L’incertitude politique ne crée pas seulement du brouillard sur l’économie, elle l’affaiblit. La demande, l’offre et les ménages sont les trois circuits par lesquels l’incertitude politique émanant de la présidentielle au Sénégal, pèse négativement sur l’activité.
ECONOMIE – J’y vais, j’y vais pas… lorsque les entreprises, les consommateurs et les partenaires financiers doutent de l’avenir, on est en plein dans l’incertitude. En revanche, lorsqu’il s’agit du risque, il peut être connu, identifié et dès lors il est possible d’en évaluer la probabilité.
L’incertitude, quant à elle, est trop singulière pour permettre cette évaluation en probabilités. Dans toutes les grandes démocraties, il est difficile en effet, de savoir qui sera au pouvoir dans un an. Or, le politique est censé fixer le cadre, donner un plancher de stabilité, pointer le « sens de l’avenir ». Le contexte politique actuel au Sénégal a ceci de particulier, qu’il catalyse un certain nombre de faits inédits dont : dix-neuf candidats à l’élection présidentielle à laquelle le président sortant ne participe pas.
Une première dans un pays où la solidité des institutions a toujours inspiré confiance aux investisseurs, entreprises, etc… Sauf que cette fois-ci, le vent de crise constitutionnelle brandi à tort ou à raison, qui a secoué le pays, peut être assimilé à un « choc » qui, selon les chercheurs Michele Piffer et Maximilian Podstawski, « accroît l’incertitude avec un effet récessif sur l’économie dans le mois qui suit ce choc ». Il ya donc de quoi refroidir les ardeurs des investisseurs.
D’ailleurs, le Fonds monétaire international (FMI) a fait récemment le même constat, en soulignant que « la prudence potentielle des investisseurs pourrait conduire à des taux d’intérêt plus élevés et des conditions financières plus strictes ». Cependant, l’institution estime que le Sénégal pourrait être bien placé pour faire face aux inquiétudes potentielles des investisseurs « en raison de ses sources de financement diversifiées et moins volatiles ». Cela est-il suffisant pour restaurer la confiance ? C’est ça la question.
Le constat qui est fait, est que du côté de la demande, face à la forte incertitude, les entreprises sont réticentes aujourd’hui à produire (sous peine d’accumuler des stocks d’invendus), et à investir. Elles adoptent une attitude attentiste afin de recueillir assez d’informations pour prendre leurs décisions. Elles sont poussées à le faire en raison de l’irréversibilité de certaines dépenses. L’incertitude amène, de ce point de vue, les entreprises à retarder leurs projets investissements, car il y a des coûts fixes, irrécouvrables, pour entreprendre ces derniers.
Du côté des ménages, l’incertitude affecte les décisions de consommation et d’épargne. De peur de gagner un revenu moindre que celui attendu, ou d’avoir à faire face à d’importantes dépenses inattendues, les ménages réagissent en épargnant par précaution. Ils ont tendance à réduire leurs consommations de biens durables, en attendant des lendemains meilleurs. Mais ce n’est pas partout pareil. M. El Hadj B. Diop qui est adjoint au manager d’une grande marque de distribution, qui a pignon sur rue à Dakar, atteste pour sa part que « Rien n’a changé pour nous, au contraire les commandes ont doublé durant le ramadan. Nous avons travaillé comme d’habitude. »
De manière générale, les entreprises et ménages sont réticents à emprunter, dès lors qu’ils sont moins certains de leurs recettes et revenus futurs. Ainsi, non seulement l’investissement et la consommation s’en trouvent déprimés, mais l’économie se retrouve face à un risque accru de crise financière.
Dans le secteur des assurances, « Sur les deux dernières semaines avant l’élection, on a senti un ralentissement au niveau des transactions et tout le monde était dans l’expectative selon M. D. Attentisme et méfiance sont de rigueur, mais une fois l’élection passée comme c’est le cas actuellement, les bailleurs et autres investisseurs sont à présent plutôt rassurés et tous les acteurs repartent dans leurs stratégies d’investissement avant même que le nouveau président ne soit installé. »
Même son de cloche dans le secteur bancaire. Pour M. T. l’annonce sur le franc CFA a été accueillie « avec une certaine circonspection. » Par ailleurs, poursuit-il, au niveau du secteur « le premier stress a été causé par le décalage du calendrier électoral, qui a mis tous les acteurs économiques dans l’incertitude. Bien entendu quand tu fais face à de telles circonstances, ou tu n’es pas sûre de la valeur de la signature du ministre des Finances, tu as des difficultés, surtout quand tu as des opérations en cours.
