Véritable force industrielle en Afrique de l’Ouest de 1940 à 1970, le Sénégal est rentré dans les rangs en 1990, perdant sa primauté dans le secteur pour se tourner vers des importations effrénées et vendanger ses devises et capitaux. ECONOMIE – Rien ne préparait le Sénégal à cette perte de vitesse industrielle tant tout lui souriait sur le plan infrastructures industrielles. La primeur et la primauté étaient réelles sur ses voisins africains et sur de nombreux pays Asiatiques qui l’ont, hélas, dépassé depuis. Devenus des « dragons » dans les années 1980, la Corée du Sud, le Singapour, la Malaisie, le Vietnam, entre autres, sont devenus des puissances économiques. Et dire que Corée du Sud, qui a mis 50 ans pour changer la structure de son économie et se hisser au même niveau que bon nombre de pays occidentaux si elle ne les a pas dépassés, avait le même indice de développement que le Sénégal. Il y a de quoi enrager. L’histoire glorieuse de l’industrie sénégalaise n’est pas une vue de l’esprit. Elle a existé si l’on en juge par les travaux du financier sénégalais Alla Sène Gueye titulaire d’un MBA en 1999 à l’Université Laval au Canada en option finance et assurance. Dans une document intitulé « Perspectives économiques du continent africain : un nouvel ordre social pour le continent », M. Guèye fait savoir que l’industrie sénégalaise date de 1883 et que son « âge d’or » se situe entre 1940 et 1990. C’est ainsi qu’accédant à la souveraineté internationale en 1960, le Sénégal se retrouve avec plusieurs unités industrielles dans presque tous les secteurs de la transformation. Installée au Sénégal en 1941, BATA se distingue dans le domaine de l’habillement. On note aussi SEDAR et MAX SPORT, la Société industrielle du vêtement (SIV), la Cotonnière du Cap-Vert (CCV), SOTIBA en 1951, SRG-ICOTAF toujours en 1951, SOSEFIL en 1961, STS en 1968 et SOTEXKA en 1988. Parmi ces unités industrielles du secteur habillement, hormis SOTEXKA mise en place sous le Président Abdou Diouf, tout le reste date de la période coloniale ou senghorienne avec et sans Mamadou Dia. Dans le domaine du transport, les époques coloniales et senghorienne mettent en évidence la marque BERLIER dans les années 1940, GAINDE dans les années 1970. Alla Sène Guèye évoque aussi MRO, AIR AFRIQUE, SNCF et plus tard, sous Me Abdoulaye Wade SENIRAN et SENBUS. Pour la petite histoire, la Corée du Sud qui proposera au Sénégal dans les années 1980 de co-construire, à Dakar, la voiture Hundai n’avait pas encore sa voiture quand le Président Senghor lançait GAINDE au Sénégal. L’agro-industrie n’était pas en reste. Il y avait LESSIEUR (huile d’arachide), SONACOS, SENLAIT, NSTI, NESTLE, PROCOS, SENEGEL, SURGEL, SOPOA, SNCDS, SAUPIQUET partie en Côte d’Ivoire, sous Abdou Diouf SOCAS, SUNEOR plus tard. L’emballage et la papeterie étaient aussi de la partie avec les marques CARNOT METALBOX, SENEPLAST, SIPLAST, SIPS, SENPLAST. Dans les domaines cosmétique et pharmaceutique, on comptait COLGATE PALMOLIVE, PFIZER parti au Maroc, MEDIS plus récemment. Pour l’énergie, il y a toujours la Société africaine de raffinage (SAR) créée en 1961, CAFAL (boîtes d’allumettes), SIGELEC, SIMLEC. La transformation notamment de l’acier était aussi présente avec TMS, TREFILERIES DU SENEGAL, SIBA, DIPROM, etc. En chimie, il y avait SSPT, SENCHIM, ensuite les ICS Mais les choses vont se gâter très vite La sécheresse de 1973, point de départ de l’exode rural, et le premier choc pétrolier survenu en 1973, ensuite en 1979, vont grever les budgets, ralentir fortement le secteur industriel et compromettre ses termes de performances, obligeant l’administration senghorienne à exporter de plus en plus de matières premières au détriment de leur transformation rendue impossible par le surenchérissement des coûts de production. La montée vertigineuse du prix du baril du pétrole, l’avènement de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), la guerre froide entre les blocs de l’Ouest et de l’Est vont fragiliser l’effort de développement des pays Africains. Le premier président du Sénégal, Léopold Sédar Senghor a dénoncé pendant plusieurs années ce qu’il appelait « détérioration des termes de l’échange » et le refus de l’Occident de procéder au transfert de technologie. L’explosion de la demande nationale accélérée par une forte croissance de la démographie et l’effritement de l’industrie vont faire l’affaires des industries étrangères et augmenter ainsi les importations qui n’ont cessé du reste de grimper depuis. Arrive ensuite l’époque Diouf et les ajustements structurels imposés par les institutions financières de Bretton Wood. Les budgets consolidés de l’investissement deviennent comme peau de chagrin. Abdou Diouf privatise à tour de bras. L’éducation sombre. Le front social se réchauffe. La première alternance politique se réalise en 2000, mais l’industrie sénégalaise ne s’en porte pas mieux. D’autres difficultés endogènes aggravent la situation. Pour M. Guèye, elles sont liées à la mauvaise gestion, à la délocalisation, au démantèlement et nombreuses faillites enregistrées dans les années 1990. Aux fraudes, contrefaçons et surtout à la dévaluation du CFA en janvier 1994. Contrairement aux « Dragons » qui, malgré leur gap industriel et infrastructurel, ont résorbé leur retard sur les pays Occidentaux, à la Chine dont le réveil se murmurait dès les années 1970, le Sénégal a raté le boom industriel qui lui semblait promis. Plus de 50% de sa population est encore agricole, contribuant pour seulement pour 18% au PIB. D’où sa pauvreté et le virage raté de production agricole à grande échelle qui ne peut être portée que par … l’industrie “parce que c’est elle qui tire l’agriculture et les services. Sans industrie il n’y a point d’agriculture. C’est le principe même de la transformation de la structure d’une économie”, dit M. Guèye. Vivement le retour alors vers l’âge de l’industrie sénégalaises, les années 1940… 1970. Charles Faye ]]>
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