La coalition Benno Bokk Yakaar, née sur les cendres de Macky2012, a porté Macky Sall au pouvoir. Pendant longtemps, elle a fait la fierté de son géniteur qui s’est toujours enorgueilli d’avoir eu la coalition au pouvoir qui a eu le plus de longévité. Pendant ses douze années de règne, ce GIE de formations aux idéologies les plus diverses et quelques fois même opposées, a tenu vaille que vaille.
TRIBUNE – Macky Sall, Moustapha Niasse, feu Ousmane Tanor Dieng -puis Aminata Mbengue Ndiaye- ont eu l’intelligence politique de ravaler leurs propres ambitions, pour les derniers, ses envies d’espace, pour le premier, afin de sauver leur union.
En contrepartie de ce renoncement qui a fait voler leurs propres partis en éclats, Macky Sall a donné la présidence de l’Assemblée nationale à Moustapha Niasse, taillé le Haut conseil des collectivités territoriales à la mesure de Ousmane Tanor Dieng puis de Aminata Mbengue Ndiaye, leur a réservé un quota de députés, ministres, députés, Dg et Pca. Ce qui a un coût. Et le troc est gagé sur les privilèges liés à la gestion du pouvoir.
Maintenant qu’il n’y a plus grand-chose à partager, tout part en vrille. L’Union pour le renouveau démocratique (Urd) de feu Djibo Kâ a, la première, donné un coup de pied à l’unité de Benno Bokk Yakaar. Diégane Sène et compagnie reprochent à la désormais ex-coalition au pouvoir un « manque de lisibilité » sur la nouvelle direction à prendre. On peut dire, sans risque de se tromper, que d’autres vont suivre. D’ailleurs, pouvait-il en être autrement, la vie des coalitions au pouvoir étant programmée et calée sur le temps de partage des privilèges ?
L’Alliance pour la République (Apr), tête de pont de ce conglomérat, a montré la voie. Ses responsables se tirent dessus. Macky Sall a réaffirmé sa propriété sur le parti qu’il a porté sur les fonts baptismaux en 2008 au travers d’une lettre adressée aux militants au lendemain de son départ du Palais de la République.
Au même moment, pour marquer son territoire, Amadou Bâ, bien qu’arrivé dans le parti sur le tard, fort de ses 34 % obtenus à la Présidentielle, a réitéré son Opa sur la formation beige-marron en invitant ses camarades à maintenir le cap pour de nouveaux horizons. Une guerre à fleurets mouchetés qui ne manquera pas de faire des étincelles.
Moustapha Diakhaté, bien qu’exclu de l’Apr, a une voix qui porte au sein de l’ancienne majorité. Il a réclamé ni plus ni moins que l’exclusion de…Macky Sall himself de la même Apr. Ce, pour avoir sabordé la candidature de Amadou Bâ.
Ses appels font écho à ceux de Oumar Sow. Responsable des jeunes de l’Apr et ancien ministre-conseiller à la Présidence, Osys, comme l’appellent ses camarades, fait le tour des plateaux pour tailler en pièces son ancien mentor que lui aussi accuse d’avoir sacrifié les intérêts de l’Apr et de Benno sur l’autel de la sauvegarde des siens propres et de ceux de sa tribu. Osys qui se remet difficilement de la perte du pouvoir aurait même, au sein du Palais, eu une violente prise de bec avec le milliardaire malien Ousmane Yara qu’il accuse d’avoir joué les bons offices entre Macky Sall et le tandem Diomaye-Sonko.
En tous les cas, c’est de sa retraite dorée de Marrakech et revêtu de sa tunique de nouveau « coursier » de Macron pour les 4P que Macky Sall risque de regarder, impuissant, ses anciens poulains s’entredéchirer et, à l’occasion, lui envoyer des piques assassines. Beaucoup d’entre eux sont, jusqu’à preuve du contraire, convaincus que Macky Sall n’a pas joué franc jeu dans cette élection et aura tout fait pour que Amadou Bâ rate la dernière marche du Palais.
En attendant que lumière se fasse sur le véritable rôle de Sall dans la défaite de Bâ et de Benno, le Pit, une partie de la Ld et les autres formations satellites qui regardent leur ancien puissant entamer une descente aux enfers guettent le bon moment pour demander le divorce.
Ibrahima ANNE
Maderpost / Walfnet