Par Fatou Dior Diop
TRIBUNE – S’il y a un homme politique sénégalais qui ne laisse personne indifférent au Sénégal et même au-delà de ses frontières, c’est bien l’illustre et emblématique Monsieur Idrissa Seck.
Les divines trompettes de la renommée semblent s’être tellement invitées à son avènement au monde, le 9 août 1959 à Thiès, qu’il aurait pu être baptisé « Phème », comme les Romains nomment la divinité grecque allégorique personnifiant la reconnaissance publique et sociale.
Des « feem » (astuces en wolof) d’ailleurs, Idy n’en manque guère, comme son parcours politique en est particulièrement semé. Voyez donc, à 63 ans, il a tout obtenu ou presque. Seule la « station présidentielle » manque encore à son palmarès.
Et selon les confidences du journaliste et directeur de l’école africaine d’Art oratoire et de Leadership, Dr Cheikh Diallo, ancien proche de Karim Wade, publiées dans un post facebook le 25 février 2023, le « Raymond Poulidor de la présidentielle sénégalaise » n’a pas renoncé à se présenter aux suffrages de ses compatriotes. Confidence non démentie à ce jour par le principal concerné….
Ancien Secrétaire Général adjoint du Parti démocratique sénégalais (PDS), le jeune politique dirige en 1988, à 28 ans seulement, la campagne du candidat et chef de l’opposition Me Abdoulaye Wade aux élections présidentielles de Février, puis à 41 ans, celle victorieuse de Février 2000, qui déracina le baobab socialiste au pouvoir depuis plus de 40 ans et installe Wade à la tête de l’État du Sénégal.
Pour moins que cela, d’autres ont perdu le sens des réalités et de soi-même, sombrant dans l’ivresse de la dépersonnalisation.
Formé à l’Institut d’Études Politiques (IEP) de Paris et à la Woodrow Wilson School of Public and International Affairs de l’Université Princeton aux Etats-Unis, le futur homme d’État a très tôt tapé dans l’œil du recruteur et formateur-en-chef Wade.
Depuis toujours main droite du chef de l’opposition au régime socialiste, Idy n’en débute pas moins sa carrière professionnelle en 1986, en tant que consultant en management au Cabinet Price Waterhouse Coopers(PWC), qu’il quitte en 1992 pour fonder ACG Afrique.
Après le sacre de la conquête, le stratège qui a théorisé la « marche bleue », a aussitôt occupé, du 1er avril 2000 au 3 novembre 2002, les fonctions de tout-puissant Ministre d’Etat, Directeur de Cabinet du Président de la République.
Au bout de deux ans, Idrissa Seck qui a encore pris plus d’épaisseur politique, est nommé Premier Ministre de la République du Sénégal, le 4 novembre 2002. Il est en même temps élu Maire de la deuxième ville du Sénégal, Thiès la ville aux-deux-gares, prochainement aux-trois-gares, selon la décision du Président Macky Sall issue du Conseil présidentiel de février 2023, tenu dans la capitale sénégalaise du Rail.
Avant d’arriver au sommet de l’Olympe étatique et politique, Idrissa Seck a fondé le Groupe ACG Afrique, puis est entré dans le Gouvernement d’union nationale du Président Diouf, en mars 1995, au portefeuille de Ministre du Commerce, de l’Artisanat et de l’Industrialisation.
De 1998 à mars 2000, il pilote le groupe « IS Développement », cabinet de consultance en management et stratégies de développement. Devenu plus tard « GDP Initiatives », Global Development for Peace, qui milite pour une répartition plus juste des richesses à l’intérieur des nations et entre elles, comme meilleur outil de promotion de la Paix dans le monde.
Le clou de cette irrésistible ascension sera constitué par l’organisation, à lui confiée par le Président Wade, des travaux de construction et de réhabilitation préparatoires à la tenue de la fête de l’Indépendance décentralisée à Thiès, ville dont il est le premier magistrat, le 4 Avril 2004, célébration musicalement rythmée par le « 4-4-44 » de la star planétaire Youssou Ndour.
L’apothéose d’une carrière partie sur les chapeaux de roues mais aussi le terminus de la ligne Palais-Pouvoir, provisoirement du moins, pour le monogame marié à la Thiessoise Ndèye Peinda Tall, son amour de jeunesse et mère de ses quatre enfants.
