Mamadi Doumbouya, le président de la transition de Guinée, snobe la Communauté des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Sanctionné par les dirigeants de l’organisation sous régionale, gel de ses avoirs, interdiction de voyager, le nouvel homme fort guinéen refuse de transiger sur la “souveraineté nationale” de ce pays.
GUINEE – “Nous avons bien sûr besoin de nos partenaires, mais ce qui est pour nous non négociable, c’est la souveraineté nationale, parce que nous tenons à la liberté. Et la Cédéao, je pense, doit penser au mal qui gangrène nos pays. Et je pense que la Cédéao doit penser aux peuples africains de l’Ouest, parce que les peuples aussi ont besoin de la protection des institutions qui en leur nom sont censées aider nos pays et nos populations à sortir de l’injustice”, a-t-il répliqué, accordant son premier entretien à Rfi, depuis le coup d’État du 5 septembre dernier.
“J’ai fait don de moi, cela fait des années que je n’ai pas pu sortir de la Guinée”
Poursuivant, il a ajouté que “ma vie entière je la donnerai à ce peuple-là, qui mérite ça. Et si on a décidé le 5 septembre d’aller à la mort, c’est parce qu’on avait vu l’état de notre pays. Et nous avons pensé tous ensemble qu’il fallait sauver le pays en donnant notre vie. Et je pense que c’est notre devoir en tant que soldat, en tant que patriote, de se battre et d’aller à la mort encore une fois que ça soit sur le plan politique ou physique pour sauver le pays, pour sauver la patrie, et pour sauver les Guinéens en leur donnant l’espoir bien sûr et en changeant leurs conditions de vie parce que, après 63 ans, après tout ce qu’on a en Guinée comme économie, comme mines, comme tout ce qui va comme richesses si j’ose dire, je pense que ce peuple mérite mieux que l’état dans lequel nos aînés l’avaient mis…Et en ce qui concerne les avoirs, nous les membres du CNRD, nous n’avons rien à gérer. Donc, ça pour moi, ce sont juste des principes. Mais à savoir s’il y avait quelque chose à gérer, vous pouvez chercher. Vous ne trouverez pas. Maintenant, nous faisons tout quand même pour arrêter l’hémorragie dans notre pays. Et depuis notre arrivée, nous avons essayé de fermer tous les robinets, parce que, pour moi, les deniers publics ne sont pas quelque chose avec quoi on peut jouer. Le voyage, je pense que nous avons besoin de voyager bien sûr en Guinée pour voir nos problèmes en face et trouver les solutions à nos problèmes.”
“Je ne suis pas un justicier”
Interpellé sur le sort du président déchu, Alpha Condé, en résidence surveillée, il exclut de le gracier. “Je ne suis pas un justicier. Je suis le président de la transition. Et aujourd’hui, vous avez une ministre de la Justice qui s’occupera de toutes les situations de justice. C’est tout ce qui nous a amené dans toutes ces déstabilisations, dans tous ces problèmes qu’on a, c’est la personnalisation de la chose publique. Je ne ferai pas le travail de la justice. Je suis président de la transition et non ministre de la Justice. Donc, la justice guinéenne aura toute son indépendance. Elle aura aussi tout mon accompagnement pour que ce peuple assoiffé de justice puisse vraiment se retrouver”.
Par ailleurs, il n’a toujours pas fixé la durée de la transition. “Il faut qu’on soit en cohérence avec ce qu’on dit. Nous avons dit qu’on donne le pouvoir au peuple de Guinée, parce que nous voulons mettre en place un système qui pourra résister aux tentations des hommes. Et pour se faire, nous laisserons au peuple de Guinée où le CNT (Conseil national de transition) aura toutes les composantes de la Nation”, a-t-il expliqué à Rfi.
Maderpost / Emedia