“L’ensemble des praticiens de l’hôpital Aristide Le Dantec s’est investi dans l’inventaire des problèmes de leur établissement avant de proposer des solutions à travers un mémorandum décliné en compte cinq axes”, dit une déclaration transmise vendredi à Maderpost.
SANTE – Il y a un an “devant la situation difficile que traversait l’hôpital Aristide Le Dantec , notamment le surendettement, la baisse des recettes, les ruptures de réactifs et de médicaments, les pannes en série et défaillances graves de l’infrastructure”, l’ensemble des praticiens de l’hôpital s’investissait dans l’inventaire des problèmes avant de proposer ce vendredi des solutions à travers un mémorandum sur 5 axes prenant en compte l’infrastructure, le projet d’établissement, le fonctionnement de l’établissement, les urgences, l’équipement.
“Devant la vétusté de l’infrastructure, il avait été proposé de mettre l’accent sur le projet d’établissement” souligne la déclaration faisant remarquer que la réfection de plusieurs services et des blocs opératoires entamée depuis plus de 2 ans “n’est toujours pas finalisée”. Il s’agit du bureau d’accueil des patients, de la salle commune de prélèvements, du bloc de l’urologie…”.
Pire, d’autres travaux “n’ont jamais démarré notamment pour le service de chirurgie plastique, de stomatologie, d’ophtalmologie, de chirurgie dentaire, et de kinésithérapie, ainsi que les locaux de la consultation externe”.
“En réalité, l’ensemble des services de l’hôpital est dans un tel état que l’administration de soins de qualité aux patients y est quasiment impossible” dit la déclaration, ajoutant : “En plus, sont apparues des dégradations, pour la plupart liées au non entretien d’un bâtiment ancien mais aussi à la mauvaise qualité des travaux de réfection qui y sont effectués”.
Le projet de reconstruction qui est la seule véritable solution devant cet état de fait, tarde à voir un début de réalisation, ceci “malgré la finalisation de la rédaction et de la révision du projet d’établissement de l’hôpital selon les recommandations du Ministère de la Santé et de la Banque Mondiale”.
Concernant le fonctionnement de l’établissement, l’audit de la masse salariale inscrit dans le mémorandum ne parait pas être une urgence pour l’administration de l’hôpital alors que le déficit en personnel qualifié est évident, poursuit le document.
“L’informatisation des services avance, mais risque de s’arrêter faute de budget. Le conseil d’administration ne joue toujours pas son rôle de contrôle des finances et des investissements et à ce jour les ruptures répétées et durables de médicaments et de réactifs persistent et les renouvellements de matériels (instruments de bloc opératoires, tables d’opérations, matériaux de laboratoires) ne sont toujours pas assurés”, relève la déclaration.
Soulignant qu’au niveau du service des urgences qui est la vitrine de l’hôpital, “la prise en charge des patients continue de poser problème”. “La mise à disposition d’analyses, d’examens d’imagerie et de traitements urgents sans attendre le règlement des patients n’est pas effective”, dit encore la déclaration.
Tous ces manquements rendent à suffisance compte de “graves soucis de gouvernance financière et organisationnelle de l’hôpital” poursuit le document des praticiens, ajoutant que le soutien apporté par le ministère de la santé est “insuffisant pour régler les problèmes auxquels l’hôpital est confronté” et que l’impact attendu du travail réalisé depuis un an est “largement en deçà de nos espérances” et pour cause, “l’insuffisance de la subvention ministérielle et le non-respect voire l’absence de procédures transparentes de gestion” en sont les raisons.
Néanmoins, l’hôpital Aristide le Dantec, malgré toutes ses difficultés, continue encore de participer de façon importante à la prise en charge des patients Covid depuis le début de la pandémie, fait savoir la déclaration, soutenant qu’une partie des charges “non négligeables a été financée sur fonds propres”.
“A ce jour le nouveau service d’accueil des urgences de l’hôpital a été consacré à la prise en charge des cas graves ou oxygéno-nécessitants. Ainsi nous mettons à la disposition des populations 6 lits (extensibles à 10) de réanimation entièrement équipés et 16 lits pour patients à risque ou oxygéno nécessitants.”
Les activités de prise en charge des patients non covid se poursuivent difficilement en raison des nombreux problèmes qui semblent ne préoccuper au quotidien que les médecins, le corps paramédical, et les usagers directement concernés, regrettent les praticiens.
Ainsi la Commission médicale d’établissements (CME) : “considérant et comparant les aides et financements reçus du fond de riposte à l’épidémie de covid contrairement à d’autres hôpitaux ; considérant que le niveau de résilience des praticiens aussi extraordinaire soit il a atteint ses limites”, a emmené les praticiens de l’hôpital à se poser les questions suivantes.
“Comment avons-nous été formatés pour accepter de telles conditions de travail ? Devons-nous continuer de laisser faire ? Est-ce bien ce que nous voulons laisser en héritage sous le prétexte que notre pays est pauvre?”
Considérant que tout ce qui précède est “un véritable affront à ses compétences”, la communauté médicale de l’hôpital “pense qu’il est non seulement normal, mais même obligatoire de réclamer beaucoup mieux”.
“Désormais nous souhaitons mettre en avant notre obligation de moyens quoi qu’il puisse nous en coûter. Nous voulons à travers notre plan d’action régler deux problèmes : la gouvernance locale et l’absence de considération des autorités”, disent sans appel les praticiens.
“Après avoir mis les patients devant toute autre considération et analysé les risques que nous leur faisons courir à vouloir pratiquer dans des conditions insupportables, c’est pour nous, l’attitude la plus responsable à adopter jusqu’à preuve du contraire”, ajoutent-ils en prenant à témoins les Sénégalais : “Soyez assurés, chers compatriotes de toute notre bonne volonté vers une solution définitive des problèmes de notre Hôpital. Nous comptons, à la suite de cette déclaration, organiser une conférence de presse afin de clarifier notre démarche auprès de la population.”
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