Enfin un juge d’instruction de Dakar procède lundi à ses premières auditions dans l’affaire de corruption présumée dans les secteurs du pétrole et du gaz, dans laquelle est cité le nom d’Aliou Sall, frère du président sénégalais Macky Sall.
CORRUPTION – Au moins trois personnes, un député de l’opposition, un journaliste et un membre de la société civile, ont été entendues lundi par un juge d’instruction dans le cadre de cette information judiciaire, rapporte la presse locale et internationale.
“Le juge m’a posé des questions sur les informations que je détiens et j’ai répondu“, a déclaré à l’AFP le journaliste Mamadou Mouth Bane après son audition.
“J’espère que la vérité sera dite et la justice obtenue. Dans cette affaire, les intérêts du pays n’ont pas été défendus”, a déclaré à la presse, à sa sortie du tribunal, le député et opposant Mamadou Lamine Diallo, très critique vis-à-vis du frère du président.
Pour rappel, en juin 2012, peu après sa première élection, le président Sall avait confirmé la décision de son prédécesseur, Abdoulaye Wade, d’attribuer l’exploitation de deux champs pétroliers et gaziers à Petro-Tim, une société de l’homme d’affaires australo-roumain Frank Timis.
Petro-Tim est au cœur d’un scandale depuis la diffusion d’un reportage de la BBC le 3 juin. Selon la chaîne britannique, la société a versé une prime secrète de 250.000 dollars au frère du président, Aliou Sall, ce que celui-ci a démenti. Aliou Sall, maire d’une commune de Dakar, a démissionné le 24 juin de la Caisse des dépôts et consignations (CDC), institution financière qu’il dirigeait depuis septembre 2017.
Le procureur de la République Serigne Bassirou Guèye a lancé en juin un «appel à témoins» pour amener les détenteurs d’informations sur la gestion du pétrole et du gaz à les livrer à la justice.
Plusieurs personnes, dont des opposants et des experts, ont depuis lors été auditionnés par la Division des investigations criminelles (DIC, police judiciaire). Le rapport de la DIC a été remis au procureur qui a saisi un juge d’instruction pour l’ouverture d’une information judiciaire.
Plusieurs manifestations, avec des affluences variées, ont été organisées ces derniers mois à Dakar et en province pour réclamer la transparence dans la gestion du pétrole et du gaz dont l’exploitation à grande échelle doit commencer en 2021-2022.