Le gouvernement jette-t-il de la poudre aux yeux à la population avec la baisse annoncée de certaines denrées de première nécessité au mois de novembre dernier ? La réponse pourrait être affirmative. Pour cause, deux mois après l’annonce de cette décision, il a décidé d’augmenter le prix du carburant et de l’électricité pour une certaine catégorie de consommateurs. Même si le gouvernement annonce que des « mesures d’accompagnement seront prises pour subventionner directement les transporteurs afin que ce réajustement n’ait pas d’impact sur le coût du transport », cela pourrait ne pas les empêcher de réajuster leurs prix. Du coup, les produits du quotidien coûteraient encore plus cher.
HYDROCARBURES – Décrété année sociale par le Président de la République, Macky Sall, 2023 s’annonce difficile pour les ménages. L’Etat a décidé de réduire sa subvention sur le carburant et l’électricité. Comme conséquence : le prix du gasoil et du supercarburant a augmenté de 100 FCFA depuis samedi dernier. De 755 FCFA, le litre du gasoil et du supercarburant est désormais à 990 FCFA. Pour l’électricité, une hausse s’applique « par tranches » et ne concerne pas les usagers qui consomment moins de 150 kilowatts par heure, tous les deux mois.
« Face à la persistance de la crise internationale qui renchérit de plus en plus les cours des matières premières et affecte l’économie mondiale, une analyse de la situation commande à repenser la subvention que l’Etat apporte aux différentes structures des prix de l’électricité, du gasoil et du supercarburant», a expliqué le ministère du Pétrole et des Energies dans une note rendue publique. La même source d’ajouter : « C’est ainsi que le gouvernement a décidé de procéder à une réduction de cette subvention pour l’orienter vers les couches vulnérables (…) Cette réduction de la subvention nécessitera inéluctablement un réajustement sur certaines catégories d’usagers d’électricité, de gasoil et de supercarburant». Selon le gouvernement, ces mesures vont occasionner plus de 258 milliards de FCFA d’économies.
Va-t-on donc vers une nouvelle hausse des prix des denrées de première nécessité ? Le gouvernement rassure : « Des mesures d’accompagnement seront prises pour subventionner directement les transporteurs afin que ce réajustement n’ait pas d’impact sur le coût du transport ». Toutefois, la peine risque d’être double pour la population déjà étranglée par la flambée des prix. La hausse du prix de l’énergie risque de provoquer un effet de cascade sur les prix des matières et produits de première nécessité quand on sait que l’augmentation du coût du transport va impacter sur tous les autres coûts de la vie. D’autant plus qu’au Sénégal, l’Etat n’a presque pas de contrôle sur beaucoup de transporteurs qui augmentent leurs tarifs au grand dam des populations. D’ailleurs, des transporteurs menacent déjà de revoir leur prix à la hausse tandis que mal d’autres ont déjà franchi le Rubicon, à l’instar du transport en commun, sur certains axes routiers. L’électricité étant un bien nécessaire à la production de la plupart des biens et services, l’augmentation de son prix entretient également une inflation.
En effet, la cherté du coût de la vie a fini d’inquiéter tout le monde. C’est pourquoi le 5 novembre dernier à l’issue d’un Conseil national spécial de la consommation, le gouvernement avait annoncé en grande pompe une baisse du prix des denrées de première nécessité. Le riz, le sucre, le lait, l’huile de palme, les produits horticoles, la viande, les intrants agricoles, le fer à béton, le loyer, les frais d’inscription scolaire sont, entre autres, les produits et services concernés par ces mesures urgentes prises par le Président pour lutter contre la vie chère au Sénégal. Le kilogramme de riz est passé de 350 à 325 FCFA, celui du sucre de 600 à 575 FCFA. Cependant, l’applicabilité de ces mesures reste encore difficile dans le marché à cause de certains vendeurs qui rechignent. Comme pour dire que les mesures gouvernementales de baisse des prix de denrées de première nécessité risquent de n’avoir aucun effet pour les ménages. Car la crainte d’une hausse générale des prix est réelle.
Maderpost / Sud quotidien