C’est un véritable marathon ! C’est le coup de gueule du sélectionneur de la Côte d’Ivoire, Patrice Beaumelle, suite à l’élimination de son équipe par les Lions indomptables. « Le Cameroun se qualifie mais n’est pas encore sûr de jouer la Coupe du monde. Pour aller au Mondial, on finit épuisés, rincés parce que ces éliminatoires nous usent. C’est très dur. Cinq pays sur 54 nations, ce n’est même pas 9%. Je voulais faire passer ce message. Ce n’est pas parce que je suis éliminé. Si j’étais qualifié pour les barrages, j’aurais fait passer le même message. »
FOOTBALL – Son collègue du Congo Brazzaville, Paul Put, est aussi monté au créneau, dénonçant ce calendrier, dans des propos repris par Le Quotidien. « Nous devons interpeller la CAF et la FIFA, avec l’organisation de ces matchs », a dit le technicien belge dont l’équipe est aussi éliminée de Qatar 2022. « Nous sommes arrivés la veille de notre rencontre contre le Sénégal, samedi, après avoir joué jeudi. Ça ne peut pas continuer comme ça avec la programmation de la CAF et la FIFA. C’est impossible d’avoir deux jours pour voyager et pour jouer un match face à l’une des meilleures équipes d’Afrique. C’est compliqué. La CAF et la FIFA doivent arrêter. Les entraineurs doivent prendre leurs responsabilités. »
Autre anomalie qui irrite : la Confédération africaine de football (CAF), bien que constituée de 54 fédérations membres, devra encore se contenter de cinq places. Tandis que l’UEFA, avec 55 fédérations, se taille la part du lion en envoyant treize sélections nationales à la phase finale du Mondial.
Contacté par Emedia, le président de l’Association nationale de la presse sportive sénégalaise (ANPS), Abdoulaye Thiam, corse le scénario, donnant l’exemple de l’Amérique du Sud. « Pire encore, si vous allez en Amérique latine, c’est là où se trouve la plus grosse anomalie. Par exemple, la Fédération sud-américaine de football est composé de dix Etats qui se disputent cinq places. Donc, ça quand même, c’est une grosse injustice. Sur ce plan-là, il va falloir rectifier mais je ne pense pas que ça soit une augmentation de 32 équipes à 48, comme c’est le cas pour la Coupe du monde 2026, qui va être organisée par les Etats Unis, le Canada et le Mexique, qui va régler le problème », indique le journaliste.
Pour Mamadou Koumé, « c’est à l’Afrique de se battre pour avoir plus de participants. » Il pense « que ça tient d’abord aux résultats » car « si les résultats sont bons, c’est sûr qu’on accordera beaucoup plus de places à l’Afrique. » d’autant plus que souligne-t-il : « bientôt, on va passer à 48 équipes. Parce qu’après le Mondial au Qatar, la prochaine Coupe du monde, c’est 48 équipes. Je pense qu’il y aura 8 ou 9 équipes africaines qui vont se qualifier. » Selon lui, « c’est déjà bien. »
« Le transport, le principal problème »
En revanche, il regrette « le rythme des fenêtres », abordant la polémique sur la programmation des matchs. « Par exemple avoir deux matchs par semaines, je crois que ce n’est pas évident. L’Afrique n’est pas l’Europe, (ni) l’Asie. Les avions, les moyens de transport, ce n’est pas la même chose. C’est ça qui est très difficile. Si les gens avaient la possibilité d’avoir un jet privé mais j’imagine que tous les pays africains n’ont pas cette possibilité de louer un avion pour alléger un match. Ce qui fait que c’est très compliqué. D’autres équipes prennent l’avion de tout le monde. Maintenant, si les joueurs sont des professionnels, je pense que c’est bien calibré, un match tous les jours, je ne vois pas d’inconvénients à ce niveau. Le problème, c’est surtout le transport qui n’est pas évident, en Afrique. »
« C’est une question liée au sous-développement »
Le Directeur de publication du journal Sud Quotidien va plus loin, invoquant une question liée au sous-développement. « Vous pouvez jouer un match en Angleterre, vous terminez, vous prenez un véhicule ou un train, vous ralliez l’Allemagne, la France, ou l’Ecosse, sans aucun problème. Voyager en Afrique, c’est la croix et la bannière. Donc, c’est une question de sous-développement. Ça, c’est un gros problème auquel l’Afrique est confrontée. »
Toutefois, met-il un bémol, « ne croyons pas aussi que c’est une question purement africaine. Elle concerne aussi l’Amérique du Sud. Des joueurs y sont confrontés à des problèmes pour rallier le pays pour pouvoir disputer des matchs d’éliminatoires, sans occulter l’acclimatation qui ne leur permet pas de partir et de revenir. C’est pourquoi d’ailleurs vous constatez beaucoup de blessures. Parce que des joueurs voyagent sur de longues distances, des problèmes d’altitude, c’est le cas quand un Argentin joue au Chili. C’est un autre problème qui n’est pas l’apanage de l’Afrique mais qui est plutôt lié à son sous-développement. C’est un gros problème qu’il faut régler » comme l’a fait le Sénégal « même si cela nous coûte la peau des fesses », relève-t-il.
Toutefois, Thiam relève que le Sénégal a su faire les efforts pour amoindrir les désagréments liés au calendrier : « Vous jouez contre le Burkina Faso, vous arrivez avant les Etalons à Ouagadougou. Vous jouez contre le Niger, vous arrivez avant le Mena à Niamey. Ce qui signifie qu’il y a un gros effort qui est fait par l’Etat du Sénégal. Ce qui concerne la location d’avion, qui coûte excessivement chère, pour mettre notre équipe nationale dans d’excellentes conditions de performances. C’est pourquoi, l’entraîneur du Togo est en train de râler. Parce que juste après le match, on a pris notre avion, on a rallié Dakar, eux, ils sont obligés de passer par des vols commerciaux. Souvent, ils arrivent la veille du match, tard dans la soirée, ce qui ne permet pas de bien récupérer pour pouvoir livrer un match d’une éliminatoire dès le lendemain. J’ose espérer qu’on ne sera pas contraint de jouer un match d’éliminatoire de Coupe du monde de notre continent en Europe. Parce que vous le constatez aussi quand il y a des matchs amicaux, la plupart se déroule en Europe et dans des terrains de division 2, comme Saint-Leu la-Forêt ».
Maderpost / Emedia