À quelques semaines de la COP 26 climat et de la COP 15 biodiversité, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) appelle à des transformations ambitieuses face à « deux aspects d’une même crise », au moment où les négociations patinent. BIODIVERSITE – L’UICN, forte de 1 400 membres (États, agences gouvernementales, ONG, peuples autochtones ou encore associations d’entreprises) a clos ce vendredi 10 septembre l’assemblée de ses membres avec la publication d’un « Manifeste de Marseille » et l’adoption de motions en lien avec les négociations internationales en cours. « Les urgences du climat et de la biodiversité ne sont pas distinctes l’une de l’autre, mais bien plutôt deux aspects d’une même crise », rappelle l’UICN. La crise sanitaire n’est pas oubliée non plus. Pour l’organisation, la pandémie de Covid-19 « met en lumière le caractère insoutenable de notre rapport à la nature ». Ses membres ont adopté une motion visant à prévenir les pandémies. Des « plans de relance fondés sur la nature » « Pendant la pandémie, nous avons changé nos comportements afin de protéger notre santé. […] Des changements radicaux sont une fois de plus nécessaires, exhorte l’UICN. La réussite économique ne saurait plus se faire aux dépens de la nature », insiste dans son manifeste l’organisation, rappelant que « nous en faisons partie et nous dépendons d’elle pour nos vies et nos moyens de subsistance ». L’UICN demande des « plans de relance fondés sur la nature », avec « au moins 10% des budgets totaux de relance » dédiés à protéger et restaurer la nature, le reste ne devant pas financer des activités qui lui soient dommageables. « Si nous voulons assurer l’avenir de la vie sur Terre, nous devons mettre un terme aux pertes de biodiversité d’ici 2030 et parvenir à la restauration des écosystèmes d’ici 2050 ». C’est l’une des demandes que l’on peut lire dans le « manifeste de Marseille », adopté ce vendredi en clôture du Congrès mondial de la nature de l’UICN. Protéger les mammifères marins et les vieilles forêts Sébastien Moncorps, président de l’UICN, il espère que ces recommandations seront entendues par la COP 15 prévue en 2022 en Chine. « Nous voulons évidemment qu’elle soit ambitieuse, avec des objectifs précis, comme l’objectif d’avoir 30% d’air protégé en 2030, à la fois sur les milieux terrestres et sur les milieux marins, lance Sébastien Moncorps. Donc nous demandons, par exemple, une action renforcée pour la protection des mammifères marins. Aujourd’hui, une espèce de mammifères marins sur quatre est menacée dans le monde. Et nous demandons la création de zones de protection renforcée pour vraiment avoir des espaces de tranquillité pour les cétacés. » L’UICN demande aussi à ce que les vieilles forêts soient protégées : « Nous avons des recommandations pour mieux encadrer les impacts de l’industrie minière, qui sont très forts sur les milieux naturels, rappelle Sébastien Moncorps. Donc il faut mieux réglementer et empêcher tous ces dommages environnementaux, et aussi, s’inscrire maintenant dans une logique d’économie circulaire. » Plutôt que d’ouvrir de nouveaux projets toujours plus profonds, toujours plus loin, pour répondre à cette demande en matériaux et en minéraux, le président de l’UICN recommande que les matériaux déjà existants soient recyclés. Lutter contre la déforestation Protéger 80% de la forêt amazonienne contre la déforestation et l’extraction minière, c’est avec cet objectif que les peuples autochtones étaient venus à Marseille au Congrès mondial de la nature. Vendredi, leur motion, présentée en procédure d’urgence, a été votée à l’unanimité par les 1 400 membres de l’Union internationale de la conservation de la nature. Une victoire pour les délégués de la Coordination des organisations indigènes du bassin amazonien (Coica) qui représente 505 peuples autochtones des neuf pays du bassin amazonien. C’est une reconnaissance, estime Claudette Labonté, déléguée de la Coica, de la Guyane française : « Là, pour une première fois, on a été invités et on a participé au vote. Déjà, ça, c’est un premier pas, car nous avons tellement de combats. On a eu tellement de décès aussi, parmi les leaders et tellement d’événements pour pouvoir sensibiliser les gens, pour pouvoir comprendre qu’on était quand même un des meilleurs combattants contre le changement climatique, pour sauvegarder cette forêt parce qu’on vit d’elle. » La Coica prend l’exemple de l’Amazonie, mais espère répandre cela un peu partout dans le monde : « Il faut à un moment donné se sensibiliser. On espère que d’autres instances comme la COP, comme le sommet mondial, avec les peuples autochtones, portent la voix, que l’on soit traités comme des égaux. » Claudette Labonté a bon espoir qu’avec les alliés de l’UICN, ils pourront faire entendre au plus haut niveau qu’il est primordial de protéger cette forêt. Maderpost / Rfi]]>
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