Quand en 2005, Idrissa Seck est jeté en prison à cause des chantiers de Thiès par son mentor et père, « la scène politique sénégalaise tient sa première tragédie moderne du nouveau siècle », selon le chroniqueur Elgas.
Dans « l’Inventaire des idoles », Elgas analyse les péripéties politico-judiciaires d’Idy et dit que « pour être juste, il faut mettre au crédit d’Idrissa Seck d’avoir été la première victime d’un arbitraire politique, avec son bras armé judiciaire. »
Baba Dioum, le riz et la « bombe » du jeune auditeur
La nation du tiebou dieune, plat national sénégalais labélisé patrimoine immatériel de l’Unesco le 15 décembre 2021, doit une fière chandelle à un jeune auditeur nommé Idy. C’est ce que rappelle Baba Dioum, ancien Directeur de l’Unité de Politique Agricole (UPA) au ministère de l’Agriculture, dans son ouvrage paru le 30 décembre 2015 aux éditions l’Harmattan Sénégal, « Dans l’antichambre du pouvoir 1964-2014- mémoire d’un ingénieur africain ».
Lorsqu’il savoure à midi këng son tiebou dieune « Penda Mbaye » ou son tiebou diola avec du niankatang (riz blanc à la vapeur accompagné d’une sauce), le gourmet ignore ce qu’il doit à « l’action d’éclat » lancée en 1992 par Idrissa Seck qui, en tant que jeune chef de service OGS (Office of Government Services) du cabinet Price Waterhouse Coopers (PWC), a poussé le président de la République de l’époque, Abdou Diouf, à décider de supprimer la Caisse de péréquation et de stabilisation des prix (CPSP), mettant en œuvre, en cela, sa recommandation de consultant, de restructurer et de libéraliser le commerce du riz au Sénégal.
Avec cette recommandation du jeune Idrissa Seck, il n’y aurait « plus de pénurie, le riz serait moins cher et les qualités de riz seraient plus variées et plus diversifiées », confirme l’auteur Baba Dioum.
Par ailleurs, argumente Dioum, pour l’Etat du Sénégal, libéraliser l’importation et la commercialisation de la filière riz, « voulait dire épargner le budget de l’État de financer régulièrement des déficits chroniques de quatre (4) milliards, sinon plus, annuellement, sans savoir où trouver les ressources. Parce que le coût du riz renchérissait, le transport aussi, sans qu’on ait aucun moyen de flexibilité sur le prix pour pouvoir ajuster. »
Voici ce que l’ingénieur écrit à propos de la libéralisation de l’importation du riz sans son ouvrage. « Je me souviens que le cabinet qui avait en charge cette étude avait d’abord audité la filière riz local au niveau de la caisse de péréquation et de stabilisation des prix, et avait découvert un déficit assez important.
Et cette étude que nous avions commanditée a été restituée à la Présidence par le cabinet Mayoro Wade avec un jeune auditeur à l’époque s’appelant Idrissa Seck. À la présentation des résultats, Monsieur Seck fit des effets de manche qui ont bouleversé toute la salle dans laquelle il y avait toute la communauté des bailleurs et des membres des cabinets ministériels concernés notamment l’agriculture, les finances, la présidence, la primature, le commerce. »
Tout de go, Monsieur Seck déclara : « Nous venons de découvrir un déficit de quelque onze (11) milliards à la caisse de péréquation (…) Ceci fit l’effet d’une douche froide, et nous étions en face d’un dilemme : est-ce que nous étions en train d’auditer la caisse de péréquation ? Ou étions-nous en train d’auditer une filière, en l’occurrence la filière riz local ?
Puisque j’avais élaboré les termes de référence, j’ai mis fin aux débats (…) Néanmoins, la bombe était lâchée et avait fait l’effet d’un tonnerre dans les médias, dans le milieu des partenaires au développement, mais aussi dans les cercles sociopolitiques (…)
Et un beau jour, je suis convoqué par le président de la République en l’occurrence Abdou Diouf, sur le sujet de la caisse de péréquation et sur la privatisation du riz (…) Je lui ai dit : ‘Monsieur le Président, je peux vous confirmer, les yeux dans les yeux, qu’en privatisant aujourd’hui la Caisse de péréquation et de stabilisation des prix (CSPS), on va réguler l’offre, il y aura beaucoup plus de riz sur le marché, plus de riz blanc, entier, ou brisé. Et du riz moins cher, il n’en manquera pas (…)
Ce jour-là, il me dit être d’accord : je prendrai la décision, mais seulement après les élections de février. Ainsi, après les élections de 1993, conformément aux engagements du Président qui m’avait assuré qu’au lendemain de ces échéances de février 1993, s’il gagne, il privatisera la caisse de péréquation, la décision de joindre l’acte à la parole a été prise en mars de cette année. »
Idy et la bosse d’Internet et de l’Intelligence artificielle
Idy est également à l’origine de la première démonstration publique d’Internet au Sénégal. Incroyable, mais pas tant que cela pour ceux qui connaissent le gout de l’innovation, des sciences, des outils de l’intelligence artificielle et des gadgets technologiques. La seule addiction qu’on lui connaisse d’ailleurs….
