Le conflit entre Israël et la Palestine est l’un des sujets les plus présents depuis plus de 50 ans en matières internationales. Tantôt oublié, tantôt remis au-devant de l’actualité par les cycles d’intifada connus dans le passé, il assombrit les perspectives de pacification de ce Moyen-Orient au passif géopolitique très lourd, et divise au niveau international. Sa résolution paraît impossible tant les intérêts qui s’y greffent sont énormes et demeurent existentiels pour certains Etats.
TRIBUNE – Le manque d’interlocuteurs crédibles qui peuvent engager tous les autres lorsqu’une décision majeure peut être trouvée pour l’une des parties est saillant. Ensuite la partie palestinienne, est bloquée par sa représentativité par le Hamas dont la qualification de mouvements terroristes ne donne pas de relief auprès d’Israël et des autres, alors qu’il se meuve en représentant légitime de la Palestine, depuis qu’il a gagné les élections en 2006, dans la bande de Gaza, l’épicentre des bombardements.
Ce mouvement est lié à des intérêts, avec les plus farouches qui sont dirigés contre l’existence d’Israël. Les différents groupes dont la création et l’existence sont faits autour de la négation d’Israël, agissent de mèche avec le Hamas, ou le soutiennent, dans ses actions d’application de cette sentence inacceptable contre l’Etat hébreux. Quand le Hamas frappe, le Hezbollah n’est jamais loin, ainsi que d’autres groupes d’obédiences islamistes comme le Jihad islamique, et autres. Le soutien est amplifié et rendu plus explosif par l’Iran, et d’autres Etats de la région, prompts à soutenir, même de manière cachée, le Hamas, sous les habits de défense des intérêts du peuple palestinien.
La résolution de la crise israëlo-palestinienne, sonnerait le glas de l’existence de beaucoup de ces groupes, qui trouvent leurs moyens de subsistance dans le fait qu’ils sont les bras armés d’acteurs voulant l’effacement définitif d’Israël de la carte moyen orientale, en font un fonds de commerce pour leurs objectifs politiques et financiers ainsi que ceux de leurs leaders, alimentent la rue autour de slogans creux défavorables à l’occident, considéré comme le sponsor de l’Etat hébreux dans une supposée entreprise de destruction du peuple palestinien.
Cette crise réglée enlèverait aussi à l’Iran un moyen crucial d’existence régionale, et de détournement de l’attention de ses problèmes politiques internes dont il n’arrive pas à trouver de solutions.
Du côté d’Israël, l’extrême droite doit toujours trouver un moyen politique d’exister, et cette crise en est une. L’apaisement des tensions n’est pas favorable au déploiement de ses forces politiques. C’est pourquoi, elle a toujours mis en avant les questions de sécurité pour étendre ses ambitions politiques, quitte à accentuer l’occupation, avec la construction controversée et toujours dénoncée de nouvelles colonies. Les militants d’extrême droite israélien ont contribué à saboter de nombreux processus qui pourraient aboutir à la solution à deux Etats (avec des islamistes palestiniens), comme le processus d’Oslo, avec l’assassinat de l’ancien premier ministre Itshak Rabin.
Aujourd’hui, la paix paraît lointaine. Avant l’attaque du 07 Octobre, il y avait une farouche volonté d’apaiser les tensions, et de s’ouvrir à un processus plus large pouvant aboutir à une véritable circonstance de paix. Mais il fallait pour les mouvements islamistes et l’Iran, saper les fondements d’une telle dynamique et aussi mettre au banc des accusés le rapprochement entre l’état juif et des pays musulmans comme l’Arabie saoudite, qui contribuerait à isoler l’Iran dans sa volonté affichée et sans ambages de détruire Israël.
Pour combattre l’occident, d’autres Etats se rejoignent à cette occasion de mener leurs combats d’arrière-garde, rendant encore une solution de paix beaucoup plus compliquée à trouver, et prolongeant de fait des années encore, les souffrances inouïe du peuple palestinien qui est opprimé depuis des années.
Il faut un mouvement mondial autour de la solution à deux Etats, et du respect des résolutions de l’ONU. L’horreur de la guerre, les images insoutenables d’enfants, de femmes, sous les bombes sont révoltantes, et en contradiction avec nos valeurs humaines. Il ne s’agit pas de condamner Israël dont on peut dénoncer l’usage excessif de la violence, en réponse à la tragédie du 07 Octobre, elle-aussi tout autant tragique que les attaques contre les civils montrées sous l’effet des bombardements, mais de se mettre sur une orbite définitive, en faveur de la résolution du conflit, malgré les écueils soulignés avec l’impossibilité de faire la paix avec des organisations dont le sacerdoce est de détruire l’Etat hébreux.
Ce mouvement, le Sénégal l’incarne déjà en tant qu’il préside depuis plus de 45 ans, le comité pour l’exercice des Droits inaliénables du peuple palestinien. De ce simple fait, il en a la légitimité et mobiliserait facilement une communauté internationale, en prévoyant des oppositions, sans nuire aux bonnes relations qui ont toujours existé avec Israël, malgré une période d’incompréhension ayant abouti à une mise en berne des acquis entre les deux pays en un moment.
Le Sénégal doit mettre à profit cette période pour reprendre l’initiative autour de cette question. La division notée au sein du Conseil de sécurité pour adopter une résolution, dont 4 ont été rejetées, parfois sur la base d’autres considérations, doit pousser à une mobilisation d’autres acteurs autour du Sénégal pour tenter une position intermédiaire qui pourrait être un plus acceptable.
René Massiga Diouf
Docteur en Science Politique, Auteur et Journaliste
Maderpost