Ce n’est même pas une question de savoir qui va être élu, mais une question de continuité ». « Ce niveau d’incertitude est toujours très mauvais », souligne-t-il.
Il s’y ajoute que « une fois la date de l’élection connue, il y a certes un peu moins de stress, mais on ne sait pas pour autant à quelle sauce on va être mangé, malgré les promesses en période de campagne », souligne encore M. T.
D’autres questionnements demeurent concernant les appuis budgétaires. Il n’empêche, dans ces périodes d’incertitudes, « la tendance au niveau des ménages est à la thésaurisation et donc une baisse de la consommation, du chiffre d’affaires et comme effet domino, une baisse de l’activité économique, du moins dans les premiers moments. Mais ça nous, au niveau des banques, nous ne l’avons pas vraiment senti », conclut-il.
Concernant les problèmes éventuels de liquidité au niveau des banques, M. T. précise que la situation est relativement correcte car : « on est quand même loin de la situation de novembre dernier où il y a eu certes des tensions. »
Toutefois, côté offre, les plans d’embauche des entreprises subissent l’impact négatif de l’incertitude car, les réajustements d’effectifs coûtent cher.
Enfin, les problèmes des marchés financiers sont susceptibles d’amplifier l’incidence négative de l’incertitude sur la croissance. Par exemple, l’incertitude fait baisser le rendement attendu des projets financés par l’emprunt et rend plus difficile l’évaluation des garanties. Du coup, les créanciers augmentent leurs taux débiteurs et limitent leurs prêts, si bien que les entreprises ont plus de mal à emprunter.
Dépenses, investissements, embauches, reportés
Dans les pays en développement comme le Sénégal, les IDE (Investissements Directs Etrangers) fournissent le capital nécessaire aux investissements, facilitent le transfert de technologie et le progrès technique. De même, ils tendent à augmenter les exportations et la compétitivité, tout en incitant à l’adoption par les firmes locales, de procédures managériales. Enfin, ils stimulent l’emploi et par conséquent accélèrent la croissance économique.
S’il est généralement admis que l’indicateur de risque d’instabilité sociopolitique exerce un effet négatif sur les flux entrants d’IDE, certains spécialistes cependant ne trouvent aucun lien entre les institutions politiques et l’attraction des IDE. Selon Mamadou Lamine Ba, Directeur général adjoint de l’Apix, « L’incertitude peut peser négativement, comme il peut être neutre par rapport à l’investissement. La question c’est dans la capacité des acteurs, institutionnels, privés, ménages, à réagir. En fait, ce que les milieux d’affaires et les institutions financières regardent en général, c’est comment le Sénégal a l’habitude de gérer les crises. » Le constat le mieux partagé de ce point de vue, est selon M. Ba, que « nous avons la réputation d’avoir des institutions solides, qui assurent des élections correctes malgré des bouillonnements pré-électoraux.
Dans le contexte actuel, il est vrai, l’incertitude s’est aggravée du fait notamment des soubresauts aux niveaux exécutif et constitutionnel.
Pour certains secteurs, l’impact sur l’économie générale n’est pas automatique sauf dans certains domaines spécifiques. Les effets se font sentir en premier sur les secteurs de consommation courante comme la restauration, la distribution et sur les réservations d’hôtel. »
Au mois de février dernier, il a été noté une baisse de l’activité touristique, notamment à travers des annulations de réservations. En revanche, « il est encore trop tôt pour constater des effets sur les IDE qu’on peut évaluer globalement dans l’année », souligne M. Ba.
La contribution des investissements directs étrangers (IDE) à la croissance économique a déjà fait l’objet de nombreuses études dans la littérature économique. La plupart de ces études se sont, il est vrai, focalisées sur les différents canaux à travers lesquels les IDE pourraient stimuler la croissance dans les pays hôtes.
