C’est un drame qui se joue à la frontière entre le Sénégal et le Mali où près de 1300 camions sont bloqués. Ce suite à l’embargo décrété le 09 janvier par la Cedeao contre ce pays. Gora Khouma de l’Union des routiers du Sénégal appelle le président Macky Sall à une levée temporaire du blocus pour libérer les 1300 camions immobilisés à la frontière. EMBARGO – Il l’invite à imiter sont homologue de Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouat- tara, qui a suspendu temporairement le blocus pour les camionneurs ivoiriens. Le président Macky Sall n’a pas encore réservé une suite favorable à la supplique du président du syndicat des transporteurs routiers. Dans le décompte des dégâts collatéraux de la décision prise par les dirigeants de la Cedeao de fermer leurs frontières terrestres avec le Mali suite à la prise du pouvoir par des militaires dirigés par le colonel Assimi Goïta, on retient le blocage de près de 1300 camions sénégalais à la frontière avec ce pays. « La situation des 1300 camionneurs s’explique par le fait qu’ils ont été piégés par la décision du 09 janvier prise par les chefs d’Etats de la Cedeao de sanctionner le régime militaire par un embargo. Ces camionneurs avaient déjà reçu leurs missions de mise en route et roulaient vers Bamako. C’est en cours de chemin que la décision d’embargo s’est abattue sur eux. Et la malchance, c’est que la totalité de ces camionneurs transportaient des produits non alimentaires comme du matériel de construction (ciment, fer, briques et autres). Parce que dans le corridor, seule l’entrée de camions transportant des produits essentiels comme les produits alimentaires, pharmaceutiques et hydrocarbures a été autorisée » explique notre source. A l’en croire, la plupart de ces camions ne viennent pas du Port autonome de Dakar mais surtout des cimenteries du pays et d’autres clients du Mali. Il reste que la situation à la frontière est devenue intenable pour les acteurs du transport terrestre. En fin de semaine dernière, à travers le Collectif des acteurs des transports routiers du Sénégal (CATRS), ils ont crié leur ras-le-bol. « Suite à la publication de l’ordonnance de la Cour de Justice de l’Uemoa N°06/2022/CJ du 24 mars 2022 qui ordonne le sursis à exécution des sanctions prononcées par la conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Uemoa, lors de sa session extraordinaire tenue à Accra le 9 janvier 2022, le Collectif des acteurs des transports routiers du Sénégal (Catrs) a décidé d’inter- peller nos autorités étatiques. Il prend pour responsable la Cedeao et étale ses doléances » expliquait Momar Sourang dans un communiqué. Selon le coordonnateur du Catrs, « cette fermeture brutale et dépourvue de mesures d’accompagnement, nous a causé un préjudice énorme. Heureusement que la Cour de justice de l’Uemoa a pris la décision de lever cette interdiction, prise par la conférence de chefs d’État de la Cedeao. Les transporteurs et les chauffeurs sont toujours bloqués au niveau de la frontière. Surpris par cette fermeture brusque, ils ont subi d’importantes pertes et désagréments qui méritent une réparation. Aujourd’hui, les acteurs vivent dans le plus grand dénuement au ni- veau de la frontière et notre activité est à l’arrêt. Au-delà de 23 jours de détention, un conteneur de 40’ (lire 40 pieds) se voit appliquer une pénalité de 25 000 F/jour. Quant aux conteneurs de 20’, une pénalité de 15 000 F/jour, unité, leur est imposée. Les pneumatiques ont commencé à s’affaisser. Et nous, la Catrs, pensons que la Cedeao est responsable de cette situation et doit en assumer les conséquences », avait martelé Momar Sourang. Qui a demandé au président du Conseil malien des transporteurs routiers (Cmtr), Youssou Traoré, « de prendre un huissier et de faire le constat aussi bien du côté des camions maliens en terre malienne, que de camions maliens en terre sénégalaise, pour évaluer le préjudice qu’il sont subi » Momar Sourang lui a assuré que le Catrs fera le même travail de recensement du côté sénégalais. « Il faut noter qu’il n’y a pas que les transporteurs comme victimes dans cette affaire. Il y a aussi les chauffeurs qui ont été maintenus contre leur gré, en pleine brousse et ont vécu dans le plus grand dénuement. Ils dorment à la belle étoile ou partagent leur cabine avec leurs apprentis. Obligés de se doucher à la belle étoile et contraints à d’énormes difficultés pour avoir de