Pas de mots, pas un seul ne me vient sans douleur, sans me plonger dans une profonde tristesse. Une amertume sans fin. Un sentiment ravageur connu quelques années plus tôt, le 26 mai 2020. Aly Ba que tu as connu. Deux monstres.
NECROLOGIE – Je suppose que cela est ainsi pour tous ceux qui t’ont connu, encore plus ceux qui ont partagé ton intimité.
Gaston « L’original » pour tous, la « copie » pour moi. C’était ainsi, ça le restera patriarche. Cousin tentaculaire, grand-frère protecteur, ami confident, boussole d’une vie de jeune frère fier de t’avoir écouté, exécuté à la lettre les recommandations. De Cëdem à ton lit d’hôpital, en passant par Niayes Thiokers, Blaise Diagne, le 111, Point E, Patte d’Oie Builders, île de Ngor, ce fut une vie de défis, avec en bandoulière la détermination et l’ambition d’être le premier, le pionnier. Un précurseur aux ressources toujours mises en avant pour un ancrage efficace, assumé. Cultivées et inséminées aux frères et sœurs, cousins cousines, neveux nièces, petits fils petites filles, parents, alliés et amis, tous genres tous âges confondus.
Une saga de vie à la sève diola tambourinant rythmes et sons métisses, aux pas de danse captés par l’acrylique pour l’immortalité.
Une vie de toile me dira O’Lio. Une expression culturelle millésimée surfant sur musique caribéenne, de Zouk Machine au Kassav et mbalax du roi You.
Une vie d’artiste. De la musique à la peinture pour un concert d’ouvrages sans faute. Aucune improvisation pour ne pas se faire oublier. Le professionnel Gaston Etienne Madeira ne joue pas quand il s’agit de faire dans l’Excellence. Le bien nuit à l’Excellence. Personne ne le lui a raconté, Gas l’a lui-même théorisé.
Le rasta aux racines Tandiem réalise ses rêves, embarquant dans son engagement Set Settal, Adja Madeleine Ngom. 1980 n’est pas encore là et la coupe est déjà pleine à moins de 20 ans. Quelle vie ? Quel début, ce 11 mai 1982. La naissance patriarcale d’une tradition Memorial Bob Marley, de la Medina à l’Ile de Ngor, Tyrone Downi pianotera la reconnaissance d’un maestro noir, sanctuaire africain de rastafari. Que reggae s’entende aujourd’hui, demain et toujours. Survival !
Une vie de patriarche que le fils de Toutou trace dans chaque regard mouillé d’amour pluriel, intense, intact. Gaston ne sait qu’aimer sans concession, son silence et son regard disent le reste. Il est subtil l’homme de conviction, aux idées fortes. Il ne peut être qu’entier le grand frère de Daniel. L’ange gardien de Maithé est ainsi fait. Il plastronne le patron de Tony, crée l’imprésario d’Omar, surveille et protège tel bodygard Anne Marie. Gaston est ainsi, il est parapluie et paratonnerre. Sa fratrie est grande pourtant, Vicous, Nora, Anna Sow, Marie Lolo, Oulimata Dorine, Ben Niang, Mor Talla, Roger, Miki. La liste est longue. Moi-même la copie, l’autre face qui a perdu sa moitié. Amputation de vie, paraplégie affective actée par le Maître du Temps et de l’Espace. Ainsi l’a voulu l’Eternel à qui je te confie Gaston. Les mots me manquent. Va en paix !