Certains soutiennent la thèse selon laquelle, l’effet de l’instabilité politique sur les IDE dépend largement du type d’IDE et varie sensiblement d’un secteur à l’autre. Un trait commun à tous ces travaux est qu’ils considèrent l’instabilité politique comme un facteur exogène, qui détermine la croissance économique, sans qu’elle soit elle-même influencée par les performances économiques. Or, le niveau de développement économique (le niveau de revenu par habitant) pourrait avoir un rôle important dans la réduction de l’instabilité politique.
Des réserves qui fondent comme beurre…
Le marché financier est sans doute le plus sensible à l’incertitude, qui impacte systématiquement le coût des ressources. Les intérêts montent en flèche en période d’incertitude, que ce soit au niveau des banques ou du marché de capitaux. Un premier coup de semonce est venu récemment, du marché international de la dette comme les eurobonds, en février dernier. En effet, dès l’annonce du report sine die de l’élection présidentielle, la valeur des eurobonds du Sénégal avait chuté sur le marché de Londres.
Une chute renforcée par le contexte d’incertitude qui prévaut depuis, dans le pays. Pour l’illustrer, M. Abdou Fall Diallo, Gestionnaire de portefeuille à Invictus Capital&Finance, sur la place de Dakar, explique que « Aujourd’hui, si après un eurobond au taux facial de 5.9 négocié à 10 ou 15% le Sénégal devait émettre un nouvel eurobond, le comparatif ne serait pas au taux facial de 5.9 mais plutôt au cours où il est en ce moment, c’est-à-dire autour de 15%. » Toutefois, il retient que l’Etat sénégalais semble avoir anticipé car il ne prévoit pas d’émissions supplémentaires de dette en 2024.
L’autre inquiétude liée au contexte d’incertitude est qu’il est susceptible d’impacter le niveau des réserves de change déjà au plus mal. Le Sénégal doit en effet payer les échéances en devises des eurobonds par le biais de la Bceao où nos réserves de change sont au plus bas. Les réserves de change ont fortement baissé et ne couvrirait environ que 4 mois d’importations de biens et services. Une situation très délicate que l’exposition en devises du Sénégal n’est pas pour arranger, encore moins le profil de la balance commerciale structurellement déficitaire. Il est vrai que la baisse de ses réserves de change n’empêche pas, pour le moment, le Sénégal d’honorer ses échéances en devises.
Mais à ce rythme, il y a fort à craindre de sérieuses difficultés quant à nos capacités à honorer la couverture de nos importations de biens et services. Ce d’autant plus qu’à l’instar des autres pays africains dépendant des économies du reste du monde, les pays de l’Union économique monétaire ouest africain (Uemoa) font face à une dégradation continue de leurs réserves de change.
Celles-ci sont passées de 13 630,30 milliards de Fcfa (20,78 milliards d’euros) à fin novembre 2021 à 10 787,20 milliards de Fcfa (16,44 milliards d’euros) à fin novembre 2022 soit une importante baisse de 20,86% (- 2 843,10 milliards de Fcfa). L’exposition en devises pourrait virer à la catastrophe dans le contexte actuel. Selon Abdou Fall Diallo, « le risque est réel sur nos réserves de change qui ont déjà fortement chuté et qui coïncide avec une forte crise de liquidité sur le marché. »
Cette situation risque d’avoir un effet domino, car si les banques sont en mal de ressources, cela entraîne un resserrement du crédit, une baisse des emprunts, un relèvement des taux d’intérêt et finalement, une activité en berne et… bonjour la crise. « Même le marché de la Bourse des valeurs mobilières (BRVM) sera impacté, car les politiques de dividende vont baisser et faire perdre tout intérêt aux titres », assure M. Fall Diallo.
Toutefois, un léger vent de fraîcheur est venu du marché de la dette souveraine. « Les eurobonds lancés récemment par la Côte d’ivoire et le Bénin ont quelque peu sauvé les meubles en engrangeant d’importantes rentrées de devises, même si celles-ci sont consommées rapidement », souligne Abdou Fall Diallo. Et d’ailleurs la réunion du Comité de politique monétaire du 06 mars 2024 de l’espace Uemoa abonde dans le même sens en soulignant une amélioration de la situation des comptes extérieurs de l’union en lien avec la réduction du déficit du compte courant, les mobilisations effectuées au cours de cette période et les émissions d’eurobonds réalisées par des pays de l’Uemoa.
