aux hommes et aux femmes selon leur sexe biologique.
Peu de réactions des conservateurs
C’est une mesure adaptée à l’évolution de la société. Et il n’y a même pas eu de réaction publique significative de la part des conservateurs. Il faut dire que la société argentine est très largement libérale et permissive sur ce genre de questions. Elle l’est aussi sur la procréation médicalement assistée (PMA) ou l’adoption par des couples de même sexe, légalisés sans problème.
Un mouvement comme La Manif pour tous est difficile à imaginer en Argentine. On l’a vu lors du vote de la loi sur le mariage entre personnes de même sexe, appelé mariage égalitaire, en 2010, ou encore, avec la loi d’identité de genre, adoptée en 2012 et considérée la plus libérale du monde. Cette loi permet à tout un chacun de changer de prénom et de sexe sur simple déclaration auprès de l’état civil et de recevoir ensuite une nouvelle carte d’identité officialisant son nouveau prénom et son sexe autoperçu.
La reconnaissance de la non-appartenance à son sexe biologique est essentielle psychologiquement pour les personnes concernées. Mais elle peut changer aussi leur vie au quotidien, par exemple quand une personne dont l’apparence physique ne correspond pas au sexe déclaré doit aller aux toilettes dans un lieu public. Mais aussi en ce qui concerne l’accès au travail.
Ainsi, toujours dans le cadre d’une politique favorisant la diversité, et en ce qui concerne plus particulièrement les travestis et transgenres, généralement contraints à la prostitution, la loi dite de travail travesti-trans, promulguée il y a quelques semaines, oblige le secteur public à réserver au moins 1% de ses postes de travail à des membres de cette communauté et incite le secteur privé à faire de même.
Maderpost / Rfi