Ce fait est attesté dans les pages de l’Historique de l’Internet au Sénégal 1989-2004, publié en 2013 par University of Oregon Librairies, sous la plume d’Olivier Sagna, Maitre de conférences à l’école des bibliothécaires et documentalistes de l’UCAD et Secrétaire général de l’Observatoire sur les systèmes d’information, les réseaux et les inforoutes au Sénégal (OSIRIS), Christophe Brun, Directeur des systèmes d’information du Snecma Services Brussels, responsable informatique de l’IRD Sénégal et administrateur du nœud RIO Sénégal de 1994 à 1998, et Steve Huter, administrateur de programme au Network Startup Resource center (NSRC).
Sagna, Brun et Huter témoignent textuellement ainsi : « Le signal du changement viendra du Gouvernement (…) et de M. Idrissa Seck, alors Ministre du Commerce, de l’Artisanat et de l’Industrie.
De retour d’une mission à Washington, en avril 1995, au cours de laquelle il assiste à des démonstrations Internet, Idy capte immédiatement son importance et devant la presse sénégalaise, il déclare la nécessité urgente de connecter le Sénégal au réseau Internet !
Il convoque à cet effet les responsables de la Sonatel pour leur demander d’agir en ce sens. Le mois suivant, une étape majeure est franchie, à l’occasion du 3ème Sommet Africain-Africain-Américain qui se tient à Dakar. En effet, la Délégation à l’informatique se saisit de l’opportunité pour organiser un coup médiatique qui sera également un coup de poker gagnant, en demandant à la société Omnes Cable and Wireless de connecter le Sénégal à Internet pendant la durée du Sommet. Un lien VSAT de 64 Kbps est installé pour la circonstance au CICES et pendant près d’une semaine, responsables politiques et économiques, et simples visiteurs, assistent à ce que l’on peut considérer comme étant la première démonstration publique d’Internet au Sénégal.
L’événement est fortement médiatisé et les démonstrations enthousiasment tous ceux qui y assistent. Devant le succès de l’opération et sous la pression des autorités officielles, la Sonatel annonce son intention de connecter le pays à Internet dans les mois qui suivent (…)
Les événements s’enchaînent alors très rapidement (…) La question de la connexion du Sénégal à Internet est devenue si importante que le Président Abdou Diouf annonce dans son discours à la Nation de fin d’année que le pays sera connecté à Internet au début de l’année 1996. En mars 1996, l’accès est opérationnel : le Sénégal est en ligne ! »
A son admission à Princeton, après la réunion de premier contact au cours de laquelle les étudiants devaient se présenter les uns aux autres, dans la cour de la prestigieuse Woodrow Wilson School of Public and International Affairs (WWSPIA), un Professeur fit remarquer à Idy qu’il venait d’un continent faisant face à 3 défis majeurs: nourrir sa population, la soigner et être compétitif sur la scène économique mondiale.
Mais l’enseignant tempéra aussitôt en disant que l’Afrique avait une chance de pouvoir rattraper son retard, car les deux sciences qui allaient dominer le 21ème siècle sont des sciences de l’information (informatique et biologie), qui ne nécessitaient guère que des cerveaux brillants, capables de rédiger des codes ou de cultiver des bactéries en laboratoire.
Le même Professeur lui recommanda d’investir toute épargne dont il disposerait à l’avenir dans ces deux secteurs-clé.
Sorti de là, il se dit que l’étudiant Seck passa fiévreusement des heures à la quête de ces brillants « cerveaux » africains dans les meilleurs campus universitaires mondiaux. Et qu’il en découvrit peu cependant, en comparaison des effectifs indiens et chinois. Mais ceux qu’il repéra lui apportèrent beaucoup de bonheur dans ses projets ultérieurs.
