L’édition 2021, de la Conférence sur la politique foncière en Afrique, a débuté ce lundi, lançant un appel retentissant aux pays africains pour que ceux-ci développent des politiques foncières tenant compte des pauvres et des droits fonciers inclusifs, en particulier pour les femmes et les jeunes.
FONCIER – « Nous avons besoin d’un engagement aux niveaux national et régional pour assurer l’équité », déclare la Ministre rwandaise de l’environnement, Jeanne D’Arc Mujawamariya, aux délégués lors de l’évènement hybride, qui se déroule en présentiel au Rwanda. Elle dit que « tout ce qui concerne le foncier nécessite une forte volonté politique, l’adhésion des gens et une collaboration étroite ».
La Ministre décrit comment le changement climatique augmente le risque de déforestation et de dégradation des terres et appelle à l’innovation dans la mise en œuvre des réformes et des services fonciers.
« Nous sommes également frappés par la pandémie de Covid-19 », ajoute-t-elle, « qui a ralenti les progrès économiques du continent. La terre fait partie de notre histoire collective, et nous devons la protéger pour les générations futures ».
Le thème de la conférence de cette année est « La gouvernance foncière pour la sauvegarde de l’art, de la culture et du patrimoine pour l’Afrique que nous voulons ». Un thème, conforme à la déclaration de l’Union africaine de 2021 comme l’année « Des arts, de la culture et du patrimoine : Leviers pour construire l’Afrique que nous voulons », conformément à l’Agenda 2063.
Par l’intermédiaire d’un représentant, Dr Beth Dunford, Vice-Présidente de la Banque africaine de développement pour l’agriculture, le développement humain et social, fait état d’un argument solide en faveur d’un accès, d’une utilisation et d’une propriété équitables par tous les membres de la communauté, en particulier les femmes et les jeunes.
Représentée par Aissa Sarr Touré, Directrice de pays pour le Rwanda, Dunford déclare : « La terre est un élément clé de la production alimentaire et une source majeure de capital pour les pauvres. Dans tout programme sur la réforme foncière et les droits fonciers des femmes en Afrique, l’importance de la terre et sa répartition inégale entre hommes et femmes devrait être davantage prise en considération ».
« Nous, à la Banque, sommes très déterminés à ce sujet dans l’ensemble de nos programmes et la mise en œuvre de nos projets. Nous continuerons à soutenir nos États membres dans la vision nationale et l’impératif d’un développement inclusif et durable », ajoute-t-elle.
Mama Keita, Directrice du Bureau sous-régional pour l’Afrique de l’Est, de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, indique que les créatifs peuvent aider à rendre plus accessibles les informations techniques sur la réforme foncière.
« Les informations sur la gouvernance foncière peuvent être restituées sous forme de musique, de films, d’arts visuels, de nouvelles et d’animations, et présentées dans différentes langues africaines pour une plus grande portée », affirme Keita.
Elle ajoute : « Les institutions traditionnelles et autres mécanismes de règlement des différends sont utilisés, parallèlement au droit écrit, pour régler les différends. Mais il reste encore beaucoup à faire ».
L’Ambassadrice Josefa Sacko, Commissaire à l’agriculture, au développement rural, au développement économique et durable bleu, à la Commission de l’Union africaine, rappelle aux participants que la concurrence pour les terres en raison du changement climatique alimente les conflits en Afrique.
« En Afrique australe, l’héritage historique non résolu de l’aliénation des terres coloniales sous-tend les risques de conflit social et politique. Ces dernières années, une augmentation des achats de terres africaines par des entreprises et des gouvernements étrangers pour cultiver des denrées alimentaires et d’autres cultures destinées à l’exportation a également sonné l’alarme sur et en dehors du continent ».
Partageant l’expérience de son pays sur les défis fonciers et les innovations requises, Sakombi Molendo, Ministre des affaires foncières de la République démocratique du Congo, déclare : « Nous avons découvert que 80 % des affaires portées devant les cours et tribunaux sont foncières. Nous avons engagé des réformes pour changer cette situation. En deux ans, nous avons réussi à rédiger de nouvelles politiques foncières qui seront bientôt soumises au gouvernement pour délibération.
Le Centre africain sur les politiques foncières, un projet de collaboration de la Commission de l’Union africaine, de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique et de la Banque africaine de développement, accueille la Conférence sur la politique foncière en Afrique tous les deux ans. Ladite conférence rassemble des décideurs africains, des universitaires, des dirigeants de la société civile, ainsi que le secteur privé et des agences internationales pour discuter de l’avenir de la politique foncière en Afrique.
Maderpost / Financial Afrik