Entre PIB et PNB
En toile de fond, il y a un cercle vicieux généré par l’« hémorragie » de devises et l’inflation importée, sur laquelle la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) n’a aucune prise, encore moins l’Etat sénégalais, malgré le relèvement des taux directeurs (3,5%) de la Bceao, et la fermeture du robinet du guichet de refinancement (5,50%).
Dès lors, « Les sorties de devises combinées à l’inflation importée finissent par contaminer l’économie réelle et c’est cela que nous vivons actuellement », soutient encore M. Fall.
En définitive, l’incertitude politique cache mal la structure négative du Produit intérieur brut (PIB) qui, une fois désagrégé, révèle d’énormes pertes en valeur à travers les sorties de devises par les entreprises étrangères, qui créent de la valeur au niveau local et rapatrient le cash (devises). Dès lors, l’écart important entre le PIB et le PNB (désormais traduit par Revenu national brut), est un véritable souci aggravé par une balance commerciale structurellement déficitaire.
Le Fonds est confiant…
Dans un rapport publié en décembre dernier, le Fonds monétaire international (FMI) a noté que le Sénégal a emprunté davantage en 2023, pour couvrir ses besoins de financement de 2024, afin d’éviter des hausses de taux d’intérêt à l’approche de l’élection présidentielle. Malgré les inquiétudes et l’incertitude ambiante qui prévalent dans le pays, le Fonds reste confiant quant à la capacité du Sénégal à surmonter les défis actuels et à maintenir sa croissance économique à long terme. Pour le Fonds, « le pays a les atouts nécessaires pour rassurer les investisseurs et continuer à jouer un rôle de leader dans la région ».
La principale préoccupation du Fonds est cependant relative aux réformes prévues et au maintien de la viabilité de la dette. Rappelons que le ratio dette publique/PIB du Sénégal a grimpé à environ 79,6 % en 2022, même si elle devrait tomber à 72,5 % en 2023, année au cours de laquelle, précisément en juin, Dakar a obtenu un prêt sur trois ans d’environ 1,9 milliard de dollars du FMI.
En somme, l’incertitude électorale soulève des inquiétudes légitimes quant à ses effets sur l’investissement, l’emploi, les flux internationaux de capitaux et l’économie de manière générale. Aussi la stabilité économique à long terme dépendra de la restauration de la confiance des investisseurs, des partenaires étrangers, mais aussi de tous les acteurs économiques.
Les analystes aussi…
Dans sa dernière note de conjoncture relative au dernier trimestre 2023, la Direction de la prévision et des études économiques (DPEE), fait une projection sur 2024, notamment sur l’effet des périodes électorales sur l’économie, et confirme que « Les périodes électorales sont des moments de forte incertitude pour l’économie ». Analysant la situation économique du Sénégal aux périodes électorales (pré-électorales, électorales et post-électorales) depuis les années 80, les prévisionnistes constatent qu’en général, l’activité est relativement vigoureuse un an avant les échéances électorales, suivi d’un ralentissement à l’année des élections.
Tel est le cas actuellement, « les agents économiques (ménages, entreprises, investisseurs) anticipent les changements possibles de politique économique selon les résultats du scrutin et adaptent leur comportement en conséquence ». Toutefois, soulignent les analystes de la Dpee, « ils peuvent reporter leurs dépenses, leurs investissements ou leurs embauches, ou au contraire les accélérer, selon leur degré de confiance ou de méfiance envers les candidats ».
Cependant, estime la Dpee, « l’année qui suit les élections a généralement été caractérisée par une reprise de l’activité économique ». S’agissant des investissements, ils se sont généralement renforcés sur la période pré-électorale (un an avant les élections) avant de marquer le pas à l’année électorale et pour rebondir par la suite à la période suivante. Dans le même sillage, les dépenses de consommation ont connu des évolutions à la hausse en période pré-électorale, qui sont généralement suivies par des replis durant les deux années qui suivent. La Dpee précise tout de même, que les hausses enregistrées dans les dépenses de consommation finale et les investissements à la période pré-électorale « sont en liaison avec l’augmentation des dépenses publiques, notamment à travers des programmes sociaux et des projets d’infrastructure réalisés à cette période ».
