Comme l’a écrit en exclusivité le quotidien sportif RECORD dans sa livraison de ce vendredi 31 décembre 2021, Aliou Cissé a choisi ses «espions» pour superviser ses adversaires de la CAN Cameroun 2021. Il s’agit des techniciens Amsatou Fall, Bassouaré Diaby, Malick Daff et Serigne Saliou Dia. Habitué à travailler avec Cissé, notamment lors des CAN 2017 au Gabon et 2019 en Egypte, Youssouph Dabo a été zappé cette fois-ci. Le coach de Teungueth FC à coeur ouvert.
FOOTBALL – Coach, on a appris que vous ne serez à la CAN au Cameroun avec l’équipe du Sénégal…
Non, cette fois-ci, je ne serai pas à la CAN avec la sélection. J’ai fait les deux éditions précédentes (2017 et 2019) ; la première fois, j’ai été sollicité par Aliou Cissé alors que je n’étais pas encore membre de la DTN. Pour l’édition suivante, naturellement, il m’a rappelé ; j’étais alors dans la DTN en tant que sélectionneur de l’équipe nationale U20. Et depuis lors, il y a beaucoup de choses qui se sont passées. Notamment, sur mon cas personnel, quand j’ai choisi Teungueth FC au détriment de la sélection. Je sais que ça n’a pas plu à beaucoup de gens dans la fédération.
Vous voulez dire que ce n’est pas un choix de Aliou Cissé mais une décision émanant de la fédération ?
Ma relation avec Aliou Cissé dépasse le cadre du football. Et que j’aille à la CAN ou pas n’y change rien. Mais, il y a des gens au sein des instances, aujourd’hui, je sais que le fait que j’ai choisi Teungueth FC au détriment de l’équipe nationale U20, ils ne l’ont pas digéré. Et voilà, c’est les mêmes gens, aujourd’hui, qui ne veulent plus de Youssouph Dabo dans la sélection. Je ne dis pas que c’est tout le monde mais je sais qu’il y a certains, dans ces instances, à qui le fait que j’ai choisi mon club leur pose problème. Parce que le message clair c’est : il a choisi son club, il n’a plus rien à faire en équipe nationale.
Et qu’est-ce que vous pensez de cette décision de vous écarter de l’équipe nationale ?
Cette équipe nationale là appartient à tous les Sénégalais. Donc, quand on me dit que tel dirigeant ou tel autre a dit que tu ne dois plus venir en équipe nationale parce que tu as choisi ton club… Ils oublient qu’en 2017, je suis parti à la CAN avec l’équipe nationale et que, quand je suis revenu, j’ai été viré de mon club à l’époque (Diamil Faye, alors président de Guédiawaye FC, l’avait limogé pour être parti à la CAN sans son accord, ndlr). Ce sont ces mêmes personnes qui, aujourd’hui, disent : «il a choisi son club, il ne doit plus venir en équipe nationale». Pourtant, personne parmi eux n’avait levé le petit doigt pour s’enquérir de ma situation. Donc, ça fait rigoler, en fait. Moi, je suis dans autre chose, je suis à fond derrière cette équipe nationale, parce que Aliou Cissé et son groupe méritent de gagner cette compétition.
En quoi a consisté votre travail avec la sélection lors des CAN Gabon 2017 et Egypte 2019 ?
En 2017, moi, j’étais appelé à aller voir le Zimbabwe contre l’Algérie parce qu’on devait les avoir au deuxième match. Je les ai regardés jouer, j’ai fait mon analyse sur les forces et faiblesses de cette équipe zimbabwéenne, j’en ai discuté avec le staff technique. Je l’ai fait contre l’Algérie aussi parce qu’on était dans la même ville. Serigne Saliou Dia était à Libreville avec l’autre poule qu’on devait croiser. Quand il est revenu, on s’est réuni pour voir les éléments sur vidéo. J’étais plus un superviseur, mon rôle était plus accentué sur ça. Analyste aussi parce qu’il m’arrivait de faire des montages-vidéo et de donner ça à Aliou pour qu’on les montre aux joueurs. En 2019, ça a changé. Même s’il met arriver de superviser, j’étais plus impliqué dans la vie du groupe, je participais aux séances, aux réunions techniques aussi. Cela ne m’empêchait pas d’aller superviser nos adversaires, c’était plus large, j’étais dans le staff même je n’étais pas sur le banc. J’avais un rôle beaucoup plus élargi.
On apprend que l’encadrement de l’équipe nationale de Guinée vous a approché pour cette CAN…
Effectivement, j’ai été approché par la Guinée Conakry. J’ai été sollicité pour accompagner leur staff durant la compétition. C’est flatteur parce que tu te dis que «Waouh, il n’y a pas seulement le Sénégal, il y a aussi d’autres pays qui pensent à toi». Et ça fait plaisir. Je le dis souvent, le football ne se joue pas uniquement au Sénégal. Par rapport à cette sollicitation, j’en ai parlé avec mes proches avec qui je discute, à chaque fois que j’entre dans une affaire, pour qu’ils me donnent leur position. C’est des avis partagés, certains m’ont dit d’y aller ; je comprends leur position, c’est par rapport à la frustration. D’autres m’ont dit que ça peut être mal vu. Moi, j’ai jugé nécessaire de ne pas y aller. Après, j’ai rediscuté avec les dirigeants guinéens qui m’avaient approché et j’ai brièvement échangé avec le sélectionneur Kaba Diawara. Les dirigeants guinéens ont compris ma position.
Quelle posture sera la vôtre par rapport à toute cette situation ?
Je vais continuer de travailler tranquillement dans mon coin et j’avance. Je suis croyant et tout ce qui m’arrive est de la volonté divine. Il y a certaines choses qui ne peuvent pas me dépasser, rien ne peut m’ébranler».
Maderpost / Record