Révélé en exclusivité par Confidentiel Afrique il y a quelques jours, l’ultimatum donné par les nouvelles autorités sénégalaises au conglomérat indo-singapourien INDORAMA, actionnaire majoritaire des Industries Chimiques du Sénégal (ICS) de s’acquitter au plus tard fin septembre 2024 de sa redevance minière estimée à 200 milliards de FCFA constitue une grosse arête au travers de la gorge des Indiens qui rabattent leurs cartes aux côtés de leur homme lige, Alassane DIALLO qui persiste dans le dilatoire et amplifie le bras de fer phosphorique.
ICS – Le Directeur Général des Industries Chimiques du Sénégal, le sénégalais Alassane DIALLO, en poste depuis 2005, « homme lige » des Indiens, joue les prolongations et continue à masquer le « désastre financier » que vit cet ex-fleuron de l’économie sénégalaise.
L’État reste inflexible pour le paiement de la redevance minière de 200 milliards des ICS
Selon des informations exclusives obtenues par Confidentiel Afrique, les dirigeants de la firme indo-singapourienne INDORAMA, ont pris au sérieux l’ultimatum fixé par les autorités sénégalaises de s’acquitter de la redevance minière et de la taxe superficiaire impayées d’un montant global de 200 milliards 305 millions de FCFA depuis 2022 sous le régime Macky SALL.
Une feuille de route a été préparée par le magnat indien Prakash Lohia et transmis à la direction générale des Industries Chimiques du Sénégal. Mais, coup de théâtre ! Selon des informations de Confidentiel Afrique, l’intouchable et proche collaborateur des Indiens, Alassane DIALLO n’a cessé de manœuvrer pour « sauver » son fauteuil en toute épreuve et maquiller les résultats financiers de l’entreprise.
Nos sources formelles renseignent que le groupe INDORAMA dont en première ligne son Président Directeur Général, Prakash Lohia, entend bien se conformer à la ligne des autorités qui exigent irrévocablement le versement de la redevance minière estimée à 200 milliards de FCFA que doit la société depuis 2022. Ce dernier a proposé même, souffle une source à Confidentiel Afrique, un plan de paiement échéancier pour apurer la redevance sur la table du Directeur Général Alassane DIALLO.
Que s’est-il passé ? Selon nos informations, ce dernier a multiplié les entretiens téléphoniques avec le haut etablishment indo-singapourien, murmurant dans l’oreille du magnat indien Prakash Lohia pour peser de tout son poids et de manœuvrer seul à bord. Selon nos informations, sentant son fauteuil menacé, Alassane DIALLO met son jocker en selle. Il s’agit de Mama SOUGOUFARA, sorti de nulle part, promu à pied levé au poste de Directeur Général Adjoint des ICS. Un proche et un béni-oui-oui d’Alassane DIALLO dit-on, pour jeter la poudre aux yeux aux Indiens. Tant pis.
Dilatoire et jeu trouble d’Alassane DIALLO
Le jeu trouble du Directeur Général, qui tient le groupe INDORAMA pour « services rendus » qui agace plus d’un s’est lancé dans une campagne de communication pour maquiller la situation calamiteuse des travailleurs alors que les finances de l’entreprise sont florissantes. Pris dans son propre piège, Alassane DIALLO veut à tout prix jouer le go-between des Indiens auprès des autorités sénégalaises, qui entendent gérer l’affaire des ICS avec vigilance et transparence, loin des dessous de table.
Les chiffres de l’entreprise sont révélateurs de l’état de santé financière de l’entreprise qui a engrangé un chiffre d’affaires en 2023 de 539 milliards de FCFA, selon une source anonyme, contactée par Confidentiel Afrique. Le mensonge réside dans le montant prétendument attribué aux prestataires et divers sous-traitants des ICS.
Selon des informations de Confidentiel Afrique, au niveau de la direction des approvisionnements, c’était un chiffre d’affaires de 45 milliards FCFA dont 19 à 20 milliards pour les prestataires (PME/PMI)sénégalaises, jusqu’à la survenue de la crise qui a précipité la société dans les mains des Indiens, en 2005 avec le nébuleux groupe Archéan et ensuite en 2014 avec INDORAMA qui fait la pluie et le beau temps avec la bénédiction du régime déchu de Macky SALL.
Aujourd’hui, la société se vante d’avoir alloué 32 milliards FCFA aux prestataires. La vérité est toute autre. Ce que les dirigeants d’INDORAMA n’ont pas dit, 95 % de ce montant sont payés à des prestataires étrangers en particulier indiens, à travers des sociétés-écrans qui favorisent une fuite des capitaux.
En ce qui concerne les devises, il y a lieu de relever que depuis l’avènement D’INDORAMA, la traçabilité des flux financiers est devenue une grosse nébuleuse. Selon nos informations, les réserves et profits financiers tirés de l’exploitation du phosphate sénégalais, vendu à fort prix par INDORAMA à une autre société indienne, une entité du conglomérat éponyme, basée au Singapour et en Indonésie, ont déserté les banques locales opérant sur la place financière dakaroise pour des comptes off-shore dont EXIM BANK INDIA et il y a quelques années la major anglaise BARCLAYS leur servait de correspondants dans l’espace européen.
L’astuce est simple. La firme INDORAMA qui détient 78% des parts du capital des ICS a choisi délibérément de « verrouiller et transférer » les comptes de la société, afin de contourner les placements rigoristes des devises contrôlables par le gendarme régulateur de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) basée à Dakar (capitale du Sénégal).
Réexportation des devises vers des sociétés-écrans
Cette machination met donc à nu l’argument selon lequel les ICS assurent au Sénégal 2 % pour l’équilibre de la balance des paiements. Cet apport des ICS jadis comptabilisé, via les livres de la BCEAO, est devenu un vieux souvenir.
Au chapitre commercial, la production d’acide phosphorique des ICS, parmi les plus côtés dans le marché mondial, est vendue principalement à la coopérative des fermiers indiens (IFCO), partenaire traditionnel des ICS depuis leur création en 1983. Aujourd’hui, les indiens ont sous leur contrôle la quasi-totalité des productions d’acide phosphorique et influencent la fixation des prix.
L’usine d’engrais des ICS sise à Mbao, dans la région de Dakar, a une capacité nominale de 300 000 tonnes. En fonction des commandes, qui proviennent pour 70% du Mali et d’autres pays ouest-africains, l’usine produit 200 000 a 250 000 tonnes dont un tiers seulement vendu au Sénégal dans le cadre de la campagne agricole.
Comble d’aberration, INDORAMA refusait d’accorder des tarifs préférentiels au Sénégal.
La donne a changé, depuis l’arrivée des nouvelles autorités début avril 2024 qui ont annoncé la couleur et sifflé la fin de la spoliation du patrimoine minier du pays par les multinationales. Face à l’inflexibilité de l’État, le Directeur Général Alassane DIALLO continue de s’entêter et risque de faire perdre le nord à INDORAMA, si elle ne s’acquittait pas de sa redevance minière et de la taxe superficiaire à la date du 30 septembre prochain. Les semaines à venir seront décisives pour fixer le sort des Industries Chimiques du Sénégal.
Maderpost / Confidentiel Afrique