L’Afrique face au défi du numérique, de l’industrialisation et des enjeux de la culture et du développement c’est le thème d’un colloque tenu à Genève, occasion de réfléchir des relations Afrique-Europe. Les participants à ce colloque appellent à un changement de paradigme.
INDUSTRIALISATION – Ce colloque a vu la participation de Mohammed Mbougar Sarr et de l’architecte, président du club des investisseurs du Sénégal, Pierre Goudiaby Atépa. Ce dernier milite pour l’industrialisation de l’Afrique c’est-à-dire que l’Afrique ne soit plus un continent où on extrait des ressources naturelles mais également un endroit où la transformation de ces matières premières a lieu.
“Il faut qu’à Genève les gens comprennent que le monde est en train de changer, qu’il est en pleine mutation. Nous estimons que Genève étant la place financière par excellence, il était important que ce message soit porté ici. Nous avons initié ce que nous appelons la nouvelle route de l’acier et de l’aluminium à l’image des nouvelles routes de l’acier des Chinois parce que nous pensons qu’il est grand temps que l’Afrique puisse s’approprier la transformation de ses matières premières. Notre slogan est : transformer, encore transformer, toujours transformer”, a expliqué Pierre Goudiaby Atépa.
“Aujourd’hui, l’aluminium vient de la Guinée qui est le premier exportateur de bauxite qui fait à peu près 15000 km pour aller être transformé à Dubaï et revenir sans compter les effets sur l’environnement avec les gros cargos qui font le trajet” poursuit M. Atépa qui propose un changement de paradigme.
“A Dakar nous avons aujourd’hui du gaz et du pétrole, il est évident, pour nous, que transformer la bauxite à 600 km fait beaucoup plus de sens”.
L’architecte et chef d’entreprise appelle aussi l’occident à plus de considération de la part de l’Afrique.
“La Suisse voit l’Afrique d’hier mais l’Afrique a changé et continue de changer. La Suisse nous regarde de trop haut. Je donne toujours l’exemple du visa de 4 jours qu’on m’a donné pour venir à une conférence alors que je suis un chef entreprise. Il faut que la Suisse comprenne que l’Afrique est en train de changer”, dixit-il.
Pierre Atépa Goudiaby n’a pas manqué d’inviter l’Europe à soutenir l’Afrique dans ses efforts de sortir de la pauvreté. “Nous savons également que vous êtes une place financière importante ; nous comptons sur vous pour accompagner cette révolution parce qu’encore une fois tant que vous ne nous aider pas à éradiquer la pauvreté dans nos pays, vous serez envahis comme vous l’êtes actuellement par tout ce monde-là qui n’a pas le choix”.
A son avis, les candidats à la migration irrégulière vers l’Europe n’ont pas tort sur toute la ligne. Selon lui, l’Europe a une part de responsabilité indéniable. “Là où ils ont raison quelque part c’est que vous européens vous êtes responsable en partie de cette de migrations irrégulières parce que vous prenez nos matières premières”, a-t-il justifié.
Maderpost / Mamadou Ba