l’eau, ces chauffeurs doivent être indemnisés. Nous avons tenu à faire passer ce message pour que tous les acteurs du corridor impactés puissent réagir et évaluer les pertes subies » a conclu Momar Sourang. Gora Khouma appelle Macky Sall pour une levée temporaire du blocus « Lors d’une réunion de la Confédération des syndicats des conducteurs routiers de l’Afrique de l’Ouest (CSCRAO), tenue au Togo, j’ai dit que la première erreur des chefs de l’Etat l’Etat de la Cedeao, c’est d’avoir au soir du 09 janvier dernier décrété un blocus ou un embargo immédiat sur le Mali. Les chefs d’Etat devaient prendre un délai d’entrée en vigueur de l’embargo de 15 jours pour per- mettre aux transporteurs maliens et sénégalais de charger et de décharger leurs différentes cargaisons hors alimentaires. Nous aurions alors des camions vides dans les deux sens autant aux arrêts de Moussala et de Kidira. C’est la Cedeao qui nous a donné notre récépissé à la CSCRAO, donc les chefs d’Etat devaient nous associer dans leur prise de décision parce que nous sommes des partenaires » souligne Gora Khouma joint au téléphone par le « Témoin ». Le célèbre syndicaliste transporteur ajoute que « la décision d’application immédiate du 09 janvier a piégé les transporteurs qui avaient fini de charger au niveau du Port de Dakar, des cimenteries et ceux qui étaient déjà dans le corridor. C’est une énorme perte subie par les transporteurs, c’est pourquoi d’ailleurs j’ai soulevé la thèse de la réparation financière à l’endroit du gouvernement. Le régime de Macky Sall doit prendre les mêmes dispositions financières à notre endroit comme il avait fait lors du financement de la Force-covid19 ». Notre inter- locuteur n’a pas manqué d’évoquer les nombreuses contraintes vécues actuelle- ment par les transporteurs. « Actuelle- ment, les banques ont commencé à emmerder les propriétaires des camions qui avaient contracté des prêts pour ache- ter des camions pour le fret du corridor. Les banques ont envoyé à ces derniers des sommations puisque l’immobilisation depuis jan- vier des camions, soit plus de 3 mois, a fait que les propriétaires de camions sont dans l’incapacité de respecter les traites bancaires de remboursement. Surtout que les propriétaires et transporteurs n’ont pas le droit de vendre, ni de débarquer, ni d’acheminer les produits chargés qui sont sous douane » rappelle le vice-président de la Confédération des syndicats des conducteurs routiers de l’Afrique de l’Ouest (CSCRAO). “En Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara a fait une mainlevée de 18 jours sur le blocus pour évacuer tous les camions ivoiriens bloqués par l’embargo” De l’avis de Gora Khouma, la plupart des chauffeurs qui n’ont plus reçu de salaires ont tout bonne- ment abandonné les camions qui sont gérés sur place par les apprentis pour la surveillance. Ces derniers ont des problèmes alimentaires basiques comme manger ou se doucher. Les gens vivent en plein air. Au ni- veau du Mali, ils n’ont pas de problèmes parce qu’il n’y a pas de camions qui entrent au Sénégal avec une charge. « Le Gouverne- ment doit aller vers un soutien des camions bloqués en payant l’équivalent de trois mois de traites bancaires pour soulager les camionneurs ou leurs propriétaires » suggère le président de l’Union des routiers du Sénégal. Gora Khouma révèle qu’en Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara a eu à lever temporairement le blocus. « En Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara a fait une mainlevée de 18 jours sur le blocus pour évacuer tous les camions ivoiriens bloqués par l’embargo. Une fois tous les camions dégagés, il a remis le verrou. J’ai écrit plusieurs fois au président Macky Sall pour obtenir une ouverture temporaire de 20 jours pour faire évacuer les 1300 camions sénégalais bloqués. Jusqu’à présent, Macky Sall a fermé les yeux contrairement à Alassane Ouattara. Macky Sall doit faire comme son homologue Ouattara à savoir nous accorder un délai de 20 jours pour évacuer tous les camions au niveau de Ki- dira et Moussala » souligne notre interlocuteur. Ce dernier prévoit d’autres répercussions graves sur la prochaine Tabaski de juillet prochain et aussi un impact sur le Port autonome de Dakar surtout que le Mali a réussi à obtenir d’autres portes de sortie vers la Guinée et la Mauritanie. Maderpost / Le Temoin]]>
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