« Tu vas me le donner par force ! » Cette phrase s’entend couramment de la bouche de Sénégalais, dont le pays est pourtant qualifié de terre de dialogue, dans la considération, la discrétion, la pudeur et la politesse.
TRIBUNE – Cette réputation n’est-elle aujourd’hui surfaite, quand même des mendiants aux feux rouges, agressent les vitres des voitures, pour exiger la charité de leurs occupants ?
Mes Saints-Parents m’ont pourtant appris qu’on ne jette pas de pierres quand on habite dans une maison de verres.
C’est certainement pourquoi je suis enclin à la discussion et au dialogue constructif, même s’il s’agit de mes droits à faire respecter.
Simplement parce que mon vis-à-vis peut ne pas comprendre qu’il s’agit de son devoir de me concéder mes droits.
Je crois justement, qu’au Sénégal, nos dirigeants d’entreprises qui assurent l’éducation de leurs employés sur leurs lieux de travail, auraient bien besoin de meilleurs conseils, pour mieux engager le dialogue avec les nouvelles autorités Sénégalaises.
C’est l’enseignement principal que je tire personnellement, de la décision de certains patrons de groupes de presse, d’imposer à une partie de la population et à leurs journalistes, une « Journée sans Presse », pour espérer faire plier le gouvernement, qui leur réclamerait :
1. Le paiement de leurs supposés arriérés d’impôts non contestés et;
2. Le versement de cotisations sociales qu’ils auraient prélevées sur des salaires et traitements de leurs employés, ce qu’ils ne semblent pas contester.
Réclamer la mise en place d’une fiscalité d’exception au demeurant rétroactive, parce non encore en vigueur, c’est réclamer un privilège qui, s’il est accordé, pourrait même violer le sacro-saint principe de non-rétroactivité des lois et des mesures administratives.
De même, réclamer un moratoire pour le paiement de dettes non contestées, ne peut être imposé à un état qui fonctionne avec des codes, textes et procédures.
Donc, dans les deux cas de problèmes qui semblent posés à la survie de certaines entreprises de presse, il ne peut s’agir pour leurs patrons, de réclamer des droits, mais de demander l’octroi de privilèges.
Il s’agit bien de se faire accorder des privilèges qu’un Etat est, de par les textes, en droit d’accepter ou pas.
Et même pour accéder à de telles requêtes de privilèges, il lui faut une base légale. Si elle n’existe pas encore, il faudrait, le cas échéant, créer cette base légale en modifiant des textes réglementaires qui existent.
Et un privilège qui est recherché se négocie. Il ne s’obtient pas vraiment par un rapport de forces. Donc engager un rapport de forces pour obtenir des privilèges, est un jeu très dangereux.
C’est même un très risqué coup de poker: ça passe ou ça casse!
Par contre, un dialogue sectoriel bien orienté, sur l’information et la communication, avec un contenu et un processus objectifs et bien argumentés, pourrait faire obtenir des résultats qui permettent à toutes les parties prenantes de ne pas perdre la face.
L’arrogance est mauvaise conseillère.
Par exemple, les patrons de presse en mode-fronde, ont-ils des plans A, B, C, D etc… si les populations n’adhèrent pas à leur démarche de confrontation avec cette “Journée Sans Presse” ?
Et quid de certains journalistes qui dit-on, reprocheraient à leurs patrons, d’avoir avec cette confrontation, découvert qu’ils auraient aussi détourné leurs cotisations sociales de leurs objectifs, ce qui mettraient ainsi leurs pensions de retraite en péril?
Ou encore, peut-on revenir facilement taper à une porte après l’avoir claquée?
Il fait savoir raison garder pour discuter de sang froid. C’est juste un conseil!
Pape Demba Thiam
Maderpost