Profitant d’une tendance à la baisse du nombre de morts causés par la pandémie de coronavirus, l’Espagne a desserré d’un cran lundi son confinement en autorisant une reprise partielle du travail, bien qu’ailleurs la maladie continue à endeuiller la planète.
CORONAVIRUS – Au moment où dans de nombreux pays les mesures de distanciation sociale semblent porter leurs fruits et ralentir le rythme des décès, le gouvernement de Madrid a autorisé les Espagnols à reprendre, dans une certaine mesure, le chemin des usines et des chantiers, après deux semaines “d’hibernation” où toutes les activités économiques non essentielles étaient à l’arrêt.
“Nous restons loin de la victoire, du moment où nous retrouverons cette normalité dans nos vies”, a déclaré dimanche le chef du gouvernement Pedro Sanchez. Les 46,6 millions d’Espagnols restent d’ailleurs soumis au strict confinement imposé depuis le 14 mars.
Lundi, le bilan quotidien de la pandémie en Espagne est passé à 517 morts, le chiffre le plus bas depuis le 20 mars, portant le total des décès dans le pays le plus endeuillé d’Europe après l’Italie à 17 489 tués.
Pour tenter de relancer une économie fragile tout en évitant un rebond des contagions, des policiers et des volontaires ont distribué, dans les métros et les gares, dix millions de masques aux personnes obligées d’emprunter les transports en commun.
Maria Martinez, qui travaille dans un centre de santé, s’est félicitée d’avoir reçu un masque en montant dans le train, “parce qu’on n’en trouve pas ou ils sont très chers”.
“Nous en recevons tout juste” assez pour travailler, “alors je n’en avais pas pour me déplacer”, a-t-elle expliqué en arrivant à la gare d’Atocha à Madrid.
Les autorités de santé estiment que le pic de la crise a été dépassé, depuis les 950 morts enregistrés le 2 avril.
En Allemagne, l’Académie nationale des sciences Leopoldina, dont les avis sont très suivis par les autorités, a prôné lundi un retour “par étapes” à la normale, si notamment les chiffres des nouvelles contaminations “se stabilisent à un bas niveau” et si “les mesures d’hygiène sont maintenues”.
Dimanche le ministre de la Santé, Jens Spahn, a laissé entrevoir un allègement des mesures coercitives, plus ou moins strictes selon les régions, qui affectent durement la principale économie européenne.
La reprise du travail, bien entamée en Chine après la levée des mesures de confinement dans la région où est née la pandémie en décembre, est toutefois loin d’être à l’ordre du jour dans de nombreux autres pays.
En France, le président Emmanuel Macron va, dans une allocution à la télévision, annoncer lundi soir une prolongation du confinement généralisé, au moins jusqu’au 10 mai.
Le pays a constaté dimanche une légère baisse du nombre de patients en réanimation pour le quatrième jour consécutif, ainsi que du nombre de décès en une journée à l’hôpital (310 morts contre 345 la veille) pour un total de 14 393 morts.
La maladie COVID-19 a déjà tué au moins 114 539 personnes dans le monde, un chiffre qui a doublé en un peu plus d’une semaine.
Les États-Unis restent le pays le plus endeuillé avec au moins 22 109 décès. Avec un total de plus de 78 000 morts, l’Europe demeure le continent le plus durement touché.
En Iran, les autorités ont annoncé lundi 111 décès supplémentaires et évoqué une “tendance décroissante et régulière” des nouveaux cas de contamination.
Chaos en Équateur
Ailleurs, la situation est effroyable dans plusieurs pays, notamment en Équateur où hôpitaux et pompes funèbres sont complètement débordés. À Guayaquil, la capitale économique, une équipe spéciale de policiers et militaires a été créée pour recueillir les cadavres qui restent parfois abandonnés dans les rues.
Cette équipe a déjà récupéré près de 800 corps dans les habitations à travers la ville.
Mais le nombre quotidien de morts montre des signes de repli depuis plusieurs jours dans certains des pays les plus affectés, en Italie, en France et aux États-Unis.
L’Italie a annoncé dimanche sa journée la moins meurtrière en plus de trois semaines, avec 431 morts en 24 heures (près de 20 000 au total).
La pandémie semble également approcher de son pic aux États-Unis où 1514 nouveaux décès ont été enregistrés en 24 heures, un chiffre en recul pour le deuxième jour consécutif.
L’expert en chef de la Maison-Blanche, Anthony Fauci, a estimé que l’économie américaine pourrait redémarrer graduellement en mai. Alors que les principaux indicateurs de la propagation “ne sont pas seulement stabilisés mais commencent à redescendre », il a dit son « optimisme prudent”.
Le gouverneur de l’État de New York, épicentre de la maladie avec plus de 9000 morts, a toutefois tempéré : “On ne voit pas de baisse importante, c’est juste une stabilisation”, a affirmé Andrew Cuomo.
Un premier marin du porte-avions USS Theodore Roosevelt a été retrouvé mort lundi sur l’île de Guam, dans le Pacifique, où le navire est à l’ancre et a été partiellement évacué.
Boris Johnson sorti d’affaire
La maladie n’épargne pas non plus les puissants : le premier ministre britannique Boris Johnson, 55 ans, s’en est sorti, de son propre aveu, de justesse. Après avoir passé une semaine à l’hôpital, dont trois jours en soins intensifs, il récupérait lundi dans la résidence de campagne des premiers ministres, au nord-ouest de Londres.
L’épidémie a tué plus de 11 000 personnes au Royaume-Uni.
Pour renforcer le contrôle du confinement dans la capitale russe, la ville de Moscou a lancé lundi un système de laisser-passer électronique que les habitants devront télécharger pour pouvoir se déplacer en voiture ou en transport en commun.
Sur le front économique, les pays exportateurs de pétrole sont convenus dimanche d’une baisse de production d’une ampleur inédite, dans l’espoir d’enrayer la chute des cours. Les prix du brut ont bondi en Asie lundi matin, mais les marchés boursiers ne se sont pas enflammés, considérant cet accord comme un minimum attendu.
Maderpost / AFP