Le blocage des reliquats des lutteurs Papa Sow et Siteu, suite à la non-tenue de leur combat, la sanction pécuniaire infligée aux lutteurs dont les supporters sont coupables des saccages de l’Arène Nationale… autant de sujets qui donnent de la graine à moudre au président de l’Association des lutteurs du Sénégal. Gris Bordeaux compte déterrer la hache de guerre contre le Comité national de gestion de la lutte.
LUTTE – Quelle analyse faites-vous suite à l’annulation du combat Papa Sow-Siteu ? Après l’annulation, le Cng a bloqué les reliquats des deux lutteurs et décidé de reprogrammer le duel, mais ce sera sans le promoteur Pape Abdou Fall. Est-ce que l’Association des lutteurs compte s’impliquer dans cette affaire ?
Nous sommes plus que jamais déterminés à défendre les lutteurs. Désormais, ce ne sera plus comme avant, quand les lutteurs subissaient beaucoup d’injustices. Il faut engager le bras de fer contre le Cng en ce qui concerne les reliquats des lutteurs. Je communique beaucoup avec le président Ibrahima Sène, c’est quelqu’un qui a le sens de l’écoute. Mais dans son entourage, il y a des gens qui ne lui disent pas la vérité. Il ne doit pas écouter ces derniers qui ne peuvent que l’induire en erreur. Nous avons pris nos responsabilités et nous allons faire face à toute forme d’injustice, en commençant par le combat Papa Sow-Siteu. Ils ont préparé ce combat pendant trois ans. Les deux lutteurs ont rempli leur part du contrat avec le promoteur. Maintenant, ils sont libres de tout engagement. J’ai entendu le promoteur dire qu’il a décidé de renoncer à la réorganisation du combat. Mais de quel combat parle-t-il ? Il n’y a plus de combat, du moment où le sans verdict a été notifié. Papa Sow et Siteu avaient la volonté de livrer un bon combat, parce qu’ils sont restés trois ans à attendre. Quand le combat a été reporté à cause du Covid-19, le promoteur a été dédommagé à hauteur de 5 millions de FCfa, pourtant il n’a même pas donné 100 francs aux deux lutteurs. C’est toujours le promoteur qui gagne. Pape Abdou Fall devait, au contraire, augmenter leurs cachets au lieu de parler de désistement.
Mais si on considère qu’il n’y a pas eu combat, on peut comprendre la décision du Cng de bloquer les reliquats et reprogrammer le duel ?
Les deux lutteurs ont eu mal de voir les choses se terminer de cette manière. Mais ce n’est pas de leur faute si le combat n’a pas eu lieu. Papa Sow et Siteu ont fait ce qu’ils devaient faire. Ils devaient, dès mardi 7 décembre, recevoir leurs reliquats et après, voir s’ils pourront négocier un autre combat. Mais on nous parle de reprogrammation, c’est inacceptable. Cela ne figure dans aucun texte. Au moment où le sans verdict est notifié, il n’y a plus de combat. On voit bien qu’on veut favoriser le promoteur qui va gagner deux fois. Les lutteurs et les amateurs sont les grands perdants. Le Cng doit éviter de favoriser tout le temps les promoteurs au détriment des lutteurs. D’autre part, il y a les amateurs qui avaient fait le déplacement au stade, mais ils n’ont pas eu la chance de suivre le grand combat.
Que disent les textes en cas de non combat ? Est-ce que les choses ont toujours été comme ça lorsqu’il y a combat sans verdict ?
Nous avons constitué un pool d’avocats et des conseillers juridiques pour mettre fin aux agissements du Cng. Le Cng avait rendu l’argent des reliquats au promoteur du combat Alioune Sèye 2-Niakh Diarignou. Alioune Sèye 2 a fait une sortie pour réclamer son argent et vous savez ce que le promoteur a fait ? Il est allé trouver un autre adversaire à Niakh Diarignou. Le Cng a favorisé le promoteur au détriment d’Alioune Sèye 2. Jusqu’à présent, les deux lutteurs courent derrière leurs reliquats. C’est le même cas pour Garga Mbossé et Lac Rose qui courent toujours derrière leurs reliquats, alors qu’ils avaient rempli le stade le jour de leur combat. Le combat Baboye-Ness est loin de connaître son épilogue, parce que les lutteurs n’ont toujours pas leurs reliquats. Nous avons des informations venant de sources sûres que le promoteur de ce combat n’avait pas déposé l’argent au Cng. Nos avocats vont se pencher sur ces dossiers, parce que les lutteurs ne vont jamais accepter ces pratiques.
Pourquoi l’Association des lutteurs du Sénégal n’a pas été associée à la rencontre entre le Cng, les lutteurs et le promoteur ?
Le Cng est libre de choisir les personnes qui doivent assister à leurs rencontres. Notre Association est là pour protéger et sécuriser les lutteurs. Nous ne participerons pas à des rencontres où on manque du respect aux lutteurs. Quand un lutteur est fautif, le Cng doit faire son travail. Mais il ne doit pas penser que les lutteurs n’ont pas de droits. Sur ce point, on ne négocie pas, on exige. Il y a des problèmes qu’on peut régler sans que le Cng n’y intervienne.
Est-ce que vous avez parlé aux deux lutteurs après leur rencontre avec le Cng pour harmoniser la bataille à mener ?
Après leur rencontre avec le Cng, ils m’ont tout expliqué. J’ai eu le manager de Siteu, Max Mbargane, au téléphone, il m’a donné les détails de la réunion. Nous allons organiser une réunion dans la semaine avec les deux lutteurs et leurs managers en compagnie de nos avocats.
La violence fait rage également lors des galas de lutte et l’Arène Nationale a été, à plusieurs reprises, saccagée. Cautionnez-vous la méthode du Cng qui, pour régler ce problème, sanctionne les lutteurs dont les supporters sont coupables ?
Un lutteur qui prépare son combat ne peut pas contrôler les supporters qui sont dans les tribunes. Il n’est pas responsable des saccages orchestrés par ses supporters. Mais c’est souvent lui qui paye les pots cassés. Le Cng ne doit pas toucher à l’argent des lutteurs, il doit tout faire pour trouver les fauteurs de troubles et les sanctionner. Pourquoi on exige à Siteu de payer 500 000 FCfa pour la réparation des sièges qu’il n’a pas cassés ! Le Cng est chargé de l’organisation, c’est son devoir d’assurer la surveillance au niveau des tribunes pour éviter les casses. C’est à cause de ces mêmes pratiques que nous avions ouvert un front contre l’ancienne équipe du Cng. Les sanctions sont toujours pécuniaires. C’est un système qui ne fait pas avancer la lutte, parce que les lutteurs ne sont pas engagés dans des contrats pour ensuite laisser l’argent entre les mains du Cng. Nous travaillons pour nourrir nos familles, pas pour enrichir le Cng.
A votre avis, comment faire face à cette violence qui ne s’explique pas ?
Il faut que les combats débutent tôt, parce qu’au-delà de 19 heures, il est difficile d’assurer la sécurité. Le Cng doit prendre ses responsabilités en exigeant le démarrage rapide des combats au plus tard 14 heures pour permettre aux amateurs de rentrer en toute sécurité. Il est difficile de maintenir la sécurité la nuit. Les promoteurs doivent limiter leurs événements.
Maderpost / Igfm