Aiguillonné par son sens de l’anticipation et sa connaissance scientifique, l’avisé Idy procéda à l’achat de moult noms de domaine, dont celui de la Sonatel. Cependant il finit par l’offrir à la société nationale des Télécommunications, pour éviter tout conflit d’intérêt.
Car il était devenu Ministre d’État, Directeur de cabinet du Président de la République, et l’État du Sénégal était actionnaire de la Sonatel. Il ne voulut pas d’une transaction commerciale entre sa société de conseil et la Sonatel.
Idy, « l’orateur absolu », le Maître de la prise de parole
Le 25 février 2023, dans un post sur sa page Facebook, le Fondateur de l’École africaine d’art oratoire et de Leadership et ancien proche de Karim Wade, le journaliste Dr Cheikh Diallo écrit ceci : « Je viens de recevoir Idrissa Seck, candidat à la Présidentielle 2024 dans mon bureau ce matin ».
Une affirmation jusque-là pas démentie par le principal intéressé, pourtant en alliance depuis 2020 et sa nomination comme Président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), au sein de la coalition de majorité présidentielle Benno Bokk Yaakar (BBY).
Sur l’exceptionnel talent oratoire d’Idy, Dr Cheikh Diallo estime qu’Idrissa Seck est pour lui, « l’orateur absolu ». Il se réjouit que « ceux qui ont toujours pensé que la parole était un don comprennent désormais que c’est une compétence. Idrissa Seck, pour moi, c’est l’orateur absolu. Il comprend tellement le poids du silence dans la prise de parole, le rythme, ce qui lui donne force et conviction même quand il semble dire des choses banales. C’est le maître du couplet ‘silence-respiration’, à tel point que son silence semble quelquefois assourdissant. Il a tellement compris le poids des silences qu’il semble même les observer hors discours… »
Après la prise de parole d’Idrissa Seck lors du Conseil présidentiel du 9 février 2023 à Thiès, le Président Macky Sall a magnifié les talents du leader du parti Rewmi qui, dans un discours à hauteur d’homme d’Etat, a servi une forte prière au président de la République.
Lequel lui a rendu la politesse en exaltant « l’éloquence, la générosité de son allié Idy » ainsi que le talent exceptionnel du Président du CESE, servi par un rythme et un débit de parole captivant et irrésistible.
D’autres observateurs de la scène ont aussi analysé cette capacité phénoménale d’Idy à captiver l’attention de son auditoire.
Dans sa chronique, « l’Inventaire des Idoles », Elgas décrit Idrissa Seck comme « un beau spécimen qui résume bien la scène politique sénégalaise. Fils du royal Cayor, redoutable dans sa maîtrise du wolof, chatoyant disciple religieux, prédicateur coranique, formé à l’école occidentale, amateur de bons petits mots en wolof, en anglais, et en français, précoce militant, opposant valeureux, taulard prestigieux, premier ministre velléitaire….
Avec son aisance en wolof, plus d’ailleurs qu’en français, qu’il entrecoupait de prêches religieux comme le pays en raffole, il gommait presque sa formation occidentale, apparaissant comme un pur produit local. Ce wolof choisi, brillant, espiègle et taquin, plaisait et faisait rire…Aux élites, il s’adressait dans ce français académique, solennel, plus fluide, qu’il infusait aussi de passages coraniques, et il triomphait aussi. »
Elgas admet que sa maîtrise de la langue « donne du pouvoir » à Idy. Qu’il en devienne : « l’expert couru, dont les phrases suscitent à la fois de l’admiration et de la convoitise…C’est la part tendre et romanesque de son histoire, il reste un produit de la méritocratie et il en a gardé une forme de gratitude ».
Un autre observateur, du nom de Saliou Dione, s’enthousiasme pour un « Phénoménal Idrissa Seck » ! le 24 décembre 2018, veille de la Nativité, dans une tribune abondamment relayée dans la presse.
