Une annulation de la dette des pays africains, loin d’être un geste de compassion envers l’Afrique, va s’avérer bénéfique pour les pays créanciers, dont la croissance devrait profiter d’un développement du continent, estime le secrétaire exécutif de l’Observatoire de la qualité des services financiers (OQSF).
DETTE – La particularité de l’économie mondiale, c’est qu’elle “évolue dans un système globalisé” marqué par une “imbrication des intérêts”, fait remarquer Habib Ndao dans une tribune dont l’APS a obtenu une copie.
Vu sous cet angle, un développement économique du continent africain entraînerait “inéluctablement une croissance dans les Etats de ses créanciers et vice versa”, analyse-t-il.
Le président de la République, Macky Sall, a demandé l’annulation de la dette de l’Afrique en raison de la pandémie de coronavirus. Un appel auquel a fait écho celui de son homologue français, Emmanuel Macron, qui estime que la France et l’Europe doivent aider l’Afrique à lutter contre le Covid-19 “en annulant massivement sa dette”.
Mais les ministres des Finances du G20 ne se sont mis d’accord, mercredi, que sur une suspension temporaire du service de la dette des pays les plus pauvres.
“Si l’humanité est attachée à la paix et à la stabilité”, “l’allégement de la dette peut contribuer à accélérer la sortie d’une situation de pandémie à un rebond vers un développement durable’’, affirme le secrétaire exécutif de l’OQSF, un service placé sous la tutelle du ministère sénégalais de l’Economie.
“Les pays du G20 ne doivent pas simplement alléger la dette : ils doivent aussi appuyer le développement à long terme, pour ne pas hypothéquer la croissance de leurs Etats par effet de levier’’, écrit-il.
Certes, au début des années 1990, le rééchelonnement de la dette dans la foulée de laquelle il y a eu une quasi-annulation, “n’a pas résolu les difficultés financières des pays éligibles’’.
Mais selon Habib Ndao, beaucoup d’eau a, entre temps, coulé sous les ponts, l’Afrique d’aujourd’hui n’étant presque plus la même.
“En 2020, c’est une lapalissade de dire que notre continent a changé, avec de nouveaux leaders […] plus soucieux de croissance, d’interdépendance économique’’, a ajouté M. Ndao, estimant que le continent est “mieux gouverné’’ aujourd’hui qu’auparavant et “maîtris[e] de mieux en mieux les arcanes de l’exploitation de nos matières premières’’.
S’il est vrai que l’Afrique a pris la route du développement, avec des handicaps structurels, il n’en reste pas moins que “depuis une demi-douzaine d’années […] est apparu un nouveau leadership’’.
Ce nouveau leadership est, selon Habib Ndao, “plus conscient des enjeux mondiaux, plus professionnel dans la gestion de nos économies” et maîtrise de “plus en plus la gestion et la valorisation de nos ressources naturelles’’.
Et il a “la volonté ferme d’éradiquer de manière progressive et durable cet injuste paradigme de la ‘détérioration des termes de l’échange’ que dénonçait le président Léopold Sédar Senghor’’.
“L’Afrique est un continent avec une population majoritairement jeune, dont la moyenne d’âge tourne autour de 19 ans ; quel fabuleux débouché pour les produits et services du monde entier !’’ ajoute le secrétaire exécutif de l’OQSF.
Elle est aussi “la deuxième région économique à la croissance la plus rapide, derrière l’Asie, sa population aspire à un mieux-être, une meilleure santé, une meilleure nourriture, une meilleure éducation, ainsi qu’à vivre dans un meilleur environnement’’.
Selon Habib Ndao estime que “la montée en puissance d’une classe moyenne, la croissance d’une démographie jeune, l’urbanisation et l’adoption rapide des technologies numériques font de l’Afrique le marché du siècle, pour les biens et services du monde entier’’.
Il considère que “la propagation sans frontières du Covid-19 d’aujourd’hui et celle du terrorisme d’hier ont apporté la preuve que le monde ne sera ni en sécurité économique, ni en sécurité tout court, tant que l’Afrique sera laissée en rade’’.
Maderpost / APS
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