Le premier méthanier de la République du Congo, issu du projet de premier plan Congo LNG exploité par le major italien ENI a, depuis le large des côtes congolaises, livré un bassin riche en hydrocarbures à destination des côtes italiennes pour vider toute sa cargaison de gaz naturel issu des champs offshore Marine 12.
TRIBUNE – Avec sa première livraison de GNL en ce mois de février 2023, le Congo Brazzaville franchit une étape historique dans le développement de son secteur des hydrocarbures en plein essor juste après le Mozambique qui en 2022 a commencé ses premières livraisons de gaz naturel liquéfie’ en joint – venture avec l’opérateur italien.
Le premier gaz pour le projet Congo LNG qui a une capacité de production de liquéfaction de 1 milliard de mètres cubes (mmc) par an issus des concessions Marine XII, situées à environ 3 km au large de Pointe Noire. La production de ce champ devrait monter rapidement en puissance pour l’exportation vers l’Europe avec l’expansion tant attendue du projet pour porter la production d’hydrocarbures du pays à 500 000 barils de pétrole par jour (bpj) et à 4,5 milliards de mètres cubes de gaz dans les deux ans à venir éliminant systématiquement le torchage à l’air libre du gaz.
La production de GNL du projet sera renforcée par l’arrivée d’un second navire GNL d’une capacité de 3,5 milliards de m3, actuellement en construction et qui entrera en production en 2024. Cette unité supplémentaire pourra stocker plus de 180 000 mètres cubes sera utilisée pour le gaz to power avec l’objectif d’une exploitation optimale des abondantes ressources gazières de ce pays qui sont estimées à 10 trillions de pieds cubes.
Toujours avec le major italien, le mozambique avait inauguré en fin 2022 son expédition de gaz naturel liquéfié (GNL) à partir du champ gazier Coral, dans les eaux du bassin de Rovuma, au large de cabo Delgado dans le deep offshore des eaux mozambicaines.
Grâce à ces champs gaziers en mer ce pays africain pourrait exporter 60 millions de tonnes de gaz par an si la rébellion dans la région est maitrisée.
Heureusement pour l’économie de ce pays la localisation offshore des installations du groupe italien les préserve, à la différence de ses concurrents français et américain, de l’insurrection djihadiste qui, depuis 2017, a fait plus de 4 400 morts et quelque 950 000 déplacés dans le nord du Mozambique.
Dans la géopolitique pétrolière et gazière, l’Afrique a des atouts sérieux surtout avec le GNL.
Déjà en 2018 le Cameroun livrerait sa première cargaison de gaz naturel liquéfié (GNL) issue de l’unité flottante de liquéfaction (FLNG) Hilli Episeyo grâce au co- venture entre la société publique camerounaise SNH et le français Perenco. La production de ce pays devrait avoisiner deux millions de tonnes en 2024 grâce aux commandes à destination de la France et de l’Asie.
Au second semestre de cette année 2024, l’Afrique devrait consolider sa place dans la carte GNL du monde avec l’entrée en production des champs GTA à cheval entre le Sénégal et la Mauritanie.
Un champ offshore de 4 puits dans sa première phase situé à cheval entre les deux frontières maritimes des deux pays, réalisé à presque 90 % pour une production qui s’étale sur 30 ans. La phase initiale devrait fournir environ 2,5 à 2, 8 millions de tonnes par an de GNL.
On estime que GTA renferme plus de 15 milliards de pieds cubes de ressources gazières potentiellement récupérables ce qui en fait un champ de première classe comme au Qatar et en Russie, bien sûr après le Nigeria et l’Algérie sur le continent.
Les défis techniques d’envergure sont à la mesure de ce projet gigantesque et complexe qui produira du gaz à partir de réservoirs en eaux profondes, à environ 120 km au large, via un système sous-marin jusqu’à un navire flottant de production et de stockage, de déchargement (FPSO), qui traitera dans un premier temps le produit, en éliminant les composants d’hydrocarbures les plus lourds.
L’output issu de ce pré- traitement sera ensuite transporté par pipeline jusqu’au navire FLNG au hub de GTA où il sera refroidi cryogéniquement dans les quatre trains de liquéfaction du navire et stocké avant d’être transféré vers les méthaniers, le tout pour un coût avoisinant 4000 milliards de FCFA d’investissement sans oublier les coûts de capital pour les retards et délais.
Avec GTA le Sénégal sera parmi les dix premiers exportateurs de GNL du monde surtout si la phase deux du projet suit immédiatement d’où l’impérieuse exigence d’une stabilité politique pérenne pour la poursuite des investissements initiés par le partenaire stratégique.
Le continent européen à la recherche de nouveaux partenaire sera bien sur la destination majeure du GNL issu du continent comme du reste c’est le cas du gaz naturel avec l’Algérie , cependant notre continent qui détient plus de 15 % des réserves de gaz de la planète devrait travailler urgemment à la transformation de cette ressource stratégique en énergie électrique pour les 800 millions d’africains sans courant et enclencher ainsi l’industrialisation du continent avec la compétitivité coût permise par le gaz abondant et bientôt bon marché.
Mous Tapha
Maderpost