Selon Dione, « qu’on l’aime ou pas, Idrissa Seck, il faut le reconnaître, représente ce qu’il y a de mieux dans la pratique politique au Sénégal. Il ne s’agit pas juste de ses talents oratoires dont la mention est presque devenue une lapalissade ; il ne s’agit pas non plus de sa carrure intellectuelle que l’attrait qu’il exerce sur l’intelligentsia de ce pays a fini de démontrer. Idrissa Seck, et c’est cela son fort, dispose de l’intelligence de l’instant, cette capacité unique à comprendre les exigences du moment et à y répondre avec la précision des mots et la justesse du discours. :
Dione poursuit : « alors même qu’on le croyait coupé de cette jeunesse que certains ont très tôt fait d’enfermer dans des carcans générationnels, Idrissa Seck a montré, lors de la cérémonie d’investiture des FDS du brillant Dr Babacar Diop, combien il peut être en phase avec elle.
Dans une bienveillance que révèle aussi bien son ton chaleureux que ses mots remplis de tendresse, Idrissa Seck a montré combien il peut être pour cette jeunesse, le leader qui inspire, le mentor qui, par la richesse de son expérience de vie, la rassure (…)
La quête d’avenir radieux de cette jeunesse trouve un sanctuaire dans la démarche ingénieuse et audacieuse de cet homme politique, dont le passage aux affaires constitue à ce jour l’une des plus belles pages de notre histoire politique et économique. Celui qui, en attendant l’atteinte du statut présidentiel a fini d’en habiter depuis longtemps la stature ».
Idris ou le bien nommé éternel étudiant
Il est intéressant à cet effet de noter que le prénom Idris ou Dris a plusieurs étymologies. En arabe, il vient de darasa qui signifie « Études et Connaissance », d’où la « madrasa » qui signifie école.
En biblique, Idris se dit Enoch, Noukh en wolof, et passe pour le premier homme à avoir utilisé le kalam, la plume. En gallois, il vient de iud (Seigneur) et ris (ardent) signifiant « Ardent seigneur ».
Par une curieuse coïncidence, Idris est également un vieux prénom gallois. Il fut redécouvert au milieu du 19ème siècle et devint très fréquent, jusqu’en 1930, au pays de Galles. Idris serait alors aussi un prénom anglais ! Il s’agit donc du même nom, du même son, de la même musique, mais avec des sens distincts, provenant de deux langues et de deux civilisations très différentes l’une de l’autre.
Le prénom Idris, que l’on fête le 1er janvier, est associé au prophète coranique Idris, né à l’époque d’Adam et réputé pour sa grande patience. Idris est aussi un idéaliste qui souhaite accomplir de grandes choses pour rendre le monde meilleur.
Dans l’Islam, Idris est un prophète chevaleresque qui allie à merveille le charme et la puissance. Voici ce qu’en dit le Livre dans la sourate « Mariam » : « V56. Et mentionne Idris, dans le Livre. C’était un véridique et un prophète. V 57. Et Nous l’élevâmes à un haut rang. »
La version sénégalaise d’Idris, notre Idy, a certes une bonne opinion de lui-même mais il répète inlassablement à ses proches que « l’humilité est la source de toutes les grâces, l’orgueil, celle de tous les péchés ». Courageux et honnête, notre Idy respecte les plus faibles et n’hésite pas à prendre leur défense.
Son goût certain pour l’étude et la réflexion, son autorité naturelle, sa vivacité d’esprit, permettent à notre Idy de dépasser bien des difficultés. En revanche, il n’est pas fin psychologue et a parfois du mal à comprendre les réactions humaines, surtout féminines.
Ce qui lui joue souvent des tours avec ses collaboratrices, sauf avec Ndeye Peinda et peut être Dior et Ndapa, ses éternelles ombres…
Notre Idy, doté d’une autorité naturelle, mène ses troupes sans être trop tyrannique. Mais il aime les personnalités sans travers ni vices, et ne supporte pas les mesquineries. Cependant il est assez timide, contrairement à ce que pourraient laisser penser sa carapace d’assurance et la force de pénétration de son regard…
La mère de Idy, Fatou Diop, comme moi, fervente Tidjane, comme moi, voulait le prénommer Cheikh Ahmed Tidiane Sy Al Maktoum. Elle a d’ailleurs continué à le prénommer Marabout Cheikh malgré tout, d’où le surnom « Mara » qui lui colle à la peau, jusqu’à Princeton où son assiduité au département informatique et les heures qu’il passait devant la maison qu’habitait Einstein lorsqu’il enseignait à Princeton lui valurent le sobriquet de « SIM » (Seck Idrissa Mara), prémonitoire de la Simcard, la carte SIM que les jeunes d’aujourd’hui s’arrachent sous forme de eSIM…