Les analystes de la Dpee reconnaissent par ailleurs que les périodes électorales « peuvent aussi impacter les marchés financiers, qui réagissent aux sondages, aux programmes et aux discours des candidats. Les taux d’intérêt, les taux de change, les cours des actions et des obligations peuvent ainsi fluctuer en fonction des anticipations des investisseurs. Les périodes électorales peuvent donc avoir des effets positifs ou négatifs sur la croissance, l’emploi, l’inflation et la balance des paiements, selon le contexte économique et politique du pays concerné ».
Projections optimistes
Les prévisions de la Dpee pour 2024 sont plutôt optimistes en termes d’activité. Au titre de la demande intérieure, la consommation finale devrait se redynamiser à la faveur du bond de l’activité économique et s’établirait à 10,7% en 2024 contre une hausse de 4,5% en 2023.
Au total, la consommation finale représenterait 81,4% du PIB contre 81,0%, un an auparavant, ce qui porterait le taux d’épargne intérieur à 18,6% soit une détérioration de 0,4 point de pourcentage par rapport à 2023. Par ailleurs, l’investissement mesuré par la Formation brute de capital fixe (FBCF), s’améliorerait pour s’établir à 34,9% du PIB en 2024 contre 25,4% du PIB en 2023 soit une progression de 9,5% en 2024.
Cette hausse serait essentiellement portée par sa composante privée qui d’une part, profiterait de la réalisation des Zones économiques spéciales (ZES), et d’autre part, de l’amélioration de l’offre énergétique à travers la mise en œuvre du deuxième compact du programme MCC, ainsi que de la mise en œuvre de la troisième phase du plan d’actions prioritaires (PAP-3). Globalement, la demande intérieure se consoliderait, en termes réels, de 10,3% en 2024 contre 3,7% en 2023. La même tendance est projetée sur la demande extérieure, avec des importations et exportations de biens et services projetées respectivement en hausse de 0,1% et 10,1% en 2024.
La menace vient d’ailleurs
L’incertitude électorale en question est un fait, mais attention… L’activité économique interne reste singulièrement vulnérable face aux incertitudes qui planent sur l’économie mondiale. C’est en tout cas le postulat des analystes de la Dpee qui soutiennent que les tensions géopolitiques à l’échelle sous régionale et internationale « restent un défi majeur pour le Sénégal ». Ainsi la poursuite de la crise entre la Russie et l’Ukraine devrait affecter davantage l’approvisionnement, notamment, en blé, en produits pétroliers raffinés et en matériaux de construction et agir au final sur l’activité économique.
Par ailleurs, la persistance de l’inflation et le durcissement des conditions de financement des économies des pays en développement constituent « un gros risque » pour l’économie sénégalaise. En hiérarchisant les risques externes suivant leur probabilité d’occurrence, les analystes de la Dpee listent trois risques majeurs (i) la prolongation de la crise russo-ukrainienne ; (ii) le renchérissement des cours du pétrole et de gaz et (iii) la hausse vertigineuse des cours des produits alimentaires.
Mieux, la mesure quantitative de ces risques ferait ressortir un manque à gagner en termes de croissance qui varie entre 0,1 et 2 points de pourcentage sur le moyen terme. S’agissant des finances publiques, le déficit budgétaire devrait se dégrader en moyenne entre 1 et 2,7 points de pourcentage.
Par ricochet, il ya des risques externes susceptibles de se transmettre au niveau interne à travers les fluctuations des cours du baril et les incertitudes qui planent sur le profil de production. L’échéance de l’exploitation du pétrole et du gaz, constitue principalement le risque majeur sur les prévisions du secteur réel et pour les finances publiques. Dès lors, les risques internes suivant leur probabilité d’occurrence, auraient pour noms : (i) une baisse ou un nouveau report de la production de pétrole et de gaz initialement prévue ; (ii) une persistance de l’inflation ; (iii) une baisse de la production agricole ; (iv) une instabilité liée aux échéances électorales et (v) la non mise en œuvre des reformes phares.
L’impact de ces risques afficherait des pertes de croissance qui peuvent atteindre 6,0 points de pourcentage, en liaison notamment avec la baisse de la production de pétrole et de gaz. Sur les finances publiques, la survenance de ces chocs pourrait entrainer une dégradation du déficit budgétaire en moyenne de deux (2) points de pourcentage en rapport à l’augmentation des subventions et transferts de l’Etat pour atténuer les impacts négatifs.
Maderpost / Lejecos Magazine